El Diablo

Chapitre 30 - La fête

POV Adeila :

Après le dîner, nous allons dans le jardin où une piste de danse a été installée. Mira se met à courir pour mettre de la musique colombienne à fond. Elle commence à forcer les gens à danser, mais la plupart partent de leur plein gré pour danser. Les autres sont forcés par elle d'aller sur la piste.

De mon côté, je suis assise sur banc , observant tout le monde danser et rire. Cela me fait penser à combien Martina n'aurait jamais été amie avec Luna. Nous ne serions jamais dans une telle situation.

Alors que je suis dans mes pensées, une voix particulière me sort de celles-ci. C'est Amanda.

"Adeila, on peut parler ? " demande-t-elle.

"Parle ", dis-je nonchalamment.

"Écoute, je suis vraiment désolée pour ton frère et ta sœur. Je ne savais pas qu'ils allaient débarquer et le tuer. Si je l'avais su, je te l'aurais dit, je te promets. "

"Comment je peux te faire confiance, hein ? " dis-je, soûlée.

 "Je ne suis pas chargée du terrain, c'est Lorenzo, le grand métisse avec les cheveux bouclés ", dit-elle en pointant Lorenzo.

Je ne dis rien et observe l'homme qu'elle vient de décrire. Lorenzo est un homme de grande taille, métisse, tatoué sur les deux bras que sa chemise n'arrive pas vraiment à cacher. Il a un piercing au niveau du sourcil droit qui lui donne un air brésilien. Il a des yeux marrons et verdâtres. Il danse assez bien.

Je jette un coup d'œil vers Amanda, scrutant son visage. Malgré la sincérité que je crois percevoir dans ses yeux, la méfiance persiste en moi. Après tout ce que j'ai vécu, la confiance est un luxe que je ne peux me permettre. La situation dans laquelle je me trouve est un véritable bourbier.

"Adélia," implore Amanda, "je te jure sur la Sainte Vierge que je n'ai rien à voir avec la mort de ton frère. Tu comptes pour moi, tu es ma seule véritable amie si je peux le dire."

Je soupire, fatiguée de ce jeu de vérités et de mensonges. "Amanda, épargne ta salive. Je ne te hais pas, mais j'espère sincèrement que tu dis la vérité."

"Je suis sincère, je te le jure," insiste-t-elle, sa voix teintée de désespoir.

"Bien," je murmure, mon regard se portant sur Nerea et Regina qui dansent ensemble, leur légèretés apparente en contraste frappant avec mon tourment intérieur.

Soudain, Mira surgit de nulle part, nous enjoignant à rejoindre la piste de danse. Je résiste d'abord, mais finis par céder. Alors que nous nous mêlons aux autres, je laisse mon masque d'actrice se mettre en place. C'est toujours l'heure de jouer mon rôle. Avec une fausse légèreté, je me laisse aller à la danse, évoluant entre Mira, Amanda, Nerea et Regina. Chaque pas, chaque sourire est calculé, tandis que mon esprit reste en alerte.

Pendant que je danse, je ressens le même sentiment qu'au dîner, comme si quelqu'un m'observait. Cette fois-ci, je ne fais pas semblant de ne pas le remarquer. Je cherche discrètement du regard et mes yeux tombent sur ceux de Camilo. Il m'observe depuis le bar du jardin, et immédiatement, mon cœur commence à battre plus fort. Bizarrement, mes yeux ne veulent pas lâcher les siens.

Je continue à bouger, mais une partie de moi est totalement fixée sur ce regard intense. Camilo me scrute avec une attention qui me trouble, et je ne peux m'empêcher de sentir un frisson me parcourir. C'est comme si, dans cet instant suspendu, tout le reste autour de nous s'effaçait. La musique, les rires des invités, les lumières de la fête... tout disparaît, ne laissant que cette connexion silencieuse entre nous.

Je prends une grande respiration, essayant de calmer le tourbillon d'émotions qui monte en moi. Ses yeux me tiennent captive, et je suis incapable de détourner le regard. Plus je le regarde, plus je sens un mélange d'excitation et de nervosité grandir en moi. 

" ne tombe pas dans le piège " 

POV El Diablo :

Je décroche le téléphone, frustré par la situation. "Elles seront là demain soir avec Dante," je marmonne, ma voix trahissant mon agacement.

"Bien," répond la voix à l'autre bout du fil, docile mais tendue.

Je ne peux m'empêcher d'insister, la menace à peine voilée dans ma voix. "Vous avez intérêt à être discrets. Si le MC43 apprend que vous êtes là-bas, vous êtes morts. Et il ne doit rien lui arriver, c'est clair ?"

"Oui, patron," acquiesce la voix, la crainte évidente dans ces deux simples mots.

Je raccroche brusquement, passant une main sur mon visage fatigué. Ces histoires de mafieux commencent sérieusement à me peser. Je me lève de mon bureau, sentant le besoin de m'échapper de cette atmosphère étouffante.

En sortant, le contraste est saisissant. La fête bat son plein, l'ambiance joyeuse en total décalage avec la tension que je viens de vivre. Mon regard est immédiatement attiré par Adelia, qui danse avec les autres filles. Sa présence est magnétique, impossible à ignorer. Elle se déhanche avec une grâce qui défie toute description, comme si elle incarnait cent femmes à la fois. Je reste là, hypnotisé, incapable de détacher mes yeux d'elle, momentanément distrait de mes sombres préoccupations.

Le bar m'attire comme un havre de paix au milieu de cette fête animée. Je m'y installe, commandant un whisky au barman d'un geste las. Malgré la distance, mes yeux ne peuvent s'empêcher de la chercher. Adelia. Sa présence magnétique continue de me hanter, même de loin. Je l'observe, fasciné par chacun de ses mouvements, chacune de ses expressions.

Soudain, je la vois scruter le jardin, comme si elle cherchait quelqu'un. Son regard balaye la foule, hésitant, jusqu'à ce qu'il croise le mien. Le temps semble se figer. Nos yeux se rencontrent, et pendant un instant, plus rien d'autre n'existe. Aucun de nous ne bouge. C'est comme si un fil invisible nous reliait, défiant la distance et le tumulte de la fête. Je sens mon cœur s'accélérer, pris au piège de ce moment d'intimité inattendu.

Mais l'instant est éphémère. Ses yeux finissent par se détourner, rompant le charme. Est-ce de la gêne que je perçois dans son attitude ? Ou simplement le désir de préserver les apparences ?

Je reste là, mon verre de whisky oublié, perdu dans mes pensées. Ce bref échange de regards a ravivé toutes les questions, tous les doutes qui me tourmentent. Qui est vraiment Adelia ? Pourquoi elle agit si différemment ? Et surtout, puis-je me permettre de baisser ma garde, ne serait-ce qu'un instant, face à cette femme qui semble capable de lire en moi comme dans un livre ouvert ?

La fête continue autour de moi, mais je reste immobile, ancré à mon siège, les yeux rivés sur elle, attendant peut-être un autre regard, un signe, n'importe quoi qui pourrait m'aider à démêler l'énigme qu'elle représente.