Chapitre 24

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 Comme à son habitude, Julie était pétillante et attirait tous les regards. Elle enchaînait les questions sans forcément attendre les réponses tandis qu'Emma et elle pénétraient dans l'enceinte du bâtiment. L'autrice salua de loin Jane, qui lui répondit par un sourire, regardant les deux femmes s'approcher.

« Bonjour Emma ! Comment allez-vous ? Cela fait longtemps qu'on ne vous a pas vu ici !

- Effectivement, j'avoue que j'ai été un peu prise...

- Vous devez être son amie Julie ? ajouta-t-elle en se tournant vers la principale intéressée

- A peine arrivée à Londres et je suis déjà reconnue, plaisanta-t-elle

- Mme Ludswald m'a prévenue de votre arrivée. Je l'appelle pour lui dire que vous montez, indiqua-t-elle avec un sourire en tendant deux badges visiteurs.

- Merci beaucoup !

- Je vous en prie, fit Jane le combiné déjà posé sur l'oreille.

- Mais... et notre café ? s'indigna Julie

- Promis, on descendra à la cafétéria après, sourit Emma amusé par l'impatience de son amie. Tu voulais visiter la maison d'édition, non ?

- C'est vrai ! Et puis je pourrai enfin faire la connaissance de cette fameuse Anne ! Mais est-ce que ça empêche vraiment de prendre un café en passant ? ajouta-t-elle alors que leurs pas les menaient indubitablement vers la passerelle de la cafétéria, située entre le hall et les ascenseurs.

- Tu ne préfères pas le boire tranquillement assise en me racontant ton bonheur dans les moindres détails ?

- Si tu me prends par les sentiments... »

Emma et Julie poursuivirent ainsi leur route vers les ascenseurs et eurent la chance de ne pas avoir à attendre trop longtemps que des portes s'ouvrent pour s'y engouffrer. Tandis qu'elles entraient, Jo sortait pour sa part de la cafétéria et franchissait la passerelle lorgnée par Julie quelques secondes plus tôt. Elle était décidée à se rendre en personne à la Royal Opera House pour y dégoter deux places comme promis. La production étant très attendue, elle se doutait bien que le soir de la Première devait déjà afficher complet. Si ce n'était pas le cas, alors seules les places éparpillées dont personne n'avait voulues étaient encore en vente par les billetteries habituelles. La star n'aimait pas particulièrement jouer de sa notoriété, mais aux grands maux les grands remèdes. Sa popularité avait bien des contraintes, à commencer par celle de la priver de toute tranquillité dans les lieux publics et de l'enfermer chez elle. Alors elle pouvait bien s'autoriser à en profiter un tout petit peu : elle savait qu'un certain nombre de places était réservées pour des invitations (presse, personnalités, amis ou famille des artistes...) Elle comptait donc là-dessus.

Pendant qu'elle sortait du bâtiment, Emma et Julie pénétraient dans les bureaux de la maison d'édition. Finalement, l'autrice n'était que très peu venue ici : le contrat avait été signé à Paris et beaucoup d'échange avaient eu lieu par mail concernant la couverture ou les corrections. Elle réalisa qu'elle n'avait jamais pénétré plus loin que l'entrée, où Anne les attendait justement.

« Hello ! Comment ça va depuis le café, Emma ?

- Toujours aussi bien !

- Et vous devez être Julie ? Enchantée ! Je suis Anne Ludswald la directrice de cette maison d'édition, fit-elle en tendant la main avec un large sourire illuminant son visage

- Tout le bonheur est pour moi ! Depuis le temps que j'entends parler de vous, répondit Julie avec le même sourire »

Des banalités s'en suivirent, qui les amenèrent à une visite guidée des locaux. Emma découvrit ainsi les coulisses de son propre roman : les correcteurs avec lesquels elle avait échangé, les illustrateurs qui avaient donné vie à sa couverture, la zone d'impression où son roman était passé de l'impalpable au palpable... Elles finirent dans le bureau d'Anne, qui n'avait rien à voir avec celui de Paris : dénué du charme de l'ancien avec des murs blancs banals, elle avait tenté de lui apporter un peu de charme par l'ajout de meubles en bois plus anciens, comme les bibliothèques toujours aussi nombreuses ou une petite table dans un recoin entourée de chaises assorties. Son bureau n'avait toutefois rien à voir : il était bien plus grand, mais noyé sous des piles ordonnées de manuscrits et dossiers en tout genre. Au fil de la visite, Anne et Julie s'étaient découvert de nombreux points communs, notamment dans le domaine culturel avec des noms totalement inconnus à Emma qui s'était donc un peu mise en retrait. Elle observait avec amusement les deux autres femmes exaltées par leur conversation, et découvrait une Anne plus ouverte, presque libérée de sa retenue habituelle.

DilEmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant