XIV. Choc

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— Et donc ? Qu'est-ce que tu m'veux ? grogna Manami Kosugi en arpentant son laboratoire en long, en large et en travers.

Sa nièce la regardait faire, sans rien dire depuis son arrivée, surveillant Hawks du coin de l'œil. Ce dernier avait la manie de fouiller le moindre recoin du laboratoire en voulant toucher à tout ! On aurait dit un enfant dans un parc d'attractions. Noraneko esquissa un sourire jusqu'à ce que sa tante ne grogne pour lui rappeler sa question.

— Tora, il t'a dit quoi pour le commerce de drogues ? questionna la jeune femme.

— Ne touche pas à ça, gamin ! s'écria la scientifique en arrachant une fiole des mains du blond qui papillonna des yeux, abasourdi.

D'un regard, Manami l'envoya près de la cheffe de Clan qui ricana doucement, amusée par la situation. Le héros ronchonna et alla s'adosser à l'encadrement de la porte en croisant les bras, fixant le sol blanc avec obstination.

— Tora m'a dit que tu voulais qu'on achète l'une des îles de la baie de Fukuoka afin d'y construire un laboratoire pour qu'on y produise la drogue. Il m'a dit que ça nous permettrait de gagner d'avantage d'argent que si nous continuions à fonctionner uniquement avec les laboratoires basés en Corée et en Chine. Je crois même qu'il m'a parlé de l'Indonésie à un moment donné... répondit la scientifique. J'imagine qu'il a menti si tu me poses la question ?

— Pas qu'un peu menti, il s'est allié à Shigaraki et a demandé aux Takami de tuer les vendeurs du fin du fin pour les remplacer par des gamins qui vendent à un prix un peu trop abordable.

La tante Kosugi coula un regard vers l'oiseau qui fit mine de vérifier la propreté de ses lunettes de vol. Noraneko la fusilla du regard, faisant esquisser un sourire à la scientifique. Cette dernière nota quelque chose sur une feuille avant de les chasser d'un revers de la main.

— Dégagez de là ! feula-t-elle.

Plus tard, à la terrasse d'un café de Tokyo, les deux jeunes adultes se regardaient sans rien dire : l'une en buvant son thé vert, l'autre en remuant son café avec une cuillère. Ils repensaient à ce qu'avait dit Manami, comprenant que la cible de leur mission n'était autre que Tora Kosugi, cousin de la noiraude assise face au numéro 3.

— Tora, du coup... murmura la femme-chat. Au moins, ça colle avec "le tigre" mentionné par ta génitrice...

— Ça va ? demanda bêtement Keigo en lui prenant la main.

Elle ouvrit la bouche, ses yeux errant dans le vide, puis finit par ne rien dire, se contentant d'entremêler ses doigts à ceux du blond - qui aurait bien aimé l'embrasser s'il n'y avait pas eu la table entre eux. 

Le jeune homme paya leurs boissons avant qu'elle ne puisse protester, l'obligeant à se contenter d'agiter les oreilles de frustration. Puis ils se levèrent, gardant leurs mains jointes, tandis qu'ils déambulaient dans la capitale nippone pour se détendre. Lorsque Noraneko s'arrêta près d'une rue contenant un certain nombre de love hotels, le cœur de l'oiseau rata un battement, mais la jeune femme se remit bien vite à avancer, l'empêchant de partir trop loin dans ses délires.

Constatant qu'elle marchait pour marcher, sans avoir de destination précise en tête, Keigo décida de prendre l'initiative en la tirant par la main, courant presque dans certaines rues, jusqu'à arriver à une salle de boxe - connaissant l'adresse grâce à Mirko qui y venait parfois durant ses jours de repos. L'hybride le regarda, une lueur étrange dans le regard, tandis qu'il haussait les épaules.

— T'as besoin de te défouler, donc bon... Je serai sur le toit de l'immeuble si t'as besoin de moi.

Elle ne disait toujours rien, ça commençait à l'inquiéter, alors il se tourna vers elle au moment même où elle l'attrapait par le col pour l'embrasser. Aussitôt, il referma ses bras sur sa taille fine, constatant qu'elle avait quelque peu maigri, et les cacha aux regards grâce à ses immenses ailes rouges. Puis Noraneko fila se défouler.

La soirée pointait le bout de son nez lorsqu'elle ressortit de la salle, des bandages sur les mains. Doucement, elle agita une main pour faire signe à son bel oiseau qui fondit sur elle comme un rapace. Sans qu'il ait le temps de poser la moindre question, la noiraude prit la direction de la gare la plus proche desservant des trains jusqu'à Fukuoka afin de rentrer. Sur le chemin, le héros ailé eut le temps d'acheter une rose rouge à une fleuriste qui allait fermer et cacha la fleur sous sa veste, sans l'abîmer, avant de poursuivre la femme-chat à l'intérieur de la gare.

Après que cette dernière ait acheté leurs billets, ils montèrent dans le train dont les vitres étaient couvertes des restes de pluie. Une fois assis, le blond calla la noiraude contre lui, sortant ensuite la rose pour la lui offrir, un sourire charmeur aux lèvres.

— Joyeux anniversaire, Noraneko, dit-il en lui embrassant le front.

— Comment tu..? bafouilla-t-elle en prenant délicatement la rose pour la faire tourner entre ses doigts.

— Hana m'a vendu la mèche. Un peu trop tard par contre... Donc je ne sais que t'offrir cette fleur.

Gêné, il se gratta la joue avec son index, regardant ailleurs, tandis qu'elle souriait doucement, s'endormant sous les balancements du train. Keigo la laissa poser sa tête sur son épaule, entrelaçant doucement ses doigts à ceux blessés de cette femme dont il était tombé amoureux. Enfin, il croyait l'être, ce n'était que des suppositions, mais tout indiquait que c'était le cas. Ne restait qu'à savoir ce qu'il en était pour elle, jusqu'où ils pourraient aller à deux. Est-ce que leur histoire durerait longtemps ou très peu ? Le héros haussa les épaules, se fichant de ces questions pour l'instant. D'abord, il devait arrêter Tora et ceux qui l'aidaient afin de protéger Noraneko, comme un vrai héros le ferait. Mais il allait avoir besoin d'aide, et pour ça, il allait devoir revenir à Tokyo dans les jours à venir pour parler à la Directrice de la Commission de Sécurité Publique Héroïque. Ça le fatiguait déjà rien qu'en y pensant...

Like a dr*g || MhaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant