Chapitre 11

46 12 1
                                    

Quhuang l'avait fait. Durant les deux jours qui avaient suivi, il avait fait arrêter la moindre personne pouvant s'affilier à cette famille. Oncles, cousins, neveux éloignés aux cinquième degré, personne ne fut épargné et rapidement les geôles furent pleines. Etait-ce pour cela qu'il s'était enfin décidé à relâché mes trois amis ? J'osais croire que non, que c'était parce que je n'avais eu de cesse de le lui demander, de le menacer et que cela avait fini par fonctionner.

— Il va faire arrêter toute la capitale ? grimaça Shalendra en se laissant tomber sur mon lit.

— A ce rythme là, c'est bien parti pour, renchérit Ayduin.

Je ne pouvais même pas leur donner tort. La famille Olanskar n'allaient bientôt plus faire partie de ce monde si Quhuang ne trouvait pas rapidement la personne qu'il désirait et le problème était là. Il n'avait toujours pas trouvé. Il avait eu beau arrêter chaque membre rattachée de près ou de loin à la famille, torturé même ceux qu'il estimait être les plus proches, rien n'y avait fait. L'éveillé était resté caché.

— HEY ! Hey Shuimoren !

Gaelira me fit sursauter, hélant le bras droit du Démon avec force et se précipitant en dehors de la chambre pour attraper le bras de l'homme, tout aussi surpris que nous.

— Il y a du nouveau ? Ceux enfermés en bas, l'éveillé est dedans ? demanda-t-elle en l'attirant vers nous.

— Non. Il y avait pourtant le Roi et son fils. Nous les avons retrouvé il y a une heure dans une masure dans un village à côté.

— Et aucun des deux n'étaient...

— Non, me coupa-t-il. Et la torture ne les a pas fait parler.

La torture... Pourquoi était-il obligé d'user de cela ? A quoi cela servait-il ? Personne n'avait parlé. Personne ne savait même, j'en étais convaincu. Alors pourquoi faire du mal ? Ces questions m'agaçaient. Leur manque de réponse m'agaçait. Tout m'agaçait au point que j'avais quitté la pièce, claquant la porte derrière moi pour rejoindre Quhuang dans son salon.

Y entrant avec fracas, je l'observai alors, furieux.

— Si c'est pour me faire une remarque sur ma façon de faire, tu peux t'abstenir, gronda-t-il. Je n'ai que faire de tes pensées et de tes remarques.

— Vous êtes...

— Un monstre, je sais.

Je ne savais même pas quoi dire. Son air las autant que son regard furieux ne me prouvaient qu'une chose : il n'avait aucun regret. Et ce simple fait me suffit à le détester encore un peu plus. 

— Votre vie vaut donc celle de toutes ces personnes, finis-je par commenter, les poings serrer.

— Ma vie ? répéta-t-il. Comprends bien une chose, Lysanthir. Que ma vie vaille ou non ces imbéciles silencieux en bas, penses-tu que ton Royaume ne les vaut pas ?

Je restai silencieux, le regard fixé sur lui.

— Que penses-tu qu'il se passera si je ne retrouve pas cet éveillé ?

Je fronçai les sourcils. Ce qu'il allait se passer était pourtant claire. Quhuang mourrait donc et...

— Et tu ne sais pas qui prendrait ma place, compléta l'homme. Qui te dit qu'il ne serait pas pire que moi ?

— Il n'y a pas pire que vous, soufflai-je froidement.

— Vraiment ? Soit. Mais imagine que cela existe, que ce nouveau Démon soit pire que moi et qu'il décide de raser vos pauvres Royaumes. J'étais affaibli et vous n'avez pas su me garder enfermer alors...

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant