XVIII. Un roi protège sa reine

22 3 4
                                    

— Tu es pathétique, Némée, à ramper pour sauver un vulgaire chat noir ! singla le tigre en lui donnant un coup de pied dans les côtes, la faisant rugir de douleur. Même le piaf sait mieux la défendre que toi !

Némée esquissa un sourire en regardant la noiraude, qui tirait si fort sur ses chaînes qu'elle allait se déboiter les épaules à force. Les deux femmes se regardèrent, leur silence valant davantage que milles mots. Puis, lentement, en tremblant, la lionne commença à se relever, une main sur sa cuisse pour stopper l'hémorragie. Son regard haineux se posa sur Tora, qui fit un pas en arrière.

— Si pathétique veut dire rester fidèle à la cheffe de Clan, alors je suis bien contente d'être pathétique ! lui cracha-t-elle au visage, prête à lui bondir dessus à nouveau. Au moins, moi, je ne suis pas un vulgaire traître qui se prend pour c'qu'il n'est pas !

Elle se jeta sur lui au moment où l'une des plumes du héros ailé déverrouilla les menottes de Noraneko. Le blond fila pour la réceptionner lorsqu'elle perdit l'équilibre, s'écroulant dans ses bras tandis que Nekomata et Mirko mettaient le reste des sbires hors-jeu. La jeune femme souffla un instant dans les bras de son oiseau qui l'enveloppa avec sa veste avant de retourner au combat.

Le temps sembla s'étirer en longueur tandis que les hommes de Tora tombaient comme des mouches. Malgré son inquiétude pour l'oiseau rouge, la noiraude fixait le combat entre son cousin et son bras-droit, cette dernière étant désavantagée face au tigre à cause de ses blessures. La femme-chat n'osait détourner le regard ou même intervenir face à l'horreur de la scène. Puis les griffes de Tora s'abattirent sur la gorge de Némée, faisant enfin réagir la cheffe de famille qui se précipita au même moment que Nekomata qui s'attaquait à son tour au traître.

Comme hors du combat, dans un moment qui n'appartenait qu'à elles, cheffe et bras-droit se regardèrent, l'une pleurant et l'autre se vidant de son sang. La lionne toussa et cracha du sang, le liquide vermeil coulant de son menton avec une infinie lenteur, gouttant au sol pour y créer les roses funestes.

— Némée... murmura Noraneko en la serrant contre elle.

— Je suis heureuse de t'avoir servie, Noraneko... Au moins, j'ai pu choisir ma mort, fit Némée, la voix rauque.

— Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi !

— Chut... Laisse-moi parler, petite princesse Kosugi... Je suis heureuse de mourir pour celle que j'aime... Je laisse ton roi te protéger à présent.

La femme-chat se figea et regarda la lionne fermer les yeux, un petit sourire aux lèvres et du sang continuant de couler. La vue de l'hybride se brouilla à cause des perles d'eau salée qui inondèrent ses yeux dorés. Elle cria le nom de la lionne dans un hurlement bestial, faisant cesser le combat entre les héros et son cousin. Tous comprirent, seul Tora sourit face à la mort de Némée.

— Enfin ! Bon débarras ! s'exclama-t-il d'ailleurs avant de se faire étrangler par les cuisses de Mirko et d'être lacéré par les griffes de Nekomata.

Hawks serra les poings sur la garde des plumes qui lui servaient à présent d'épée. Grâce à la plume autour du cou de la noiraude, il avait entendu les derniers mots échangés entre les deux femmes avant le départ définitif de l'une d'entre elles. Son regard de rapace se fit meurtrier tandis qu'il s'élançait à toute vitesse sur le tigre : il allait protéger sa reine.

Les deux héroïnes s'écartèrent lorsqu'il s'attaqua au traître, ses immenses ailes rouges rapetissant face à l'utilisation abusive de son alter pour tuer cet homme auquel il ne laissait aucune minute de répit pour se transformer en le félidé dont il avait les traits. Tora devait mourir. Tora allait mourir.

Tout se passa derrière un tourbillon de plumes. Le tigre mourut, une épée de plume plantée dans le cœur, Hawks un genou à terre au-dessus de lui, ses mains entourant la garde et refusant de la lâcher. Seule la lapine osa s'approcher pour vérifier, touchant timidement le cou du Kosugi pour prendre son pouls, lâchant un soupir de soulagement malgré elle lorsqu'elle ne sentit rien. Elle se tourna ensuite vers l'oiseau qui ne lâchait pas sa plume, haletant comme un bœuf à cause de l'effort qu'il venait de faire pour protéger sa reine.

— Tu peux lâcher maintenant, il est mort, lui dit doucement Mirko en posant une main sur son épaule.

Le blond détacha lentement ses doigts de la garde avant de se lever avec précaution pour rejoindre Noraneko qui pleurait toujours en serrant le corps de Némée contre elle. Elle lui faisait tellement peine... Doucement, tranquillement, il s'assit à côté d'elle pour passer un bras autour de ses épaules. La noiraude posa sa tête contre son épaule, refusant de lâcher la lionne.

— Tout va bien.

— Tout va bien, répéta-t-elle entre deux sanglots, y croyant à moitié.

— On lui rendra hommage, je te le promets, assura l'homme ailé en lui faisant un bisou sur le front.

— Un bel hommage. Le plus beau.

Hawks hocha la tête, restant près d'elle jusqu'à l'arrivée des secours appelés par Nekomata qui s'obligeait à faire quelque chose pour ne pas regarder les corps jonchant le sol de l'entrepôt. Face à ce macabre spectacle qui ressemblait davantage à des vilains que des héros, la petite chatte écaille de tortue était bien contente que ce soit à la Commission de Sécurité Publique Héroïque de gérer ce merdier.

Mirko, elle, passait les menottes aux hommes qu'elle avait assommés, un fin sourire aux lèvres, son regard se dirigeant sans cesse vers le couple, ayant enfin la réponse à ses questions. Son meilleur ami avait trouvé une personne à protéger et devenait enfin un véritable héros, elle était certaine qu'il allait abandonner son idéologie de gloire et de célébrité : maintenant il sauverait les gens pour que personne n'ait à subir la perte d'un proche à cause d'un vilain. Sauf que le blond semblait réfléchir à d'autres projets, des projets sur lesquels il devait travailler un temps avant de les dévoiler aux yeux du monde et de ses fans.

Like a dr*g || MhaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant