Chapitre 27

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 Emma observait Johanne avec des yeux écarquillés et inquiets. Bien qu'elle soit absolument superbe dans cet ensemble vert et blanc, ce qui sautait aux yeux était avant tout la fragilité qui se dégageait d'elle et l'impression qu'elle avait l'air au bord du malaise. L'inquiétude sincère de la française prit donc le pas sur son propre état tout aussi fragile :

« Mon Dieu, Johanne ! Ça ne va pas ? »

L'actrice sursauta violemment en se tournant vers elle, révélant des yeux complètement hagards et rougis par des larmes qu'elle retenait comme elle pouvait.

« Emma ?! Qu'est-ce que vous faites là ?! »

La question venait de vider le peu d'air qu'elle avait réussi à faire entrer dans ses poumons.

« Désolée, je vous laisse tranquille, lui répondit son interlocutrice en prenant déjà le chemin de la porte.

- Non, non ! Reste, dit fébrilement Jo en attrapant Emma par le bras alors qu'elle passait à sa hauteur. Pardon, je croyais être seule, j'ai juste été surprise. Reste, s'il-te-plaît... »

A présent qu'Emma était à ses côtés, elle sentait à quel point sa présence lui avait manquée. Et son corps tout entier lui criait qu'elles ne pouvaient plus retarder cette discussion. La belle brune posa alors sa main sur la sienne, toujours accrochée à son bras, et se tourna vers elle. Johanne eut à nouveau le souffle coupé, mais pour une toute autre raison cette fois-ci : la beauté et le charme qui se dégageaient d'Emma lui parurent d'une fulgurance presque violente. Les vêtement qu'elle portait mettait magnifiquement en valeur ses formes féminines qu'elle n'avait jusque-là que devinées à travers les hauts larges dans lesquels elle avait l'habitude de la voir. La boule qu'elle avait au ventre devint incandescente et se glissait à présent un peu plus bas dans son anatomie, lui faisant monter le sang aux joues. La même sensation habitait Emma, d'autant plus que le geste de Johanne lui avait rappelé ce même mouvement qu'elle avait eu instinctivement des semaines plus tôt, lors de leur première audition et de ce premier rapprochement physique qui l'avait perdue. Malgré la lumière nocturne ténue, elle remarquait chaque détail de la femme désirable qu'elle avait en face d'elle, jusqu'à ces yeux dont la couleur se trouvait rehaussée par le maquillage naturel de l'actrice.

« Je crois qu'il faut vraiment que l'on parle. J'en ai besoin en tout cas... poursuivit Jo après ces longues minutes de contemplation mutuelle

- ... moi aussi...

- Je suis vraiment désolée si je t'ai froissée, blessée, ou déçue, fit la belle anglaise sans se rendre compte qu'elle était passé au tutoiement depuis qu'elle avait agrippée la jolie brune.

- Non, encore une fois, c'est de ma faute : je n'avais pas à te dire ces choses-là. C'est ta vie privée, et tu sais mieux que moi qui t'attire. Et quand bien même, je n'aurais aucun droit à te forcer à l'admettre...

- Tu te trompes... dit Jo en secouant la tête et en retirant sa main, se rendant compte qu'elle l'avait oubliée sur le bras d'Emma depuis trop longtemps.

- Comment ça ?

- Tu avais raison Emma. Mais... je ne m'en étais juste pas rendu compte. Je ne sais pas pourquoi. Pourtant, c'est évident depuis quelque temps... Je ne m'y attendais pas, je pense. En tout cas, sache que je ne te mentais pas. Je me voilais la face, sans raison. Et je m'en veux terriblement de t'avoir laissée penser que je n'étais pas sincère, ou honnête, que je faisais de grands discours hypocrites, que j'étais lâche...

- Je n'ai jamais pensé ça, voyons, la coupa Emma.

- Alors pourquoi ne voulais-tu plus me voir ?

- J'ai cru que c'est toi qui ne voulais plus me voir après cette scène lamentable de ma part. J'ai dépassé les bornes, j'en avais conscience, et j'ai gâché un début d'amitié auquel je tenais particulièrement. Quand j'ai vu que tu ne m'écrivais pas, j'ai préféré te laisser tranquille et ne plus t'importuner...

DilEmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant