Lorsque le calme fut revenu, Noraneko se rallongea dans son lit, adossée contre ses oreillers. Elle regarda Hawks en serrant sa main dans la sienne, le laissant faire de petits ronds avec son pouce. A présent qu'elle avait les idées plus claires, elle se rendait bien compte de l'importance qu'avait pris ce satané oiseau rouge dans sa vie - même si elle ne l'aurait avoué pour rien au monde.
— Pourquoi tu es revenu ? demanda-t-elle doucement.
— Ton frère est sacrément persuasif, lâcha l'homme dans un souffle. Il a été à bonne école !
La remarque leur arracha un petit rire, ce dernier s'éteignant rapidement dans le silence de la chambre. La pièce paraissait étouffante dans la pénombre, alors le blond alluma la lampe de chevet, tachant leurs corps d'une lueur verte et jaune ; la lumière chassa un tant soit peu les ténèbres. Des ténèbres lourdes de non-dits, de silences, de secrets.
L'hybride ouvrit péniblement le tiroir de sa table de chevet pour y reprendre le collier abandonné, arrachant un demi-sourire à l'homme ailé. Ce dernier la regarda jouer avec la plume rouge, sans lui dire que ça lui provoquait des frissons le long de la colonne vertébrale. De nouveau, le silence.
— Il serait temps de te dire certaines choses... commença la noiraude en laissant sa tête tomber sur l'oreiller. Shigaraki et All for One... Je les ai rencontrés lors d'un achat important d'armes, ou d'équipements, et cet achat avait piqué ma curiosité. Alors, je suis allée à leur rencontre sous l'identité de Bastet, voulant connaître les deux personnages - j'ai eu de la chance que les deux se déplacent d'ailleurs. All for One n'a pas décroché un mot, se contentant d'observer la marchandise, mais Shigaraki m'a proposé de rejoindre leur groupe. Évidemment, je me suis prêtée au jeu, intégrant certains de ses hommes sous la bannière de la famille Kosugi afin d'avoir des atouts, des amis peut-être. J'ai bien fait puisque Shigaraki a corrompu des gens du Clan pour me faire tomber.
Elle le regarda droit dans les yeux, sa poitrine se soulevant lentement au rythme de sa respiration tandis que sa petite pomme d'Adam montait et descendait au fur et à mesure qu'elle parlait. Hawks ne dit rien, la laissant continuer sur sa lancée, comprenant que s'il l'interrompait maintenant il ne saurait jamais rien.
— J'ai appris ça par hasard, le jour où tu es venu pour parler des suspects : tu t'étais endormi, je veillais sur toi, et puis une odeur de peur s'est faite sentir, emplissant le couloir. Deux personnes, peut-être plus, se parlaient, et même avec mes sens de félins, je n'ai pu qu'entendre le nom de Shigaraki, et sentir l'odeur ténue de mon cousin.
Noraneko s'accorda une pause, son regard jaune dirigé vers la fenêtre de sa chambre pour y observer la lune et les étoiles. Bizarrement, son subconscient lui rappela que c'était bientôt son anniversaire. Vingt-quatre ans. Il lui semblait qu'elle allait en avoir trente ! Ses canines blanches apparurent lorsqu'elle fit un rictus semblable à un sourire, du moins ça y ressemblait. Puis elle reprit.
— Dans les suspects, je t'ai dit qu'il y avait Tora, Manami et d'autres anonymes, ayant une moindre importance. J'ai caché des gens. Des gens que j'ai tenté de blanchir, d'amener sur notre chemin, mais qui ne cessent de commettre des erreurs, grogna-t-elle en se tournant vers lui, une larme de rage coulant le long de sa joue. Tes parents. Ils sont dans la famille.
Keigo frémit, se penchant vers elle comme le ferait un rapace avec sa proie, et ne la quitta pas des yeux. Les mains du héros s'enfouirent dans la chevelure de jais de la jeune femme qui le regardait sans flancher. Et puis... Le blond sourit, d'un sourire un peu fou, si semblable à celle dont il avait répété le nom ces derniers jours pour se calmer à cause du stress de la mission qui stagnait.
— Comme tu l'as dit, je n'ai pas de famille. Mes parents ? A peine mes géniteurs, ils ne sont plus rien à mes yeux, répondit-il.
Ses grandes ailes rouges les enveloppèrent tandis que leurs souffles s'entremêlaient entre leurs visages. Les lèvres de l'autre étaient si proches, ils se dévoraient du regard. Noraneko lâcha le collier sur ses cuisses afin de passer ses mains dans la chevelure blonde de son interlocuteur. Ils n'arrivaient pas à se lâcher, voulant arrêter le temps pour s'enfermer dans cette bulle cachant un étrange sentiment.
— Tout va bien, murmura-t-il.
— Tout va bien, répéta-t-elle.
Oui. Tout allait bien. Keigo déposa ses lèvres sur celles de l'hybride qui répondit aussitôt au contact en esquissant un sourire. Il ferma à moitié les yeux pour la regarder, la trouvant magnifique peu importe son état. La prestance Kosugi. Tous les félins de cette famille, ceux qu'il avait rencontrés du moins, avaient tous cet étrange charme bien à eux. Ça lui plaisait.
Le blond s'écarta un instant pour lui mettre le collier autour du cou, elle en profita pour lui embrasser les poignets, une lueur malicieuse dans le regard. L'oiseau passa son index sous le menton de la jeune femme pour lui faire lever la tête. Ils sourirent, de ce sourire un peu fou, mélange de désir et de quelque chose d'autre.
— Tu as l'air...
— Magnifique ? Je sais, affirma la noiraude en agitant sa queue et ses oreilles.
— Tu ne t'arrêtes jamais de parler ou quoi ? rigola le héros.
— Fais-moi taire alors.
Il n'en fallut pas plus à Keigo pour se pencher vers elle et l'embrasser à nouveau dans le seul but de la faire taire, elle qui parlait depuis son arrivée. Son cœur qui s'emballait au son de sa voix ? Juste une conséquence du vol fait en quatrième vitesse. Son souffle saccadé ? Même chose. Le rouge sur ses joues ? A cause du chauffage mis pour garder la malade au chaud. Les frissons ? A cause des battements de cœur de Noraneko contre la plume du collier. Rien à voir avec un quelconque sentiment.
Le reste de la nuit fut consacré aux questions de la femme-chat sur toutes les cicatrices du héros ailé, entrecoupé par des baisers qui ne voulaient rien dire.
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Like a dr*g || Mha
Fiksi PenggemarHawks, fidèle héros de la Commission de Sécurité Publique Héroïque, est amené à enquêter sur la vilaine Bastet qui semble gérer d'importants trafics d'armes et de drogues. Plus il s'enfonce dans l'enquête, moins il comprend dans quel merdier il a ét...