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III. Casino

— Eh ! La demoiselle masquée ! T'as pas besoin d'un masque pour qu'on puisse t'identifier comme une chatte !

Noraneko soupira, vérifiant que son masque était bien en place sur son visage, tout en ignorant la remarque du parieur soûl. Elle détestait les parieurs, mais adorait les casinos et autres jeux d'argent, c'était son petit plaisir coupable, surtout quand elle pouvait plumer les importuns qui se croyaient au-dessus d'elle. Derrière son masque, elle passa sa langue sur ses lèvres et regarda la croupière qui hocha discrètement la tête. Elles allaient plumer cet imbécile au prochain tour.

— Faites vos jeux, lâcha la croupière tout en préparant la roulette.

La jeune femme regarda l'homme qui l'avait insultée. Dire qu'il se serait tu s'il avait su qui elle était ! Elle prendrait un plaisir de le faire redescendre, car plus on était haut, plus la chute faisait mal. D'un signe de la tête, elle joua la moitié de ses gains de la soirée, attendant qu'il réagisse. Ce qu'il fit quasiment immédiatement.

— Vous êtes bien peureuse pour une vulgaire chatte... ricana l'inconnu. Mais après tout, les félins de bas étage sont toujours impressionnés par les gens comme moi !

Et il joua la totalité de ses gains, comme c'était prévu par les deux femmes. La croupière fit tourner la roulette, lança la balle et laissa le "destin" décider de qui gagnerait et qui perdrait. En attendant que la balle ne se stabilise sur la couleur rouge pour sa victoire, Noraneko regarda autour d'elle, fouillant la foule de joueurs bien à l'abri derrière son masque. Elle aperçut ses espions aux différentes tables, faisant le même travail qu'elle : chercher armes et drogues marqués par une tête de chat pour ensuite obtenir des noms. Elle fit un grand sourire, s'amusant malgré la bêtise de l'acte : elle savait déjà qui était un consommateur des trafics de Bastet puisqu'elle était la fameuse Catwoman japonaise !

— Vous avez gagné, mademoiselle, l'informa la croupière tandis que le parieur frappait son poing sur la table de rage avant d'être escorté par les vigiles du casino.

— Ne fais pas tant de formalités, surtout quand nous sommes seules, Kira, fit la noiraude.

Elle se leva, regardant sa subordonnée qui était pourtant plus âgée qu'elle et pourrait presque lui faire figure de grande sœur, ou de tante selon l'angle qu'elle préférerait. Kira lui tendit discrètement un dossier, contenant les informations relatives à sa table. Noraneko le prit et le cacha sous sa robe noire, l'attachant discrètement à sa cuisse grâce à la pénombre de la salle.

— Dis à Kuro et aux autres de m'apporter leurs dossiers demain matin, à la maison, demanda la femme-chat. Et de se préparer à fouiller les ruelles demain soir pour savoir si le nombre de consommateurs a augmenté, qui vend, qui fournit, ce genre de choses. Si je n'ai pas tout ça pour début février, un bel oiseau ne sera pas content...

La Maine Coon sentait bien la folie qui perçait dans la voix de la cheffe des Kosugi, une folie qui la caractérisait et lui permettait d'arnaquer tout le monde de la plus jolie des façons. Elle hocha la tête, laissant un vigile raccompagner la noiraude à l'entrée du casino, puis envoya un message à sa jumelle afin d'exécuter les ordres de Noraneko.

Cette dernière monta directement dans une limousine à sa sortie du casino, attendant que la voiture ne roule pour retirer son masque et passer une main dans ses cheveux noirs avant d'observer la ville s'agiter pour sa vie nocturne. Du coin de l'œil, elle voyait bien son cousin la regarder grâce au rétroviseur. Elle sourit.

— La pêche a été bonne ? finit-il par lui demander.

— Excellente, même ! ricana la jeune femme. Kira apportera l'argent un peu plus tard.

— Tu as gagné combien cette fois ?

— Assez pour refaire la tombe de mes parents et payer n'importe quelle université à Tensei, ainsi que construire ou acheter une société par pur caprice.

Ses canines se mirent à luire dans la pénombre de l'habitacle tandis qu'elle souriait, détachant le dossier qui lui collait à la cuisse afin de le parcourir pendant le trajet jusqu'à la demeure familiale.

— Comment s'en sort Hana ? demanda la noiraude en lisant le dossier en diagonale.

— Elle m'a dit qu'elle faisait tourner Hawks en bourrique en le lançant sur certaines fausses pistes, l'informa Tora. Et avant que tu demandes, Mirko et Endeavor font bel et bien choux blanc dans leurs lieux de patrouilles respectifs.

— Évidemment, j'ai fait rappelé ceux qui étaient là-bas depuis des mois. Tensei est à la maison ?

— Il me semble qu'il terminait ses devoirs avec Manami...

La femme-chat hocha la tête et se tut, refermant le dossier, tandis que le tigre tournait à l'angle de la rue. Reconnaissant les lieux, elle sut qu'elle n'était plus très loin de la demeure familiale des Kosugi résidant à Fukuoka. Elle ne l'aurait pas avoué, même contre sa pâtisserie préférée, mais elle était épuisée. Vivement que Tensei apporte le dossier à Hawks début février...

La limousine arriva à hauteur du portail derrière lequel se cachait une grande maison traditionnelle japonaise. Le portail glissa sur ses rails pour laisser passer le véhicule qui s'engagea sur la propriété pour rouler jusqu'au garage à côté de la maison. Noraneko descendit de la voiture et se dirigea vers l'entrée de la maison, masque et dossier à la main, juste avant que Tora ne pénètre dans le garage pour garer la limousine des Kosugi.

Une fois à l'intérieur, la jeune femme retira ses chaussures et fila jusqu'à sa chambre pour se débarrasser de la robe qui lui collait à la peau, cette dernière luisant légèrement de transpiration. La noiraude s'enferma dans sa chambre et retira sa robe avant de détacher le révolver de sa cuisse pour le poser sur une commode. Puis elle se dirigea vers le mur à sa gauche, près de sa table basse qui lui servait de bureau. Elle alluma la lampe de chevet qui baigna aussitôt la chambre d'une étrange lueur jaune, presque verte. Une couleur maladive qui éclairait des photos punaisées au mur, reliées entre elles par un fil rouge, tandis que des coupures de journaux et des adresses étaient punaisées près de telle ou telle photo de Kosugi.

— J'ai hâte de véritablement commencer la partie...