Chapitre 35

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« Tu t'es crue si importante que ça ?»

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Le grand jour était arrivé. J'abandonnais ma tenue peu flatteuse, le lit à la limite du confort, la télévision qui ne s'allumait jamais et cette odeur de javel qui m'avait complètement détruite les sinus.

Je quittais enfin l'hôpital.

Enfin, je disais le grand jour mais il sonnait bientôt vingt et une heure.

La décharge pour ma sortie avait été signé depuis le matin par le médecin mais papa avait tenu à ce que je reste toute la journée pour surveiller qu'il n'y ait pas une chute de mon état.

Résultat nous quittions la clinique à la tombée de la nuit. Mais je ne lui en voulais pas, il était juste un père inquiet pour sa fille, comment lui en vouloir ?

- Papa ne pourra pas être là pour qu'on rentre ; annonçait Malika pendant que j'essayais d'enfiler un gilet toute seule

Elle m'avait bien proposé son aide mais je lui en voulais toujours du coup bas qu'elle m'avait faite hier soir alors j'avais refusé. Ce qui était un peu débile puisqu'au bout du compte, je morflais seule.

« Il se ventait d'installer son cabinet ici mais ce ne sera pas aussi simple qu'il se l'imaginait alors nous allons devoir faire sans lui aujourd'hui »

Je hochai vaguement la tête, une idée germant à l'intérieur.

« Regarde comment tu galères pour mettre ton gilet »; souffla t-elle s'élançant vers moi et m'aidant à l'enfiler sans attendre ma permission

- Malika ; lâchai-je

- J'en ai rien à foutre que tu m'en veuilles ok Em'? La rancoeur ne te va pas du tout, de nous deux c'est moi qui garde rancune

- J'ai besoin de le voir

Elle s'immobilisa dans ses gestes.

« Ce n'est pas un caprice, même pas une simple demande, c'est une supplication Malika, j'ai vraiment besoin de le voir, s'il te plaît »

Ses poings se serrèrent sur mon gilet.

« S'il te plaît »; réitérai-je

Elle se laissa tomber assise à ma gauche, le regard toujours abaissé, ce qui me maintenait dans le blanc, entre deux feux, celui de l'espoir et celui du désespoir.

- Je t'y emmènes moi-même ; répondit-elle finalement sans se douter de la vague de réconfort qu'elle venait de faire naître en moi

« Je t'attendrai dans la voiture, tu auras trente minutes »

- Merci ; m'extasiai-je

- Trente minutes et pas plus Em', si tu fais une minute de plus, je monte te chercher

J'acquiescai sans rien à redire.

Tout ce qui comptait pour moi était que j'allais pouvoir le revoir et lui dire un au-revoir comme il se le devait.

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L'appartement était vide.

La porte avait été laissée entrouverte et il n'y avait aucune âme à l'intérieur.

L'angoisse et le désespoir commençait doucement à gagner mon esprit lorsque l'image de la piscine au sous-sol traversa mon esprit.

Lorsque Justin n'était pas dehors et qu'il ne s'étouffait pas dans sa chambre, il descendait au sous-sol, histoire de ramollir tous les fardeaux qu'il portait sur ses épaules avec l'eau chloré.

Ce que Malika veut Dieu veutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant