Prologue

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-:-:- An 320 de l'ère Huanrise -:-:-
- Il y a 9.990 ans -

— Seigneur ! Nous ne pouvons pas...

— Dépêche toi ! Fais les fuir !

Cela faisait deux ans que la guerre sévissait. Deux ans que la mort et la désolation se frayait un chemin dans chacun des Quatre Royaume de ce monde. Mais aujourd'hui était la fin. La fin de l'un ou l'autre des camps. Les démons étaient puissants et leur Héritier bien plus encore mais Fées, Elfes et Humains avaient une chose que les premiers n'avaient pas : une alliance.

Face aux Rois et Héritiers des Trois Royaumes se déroulait le champs de bataille le plus meurtrier qu'ils n'avaient jamais connu en des centenaires de règne. Chaque camps avait perdu un nombre d'homme important, chaque camps était aujourd'hui à l'agonie alors qu'au centre de ce champs de ruine un homme se tenait encore debout.

— Rend-toi, Quhuang ! hurla le Roi des elfes. Tu ne peux plus rien ! Tous tes hommes sont morts.

Mais l'homme avait ri, avançant, doucement, le pas léger sur les cadavres qui jonchaient le sol. Il ne semblait ni touché par leur perte ni apeuré par la vision qu'ils donnaient de l'avenir qui l'attendait.

— Tu ne peux rien contre nous ! reprit le Roi des Fées.

— Vous croyez ? ricana-t-il en retour, levant sa main devant lui, une boule rouge apparaissant au creux de cette dernière. Je suis Quhuang d'Ioxarath, Prince Héritier du Royaume des Démons. Je suis l'Héritier de la Foudre et du Feu. Je suis l'homme qui règne sur vos enfers.

Si l'enfer n'existait pourtant pas, il semblait soudain naître de cette terre alors que la foudre rouge contenue dans les mains du démon s'éparpillait sur le sol, se faisant lever les cadavres par centaine.

— C'est une hérésie ! C'est une...

Mais le Prince Humain venait de se faire taire, un éclair lui ayant tranché la gorge sous les yeux de son père dont le regard n'avait pu que céder au déchirement. Son fils unique, mort... Et c'était pourtant le moment parfait.

— MAINTENANT ! lui avait rappelé le Seigneur des fées.

Oui. Maintenant. Maintenant que le Prince Démoniaque éparpillait son pouvoir pour faire revenir son armée des morts, maintenant qu'il était affaibli pour quelques secondes. C'était maintenant ou jamais.

Les gestes avaient été rapides, répétés et appris. Les Rois n'avaient pas le droit à l'erreur. C'était là leur seule et unique chance de sauver leur terre respective. Une chance saisie à la perfection alors qu'une cage dorée, symbole de leur union sincère, se formait autour du Prince Rouge.

— Vous ne pouvez pas me tuer ! hurla-t-il, tentant de briser les barreaux magiques de sa prison nouvelle.

Ce n'était pourtant pas le but des Souverains. Voilà bientôt un an que leur plan s'était construit, un an de recherche, d'entraînement, d'espoir qui aujourd'hui se concrétisaient en cette simple et pourtant solide cage qui enfermait le mal même. Non... Le tuer n'était pas le but. Tous savaient que leurs pouvoirs même réunis ne pouvaient vaincre cet homme, cet héritier. Alors plutôt que le tuer, la cage s'était lentement mais sûrement resserrée pénétrant jusqu'à son esprit, disparaissant pour ne laisser à la place qu'un homme endormi sur le sol.

— Est-ce... Avons-nous... Réussi ?

Le Roi des Humains, détruit, avança sur le champs de ruine. A peine retenu par les autres Royaumes, il n'avait que faire de mourir. A quoi bon vivre quand son seul héritier venait de se faire tuer ? A quoi bon lorsqu'il ne pourrait plus avoir d'enfants... La faute, encore, à ces démons dont la malédiction de l'héritier unique persistait malgré les millénaires... Approchant du corps inanimé, le Roi Humain se pencha alors lentement, observant avec attention les traits d'un homme jeune aux traits encore lisses... Il n'avait que 30 ans. Juste... Trente ans. L'âge de son fils. L'âge auquel il avait assassiné tant d'innocents sans le moindre remord.

— Nous avons réussi... murmura l'Humain. Il... NOUS AVONS REUSSI !

Il n'y avait plus réellement foule sur ces lieux désolés et pourtant... La voix unie de tous ces survivants venaient de rompre le silence des morts, hurlant leur joie, leur soulagement de voir ce monstre annihilé. Etait-ce donc réellement fini ? Non, malheureusement, car Quhuang avait raison. Il ne mourrait pas. Quoiqu'avaient pu faire les Souverains, l'esprit du Démon ne disparaitrait pas de la surface de la terre ainsi. Les Rois n'avaient fait qu'étreindre son coeur, qu'emprisonner ce dernier pour faire taire son esprit. Ne restait, désormais, qu'à l'enfermer, qu'à restreindre son corps dans un lieu fermé pour qu'il n'en sorte jamais.

Ce fut la forteresse de Cegucia qui fut ainsi choisie. Au carrefour des Royaumes Humains, Fées et Elfes, elle était détentrice d'un pouvoir terrestre suffisamment puissant pour y accueillir le mal, pour l'y enfermer et quoi de mieux pour maintenir captif un homme que de l'emprisonner dans son propre esprit ? Plongé dans un sommeil sans fin, la tour avait été crée pour se modeler à l'image de son occupant. Auparavant lieu de bonté dirigé par un elfe aimable et bienveillant, la forteresse deviendrait désormais le lieu de repos éternel de Quhuang d'Ioxarath, Prince Démoniaque au coeur dur et à l'âme maléfique.

Au fil des ans, la nature s'était d'ailleurs fanée autour de la forteresse, signe du mal que renfermait les lieux. Un mal pour un bien tant cela signifiait que la tour se fortifiait à l'instar du coeur de Quhuang. Les années même endormi ne l'avait pas apaisé, loin de là... Et chaque année, les Rois étaient revenus, apposant de nouveau leur sceau à ce lieu, le protégeant, le scellant à chaque anniversaire de bataille. Un acte devenu fête pour chacun des Trois Royaumes, un acte qui rappelait à tous les peuples la grandeur de leurs Seigneurs autant que la dangerosité des Démons.

Mais pour combien de temps cela durerait-il encore ?

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant