Chapitre 4

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A mesure que nous avancions, je sentais que quelque chose n'allait pas. Une chose qui ne semblait pourtant pas inquiéter le démon au dos droit. Ne sentait-il pas ce souffle brûlant ? A croire, car son regard ne vacillait pas de son objectif droit devant lui. Mais alors, qu'est-ce que c'était ?

J'aurais sûrement préféré que la réponse ne vienne pas aussi vite alors que devant nous semblait s'étendre un désert. Ni plus ni moins qu'un désert entier. Mais nous étions dans une tour. Une tour qui ne faisait pas plus de dix mètres de diamètre, comment était-ce même possible ?

— La prison du coeur, répondit le démon. Elle étend les frontière de ses barreaux à ce que crée mon esprit. Plus le prisonnier reste enfermé, plus les barrières s'éloignent. Me maintenir endormi n'était qu'une façon de façonner la prison. Plus je restais inconscient, plus cette foutue forteresse se forgeait.

— C'est pour cela que les démons attaquaient la tour...

Je réussis cette fois à capter l'attention de Quhuang dont les yeux croisèrent enfin les miens. Il était surpris. Mais pourquoi ? N'était-ce pas normal que son peuple cherche à le libérer.

— En quelle année sommes-nous ? articula-t-il.

— En l'an 4.310.

— De quelle ère ?

— De l'ère Meidawn, mais...

— Je suis né en 5.210 de Jingtide, à la fin de l'ère. 10.000 ans, nous sommes donc... Nous sommes actuellement vers la fin de l'ère Meidawn. Je n'ai rien vu d'Huanrise.

— Si vous essayez de calculer votre temps d'enfermement, cela fait...

— 9.990 ans.

Au moins était-il bon en calcul mental. Un fait inutile dans notre situation, mais soit.

— Qui a pris la tête du Royaume ?

— Je ne suis pas convaincu qu'un cours d'histoire soit particulièrement bienvenue maintenant, soupirai-je.

— Qui ?

— Les Rois se sont enchaînés. Je n'ai pas vos noms en tête, ce n'est pas vraiment ce que nos cours nous apprennent. Mais aujourd'hui, la famille Khaelun règne. Si je ne me trompe pas.

Son regard se figea sur le sable du désert. Il ne savait pas qui était cette famille. Il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait, là, dehors, je le voyais.

— Vous avez compris que tout le monde vous a oublié ? Alors autant ne pas sortir d'ici !

Tentative vite avortée alors que son regard m'arrachait un grondement. J'étais à nouveau insolent, certes, mais je n'allais rapidement plus accepter sa menace constante sans rien dire. Ouvrant les lèvres, j'allais d'ailleurs répondre lorsqu'un bruit attira mon attention. Comme de milliers de chevaux arrivant au galop vers nous.

— Maléfique... Je pense qu'il serait bon ton de nous diriger vers un lieu plus couvert... articulai-je en avançant d'un pas vers le désert dont le sable commençait à s'agiter.

Mais il ne bougea pas. Le regard fixé sur le sol, il semblait absent.

— Maléfique, c'est mon deuxième avertissement. Il faudrait vraiment nous avancer d'un pas rapide vers un lieu couvert.

Rien. Pas une répons ni même un regard. Quhuang semblait absorbé par ses pensées, hors de la réalité qui nous fonçait pourtant dessus. Une réalité que nous n'allions pas pouvoir éviter alors que je me rendais soudain compte de la vitesse à laquelle le sable volait.

— Par la poudre d'une fée folle ! jurai-je en me glissant devant lui.

L'énergie d'une fée n'était pas infinie et la retrouver prenait du temps, un temps que je n'avais pas eu à cet instant mais qui allait pourtant devoir suffire alors que de trois gestes de la main, un bouclier d'énergie bleuté se dressait devant moi. Une fine protection qui nous abrita à temps. A la seconde où l'énergie se développa, je sentis comme des lames d'épée nous frapper. Ce n'était ni des chevaux, ni même du sable, il s'agissait de lames de pierre taillée en pointe qui fendaient l'air, nous visant sans discontinuer, sans que je ne puisse comprendre où était leur source.

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant