Chapitre 1

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-:-:- An 4.310 de l'ère Meidawn -:-:-


— Joyeux anniversaire votre Majesté !

Cela devait faire la centième fois que j'entendais cette phrase depuis le début de la journée.  Et cela faisait aussi la centième fois que je remerciais la fée me l'ayant dit dans un sourire que j'espérais réellement chaleureux. Je fêtais aujourd'hui mes 500 ans d'existence sur cette terre, mes 500 ans en tant que Prince du Royaume des Fées. Je fêtais aujourd'hui mon anniversaire, et pas des moindres.

— Alors, Votre Majesté ? m'héla une jeune fée radieuse, courant autour de moi dans un rire cristallin. Vous êtes prêts pour votre premier défilé ?

— Laisse le respirer, Gaelira, souffla un jeune homme aux oreilles pointues. Il doit être stressé.

— Ou excité ! Comment est-ce que vous vous sentez Prince Lysanthir ? Vous avez besoin d'un baume ? J'ai refait celui que vous préférez et...

— Shalendra... fustigea doucement le second.

Au moins cela me fit-il rire alors que je secouai la tête de gauche à droite. Je n'avais, à vrai dire, pas besoin de grand chose pour le moment ou peut-être seulement de profiter des festivités. Mais Gaelira avait raison, je devais me préparer.

— La Princesse Sylmare devrait arriver juste avant le défilé, m'informa le jeune elfe dans un clin d'œil, me faisant doucement plisser les yeux.

— Et ? soufflai-je, perplexe alors que sa consœur commençait à jouer avec ses doigts, attirant mon regard. Si vous me parlez encore de ce que mon père et le Roi Theodas espèrent, vous pouvez toujours aller voir ailleurs. 

Je comprenais bien trop l'allusion qui venait d'être faite.

— Oh ! Allez votre Majesté ! C'est le rêve de tous les peuples ! Que les deux Royaumes n'en forment plus qu'un ! Et puis c'est trop joli les bébés métisses !

— Soyons sérieux deux minutes, soupirai-je alors en me stoppant pour leur faire face, à tous les trois. M'imaginez-vous une seconde avec une femme comme elle ? Elle serait incapable de tenir en place et voudrait courir la forêt tous les matins. Non. J'ai besoin d'une femme forte, d'accord, mais certainement pas aussi impétueuse que ne l'est Sylmare. D'autant plus lorsque même nos caractères ne font que s'affronter à longueur de journée.

— Mais il paraît qu'elle vient pour...

— Faire plaisir à son père, coupai-je. Alors cessez d'en parler. Et dépêchez-vous de trouver une place pour le défilé. Si je suis en retard, mon père va me déshériter.

Je n'avais pas vraiment beaucoup d'amis, je devais l'admettre. Mais ceux-ci étaient certainement les pires amis qu'ils soient. A cette pensée, je ne pus m'empêcher de rire, levant les yeux au ciel alors qu'ils s'échappaient du palais en riant à leur tour. Gaelira, Shalendra et Ayduin avaient toujours été là pour moi. Depuis ma majorité, et même avant, jusqu'à ce jour qui ferait de moi le Prince Héritier du Royaume dès lors que mes armes me seraient confiées par mon père, le Roi Pirhpal.

Mais pour cela, il fallait encore que je me prépare, que j'accède à la demande de ma mère de porter... Cela. Cette chose que je venais de retrouver dans mes appartements, cette tenue affreusement laide à base de tulle et soie fluide. Une coutume, d'après la très chère Reine Naexi. Une vengeance pour un accouchement difficile d'après moi, mais une obligation malgré tout. Ce fut donc avec tout le manque d'envie du monde que je revêtis ces vêtements, heureusement aidé de quelques fées couturières qui arrangèrent les quelques dernières finissions avant que le clairon ne sonne enfin. C'était l'heure.

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant