Cela faisait maintenant une semaine qu'Ayduin, Shalendra et Gaelira étaient enfermés dans les geôles du chateau de Dúnraith. Une semaine durant laquelle je n'avais eu aucun droit de visite, me faisant bien trop rapidement écartés dès lors que j'approchais des cachots. Nombre de fois j'avais pourtant essayé de parlementer avec Quhuang, en vain. Il était un "monstre" et il n'allait pas aller à l'encontre de ce que je pensais.
Alors, chaque jour, je tentai. Sans même passer par leur Seigneur, je tentai ma chance à la porte des cachots, m'y présentant à la même heure, espérant que "cette fois, cela fonctionnerait". Et comme à chaque fois, en traversant les sombres couloirs menant à l'entrée, je sentais le poids de la culpabilité peser lourdement sur mes épaules. J'avais, comme tous les jours, apporté autant de nourriture que possible, espérant au moins alléger leur souffrance physique... Si tant était que je puisse les voir.
— Faites attention. Il y fait sombre.
J'étais resté figé devant le garde qui tenait la porte ouverte. Étais-je en train de rêver ? Je m'étais tant persuadé que cela n'arriverait jamais que je ne bougeai plus. Avais-je réellement le droit d'aller voir mes amis ? Oui, peut-être, je ne savais pas, mais dans tous les cas, il fallait que j'y aille au risque qu'il ne change d'avis. D'un geste nerveux, je passai devant le garde, m'enfonçant dans les ténèbres des cachots. Mon cœur battait la chamade, craignant que l'on me rattrape comme si j'étais un voleur, alors que je progressais dans le couloir humide et obscur. L'écho de mes pas résonnait dans l'air lourd, chaque son me rappelant mon impuissance. Je les avais conduit jusqu'ici. J'étais le seul responsable de leur emprisonnement et pour quoi ? Parce que j'avais aidé un monstre à s'enfuir, parce que je n'avais pas pu les prévenir, que je n'en avais même pas eu l'idée à vrai dire.
Atteignant enfin la cellule que mes amis partageaient, je baissai la tête, déposant le panier de provision devant la grilles en évitant soigneusement leur regard. Au moins le coup d'œil jeté me permit de m'assurer qu'ils étaient en bien meilleure forme que je ne l'avais imaginé, quand bien même leurs traits étaient tirés.
— Votre Majesté ! s'écria la jeune Gaelira en se précipitant vers les barreaux. Tout va bien ? Vous allez bien ?!
Elle s'inquiétait pour moi ? Mais c'était elle qui était enfermée...
— Est-ce qu'on vous a fait du mal ? continuait-elle pourtant à s'inquiéter sous mon regard interloqué.
— Gaelira... C'est toi qui est enfermée, rétorquai-je à mi-voix. Je... Ne t'inquiète pas pour moi mais...
— Mais nous sommes justement là parce que nous nous inquiétions pour vous, Seigneur, reprit Shalendra.
Son sourire sincère me fit perdre mes moyens alors que je fronçai les sourcils, le regard bienveillant d'Ayduin réduisant ma contenance en poussière. J'étais responsable. Ils s'étaient inquiété pour moi, pour un traître et désormais...
— Je suis désolé... articulai-je. Je ne voulais pas...
— Nous savons, Votre Majesté, me coupa la fée. Et vous n'y êtes pour rien.
— On va tenter de trouver un moyen de sortir, et on rentrera dans le Royaume de Liryluon, appuya Ayduin.
Rentrer dans mon Royaume, mais... Je secouai doucement la tête, serrant les poings. Impossible.
— Je ne peux pas rentrer, pas maintenant... Même si j'arrivais à vous faire sortir et je vous promets que j'essaie ! Mais même si c'était le cas je ne pourrais pas vous suivre. Je suis un traître au yeux du peuple et...
— C'est n'importe quoi ! s'exclama la blonde. Tout le monde vous adore au Royaume ! Comment peuvent-ils croire ça ?! C'est un coup monté ! C'est Quhuang qui a tout orchestré ! On va le prouver et...
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Les Quatre Royaumes
ParanormalLorsque Quhuang, le Prince Héritier du Royaume des Démons se réveille, c'est tout un équilibre qui devient précaire, encore plus lorsque Lysanthir, Prince des Fées est à l'origine de cette libération. L'équilibre devra alors être retrouvé... Et vite...