Chapitre 19

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— Shuimoren !

Traversant les couloirs avec hâte, j'arrêtai le démon subitement.

— Vous ne devriez pas être...

— Sait-on où se trouvent les parents de Darhwei ? le coupai-je.

Son regard ne pus être davantage clair. Il m'observa comme si ma question n'avait aucun sens alors que je fronçai les sourcils.

— Il faut les trouver au plus vite.

Je n'attendis pas la moindre réponse de sa part, repartant au pas de course jusqu'à la tour des gardes. Là-bas, j'y trouvai l'aide dont j'allais avoir besoin. Une vingtaine de soldats étaient attablés, attendant leur tour de garde en profitant de discussions animées que je stoppai par ma simple entrée.

Tous les regards se tournèrent vers moi. Si l'instant n'avait pas été si grave, j'aurais d'ailleurs été bien gêné de ses yeux qui me toisaient alors. Ma place était évidement précaire. J'étais une fée entouré de démons. Comme un mouton entouré de loups, l'aise était une donnée parfaitement oubliée depuis mon arrivée ici. Mais je n'avais aujourd'hui pas de temps à perdre.

— Il me faut trois équipes pour ratisser la ville et trouver les parents de Darhwei, ordonnai-je.

Tous restèrent immobile. N'allaient-ils pas bouger et faire ce que je demandais ?

— Il me faut...

— On avait entendu, me coupa soudain un garde.

Alors s'ils avaient entendu, qu'attendaient-ils ? Je n'eus pas à le demander pour le comprendre alors que tous se remettaient à discuter sans même plus me prêter attention. Ils n'attendaient rien.

— Ce n'était pas une question, grondai-je un peu plus fort. 

A nouveau, le silence s'installa dans la salle. Un garde se leva, le regard furieux de se voir imposer une nouvelle coupure dans sa ô combien importante discussion.

— Et est-ce que je peux savoir ce que c'était, alors ? me souffla-t-il arrêté à quelques pas de mois.

— Un ordre.

Il n'était pas question que je me démonte, pas quand la vie de deux personnes étaient en jeu ; pas quand celle de Quhuang l'était.

— Et vous imaginez donc qu'on va suivre vos ordres ?

Question légitime, je l'admettais. Je n'étais rien dans ce Royaume et je venais de l'oublier le temps de quelques minutes.

— Pour votre Prince. Il vous a donné l'ordre de...

— Il est mourant et il délire, m'arrêta le démon en avançant d'un pas. Alors prenez vos petites ailes multicolores et allez donner vos ordres aux domestiques.

Je restai figé au sol, les yeux posés sur le garde qui reprenait sa place comme si rien ne venait de se passer, reprenant sa discussion joyeusement. Après être devenu une "pute", voilà que je portais des ailes multicolores... Ces démons auraient tout inventé. Et il était hors de question que je laisse les choses se dérouler ainsi.

Furieux, j'avançai d'un pas, prêt à leur faire part de ma façon de penser avant d'être arrêté par la main de Shuimoren sur mon épaule. Mon regard fut détourné vers lui alors qu'il hochait la tête, passant devant moi pour attirer l'attention des démons. Voilà qui fut au moins efficace. Tous se mirent au garde à vous devant le bras droit.

— Les ordres de votre Prince n'ont-ils donc aucune importance ? gronda l'homme.

— Non, Monsieur, mais...

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant