Chapitre 10

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Rien n'y avait fait. Quhuang refusait d'accéder à mes demandes. J'avais pourtant tout tenté, de l'amadouement au chantage, ce qui fonctionna d'ailleurs encore moins bien. Non, les trois "étrangers" allaient rester enfermés. Quant à moi, un choix me fut donné. Cesser de lui tourner autour "comme un enfant en quête d'attention" ou finir enfermé avec eux. Inutile d'expliciter ce que je choisis alors. J'avais besoin d'être à l'extérieur, de me mouvoir, de garder un oeil sur ce qui était, pour le moment, la plus grande menace du Royaume des fées. Une menace qui, au moins, me prouva rapidement qu'il n'avait pas menti, du moins en partie.

Quhuang s'était enfin mis en chasse. Levé à l'aube chaque jour, il quittait le palais et faisait fouiller chaque recoin de la capitale depuis deux jours. En vain, au vu de son humeur lorsqu'il réapparaissait dans mon champs de vision. Son absence avait pourtant du bon. Me laissant plus libre, je tentai pour ma part de glaner quelques informations, même 

— Pas d'éveillé à l'horizon ? tentai-je à la fin du troisième jour.

Son regard noir me foudroya, me faisant froncer les sourcils sans que je ne détourne pour autant le regard. Quhuang était à point pour que j'avance à mon tour, je le sentais.

— Vous avez besoin d'aide pour le trouver n'est-ce pas ?

— En quoi cela intéresse une fée ? gronda l'homme en voulant faire volte face.

Je l'arrêtai, me glissant devant lui pour lui faire face, le regard furieux face à cette question.

— Cela n'intéresserait peut être pas une fée autre que moi, mais je vous ai fait sortir de votre prison. Je pense avoir encore le droit et l'obligation de finir ce pourquoi je vous ai aidé.

— Tu penses beaucoup trop, articula-t-il en me repoussant sur le côté.

Sûrement serais-je devenu le premier Prince à tuer son prochain presque gratuitement si le risque de mourir avant de le toucher n'était pas aussi important. Ce sale petit démon avait réussi à m'exaspérer plus que n'importe qui. Mais je devais rester calme et c'est avec bien plus de concentration qu'il n'en aurait fallut normalement que je pris une longue inspiration

— Vous ne le trouverez pas seul, Quhuang, repris-je un peu plus sèchement. Vous avez besoin de quelqu'un. Je suis une fée royale. Je peux vous aider. J'ai les pouvoirs de vous aider.

Il s'arrêta net, me jetant un regard à la fois calculateur et méfiant. Je pouvais presque voir les rouages tourner dans son esprit.

— Quels pouvoirs ? souffla-t-il.

— Je suis capable de démasquer toute personne se cachant à nos yeux par un quelconque sort ou déguisement. Je suis capable de contrôler le temps pour éviter les fuites. Je suis capable de créer des illusions.

Et j'étais surtout capable de ne pas penser au fait que je ne maîtrisais certainement pas ces sorts à la perfection. A la place, je lui avais fait une démonstration, créant un double de qui il était à ses côtés, le laissant admirer ma création, me concentrant dessus pour oublier le reste. Il ne devait pas savoir que je ne lui disais pas exactement la vérité. Mais moi, j'avais besoin de savoir où en était ses recherches.

— Et pourquoi devrais-je te faire confiance ? reprit l'homme, détournant son regard de l'illusion qui disparut alors. Qu'y gagnes-tu ?

— La paix, répondis-je sans hésiter. Si nous pouvons trouver cet éveillé ensemble, nous aurons une chance de prévenir une catastrophe. Et je pourrais prouver à mon peuple que je ne suis pas un traître. C'est un bénéfice pour nous deux.

Quhuang calcula, je le vis dans son regard. Il calcula chaque tenant et aboutissant, chaque détail qui pouvait lui échapper. En réponse, je ne laissai rien paraître d'autre que ce désir de l'aider à trouver ce qui pourrait nuire aux Trois Royaumes.

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant