Trois jours avaient passé lorsque je me réveillai de nouveau. Quhuang n'était pas là. Seul Guan m'observait alors, quelques fioles en main et un léger sourire étirant ses lèvres ridées.
— Ravi de vous revoir éveillé, Monsieur, me salua-t-il.
— Comment va le Prince ?
Ce fut là ma première et seule pensée et le regard que me lança le guérisseur ne me permit pas d'apaiser mes craintes.
— Nous avons tenter de trouver une solution comme vous le désiriez, sur ordre de Sa Majesté, mais...
— Vous n'avez rien trouvé... complétai-je en baissant la tête.
L'homme secoua négativement la tête, l'air sincèrement désolé. Ainsi n'y avait-il pas d'autres choix que de tuer ou de laisser mourir pour sauver l'un ou l'autre...
— Votre sentiment était bon, m'assura pourtant le guérisseur.
— Et Quhuang ? insistai-je alors.
Son regard s'assombrit d'autant.
— Il n'est pas encore mort.
"Pas encore mort"... C'était certainement l'explication la plus funeste qu'aurait pu me donner le démon. Cela fut néanmoins une explication suffisante pour que je quitte mon lit et ce malgré les commentaires du guérisseur. J'en faisais trop, dit-il. Certainement, mais il y avait quelqu'un de pire que moi que je devais voir.
Je rejoignis ainsi les appartements de Quhuang, ne prenant même pas la peine de m'annoncer, y pénétrant, l'air inquiet. Était-il dans le coma ? Pire peut être ?
— Je ne suis pas encore mort, souffla faiblement le démon dès lors que j'apparus dans sa ligne de mire.
— Arrêtez d'utiliser "pas encore", gémis-je en m'asseyant sur le lit. Comment allez-vous ?
— Comment toi, est-ce que tu vas ?
La question me laissa muet. S'inquiétait-il réellement de ma condition ?
— A croire que je ne suis pas le monstre que tu crois, reprit Quhuang dans un léger sourire.
— Ce n'est pas...
— Ne change pas tes propos seulement parce que j'ai l'air d'un mourant.
Il n'en avais pourtant pas seulement l'air. Preuve nous en fut donnée par la quinte de toux qui le tordit alors. Il mourrait. Et nous ne faisions rien. Nous en avions pourtant la possibilité. Il suffisait de tuer Darhwei et Quhuang reviendrait mais...
— Tu ne veux pas tuer un jeune homme que tu juges innocent, traduisit le démon.
Une traduction peut-être incomplète mais qui me fit baisser la tête, presqu'honteux.
— C'était plus simple de ne pas le comprendre, ajouta-t-il.
Cette fois, je relevai la tête, surpris. Il comprenait ? Son léger sourire me le confirma sans que je n'en comprenne la raison. Lui qui était si sûr de ses choix commençait-il à comprendre qu'il y avait d'autres solutions ?
— Je suis toujours sûr de ce que j'ai fait. Il semblerait juste que je ne sois plus sans coeur.
Son rire m'arracha un grondement de mécontentement.
— Je préfèrerais vous savoir sans coeur, murmurai-je.
— Tu préfèrerais sauver le monde, plutôt, sembla-t-il s'amuser en retour.
Il n'avait pas tort.
— Est-ce que je peux faire quelque chose ?...
L'homme hésita, son regard croisant le mien. Si lui lisait parfaitement mes pensées, les siennes m'étaient inconnues alors que ses yeux parcouraient mon corps avant de revenir à mon visage. Je me sentais comme mis à nu face à lui, sa main se posant sur mon bras pour me tirer faiblement vers lui. Trop faiblement pour faire basculer, mais suffisamment pour que je me fige, comprenant son geste.
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Les Quatre Royaumes
ParanormalLorsque Quhuang, le Prince Héritier du Royaume des Démons se réveille, c'est tout un équilibre qui devient précaire, encore plus lorsque Lysanthir, Prince des Fées est à l'origine de cette libération. L'équilibre devra alors être retrouvé... Et vite...