DilEmma

Chapitre 40

 A peine avait-elle atterri que l'écrivaine avait voulu appeler Jo, mais le brouahah de l'aéroport ne lui semblait pas très indiqué. D'autant plus qu'elle ignorait si son amie était déjà chez elle ou encore en route. Elle opta donc pour un appel à Julie en attendant ses bagages. Celle-ci s'était montrée à la fois surexcitée et étrangement retenue lorsqu'elle avait décroché et qu'elle lui avait demandé de lui raconter tous les détails du tournage. Emma avait alors débuté un long monologue sur l'organisation, le planning, les micros, les caravanes, les équipes techniques...

« Tu m'écoutes ? s'interrompit-elle, ébaubie face à l'absence d'interruption qui n'était pas dans les habitudes de Julie.

- Bien sûr que oui ! répondit-elle avec sincérité.

- Tu n'es pas comme d'habitude... Qu'est-ce que tu me caches ? demanda Emma, soupçonneuse. »

Face à une vérité qu'elle ne voulait pas encore dévoiler à son amie, la blonde vénitienne opta pour l'attaque comme mécanisme de défense en guise de réponse :

« J'attends simplement que tu arrêtes de tourner autour du pot et que tu cesses de noyer le poisson.

- Ça fait beaucoup d'expressions idiomatiques en une seule phrase, la taquina l'autrice.

- Tu sais pertinemment où je veux en venir, Emma : comment ça s'est passé avec Johanne ? »

La simple évocation de ce prénom fit hoqueter la jolie brune.

« Ça, c'est frontal, même pour toi, dit-elle le souffle coupé.

- Désolée, s'excusa Julie en prenant conscience qu'elle s'était montrée bien plus brutale que ce qu'elle avait voulu. Je m'inquiète pour toi...

- Tu n'as pas à t'en faire, lui dit Emma sur un ton rassurant qui cachait bien la vérité.

- Je ne suis pas dupe. Mais le téléphone n'est pas forcément le meilleur « endroit » pour en parler... Je vais arranger ça, conclut-elle mystérieusement en raccrochant ».

Emma resta coite. Elle regarda son téléphone et pensa qu'elles avaient été coupées. Elle s'apprêtait à rappeler son amie lorsqu'elle vit le message que Sophia lui avait envoyé : elle lui souhaitait un bon retour à la maison, et s'excusait car elle ne serait pas présente. Elle avait accepté un remplacement au pied levée d'une collègue aphone et ne serait pas de retour avant demain, voire plus selon l'état de santé de l'autre cantatrice. Quelque part, cette réponse la soulagea et elle ne s'interrogea pas davantage sur l'éventuelle malaise que tout ceci pouvait cacher... Elle vit sa valise apparaître, la saisit et la fit rouler jusqu'à la sortie... où une voix familière hurla son prénom ! Elle se retourna et découvrit...

« Julie ?! »

Son amie n'avait en effet pas résisté à la tentation de lui faire la surprise et l'attendait à l'aéroport depuis plus d'une heure pour être sûre de ne pas la manquer :

« Alors ? Tu ne t'y attendais pas, hein ! s'exclama-t-elle fièrement. »

Emma se précipita dans ses bras, profondément heureuse de retrouver un visage connu et un appui sincère sur lequel elle pouvait compter. Un sentiment qui se trahit dans son étreinte et que ressentit parfaitement Julie.

« Toi aussi, tu m'as manquée, lui glissa-t-elle. »

Elles finirent par se séparer et se sourirent, retrouvant leur complicité comme si elles ne s'étaient quittées que la veille. La pétillante blonde vénitienne multiplia les questions jusqu'au taxi, puis durant le trajet, jusqu'au moment où elles passèrent enfin la porte de l'appartement d'Emma.