Shuimoren revint quelques heures plus tard, un bout de tissu entre les mains. Notre regard perplexe du parler pour nous car l'homme secoua la tête en le posant devant moi.
— Sans être un érudit, je pense qu'il vous faut quelque chose dont nous sommes sûrs de l'appartenance.
J'hochai la tête.
— C'est un bout de tissu provenant de la grotte où il vous a attaqué. Il l'a perdu en s'accrochant à un rocher.
— Et vous avez rien d'autre qu'un tout petit bout de tissu ? s'agaça Gaelira avant même que je n'aie pu répondre.
— C'est bon, soufflai-je malgré tout. C'est mieux que rien et il l'a porté. Ca m'aidera.
Un objet personnel proche de son possesseur était plus efficace. J'avais retenu cela de mes discussions avec les fées enquêtrices. Pas de quoi me rassurer, certes, mais au moins, cela suffirait.
— On doit faire quelque chose ? demanda alors Shuimoren ignorant visiblement les regards furieux de mon amie.
— Oui. Partez.
Je ne savais pas ce qu'il allait se passer, si j'allais... Exploser peut-être ? Ou peut-être pas. Dans tous les cas, je ne voulais de la présence de personne.
Ainsi quittèrent-ils la pièce, non sans que le bras droit ne doive tirer la fée qui ne semblait pas réellement en accord avec cette dernière décision. Mais enfin, je terminai seul. A genoux devant une table basse, j'y avais installé trois cartes, de la ville d'abord, puis du Royaume et enfin des Quatre Royaumes. Pour dire toute la vérité, j'espérai réellement que Darhwei puisse être caché dans la ville car il y avait un autre point que j'avais retenu auprès des enquêteurs... Plus le fugitif se trouvait loin, plus les ressources à utiliser pour le retrouver étaient importantes et plus le périmètre était large.— Allez Lys, me soufflai-je à moi-même. Tu peux le faire. Tu les as vu le faire. Tu vas réussir à le trouver, tu vas l'arrêter et l'histoire se finira là. Ok ?
La méthode Coué bancale effectuée, je soupirai doucement en posant le tissu rouge sur la carte de la ville. Mes mains étendues au-dessus, je me concentrai alors, laissant échapper un léger filet bleu qui me relia directement aux cartes. Trois mouvements de mains et le lien était finalisé. C'était aussi simple que cela. Simple mais peu efficace. La sensation était d'ailleurs étrange, comme si je venais de plonger dans un océan d'énergies inconnues, mais elle n'était au moins pas désagréable. Je tentai alors de suivre chaque rue de la ville, glissant ma main au dessus de chaque dessin, de chaque maison. En vain. Il n'était pas là. Sans pouvoir l'expliquer, je ressentais son absence bien plus que sa présence.
Bien.
J'allais bien.
Alors je devais continuer.Attrapant la carte du Royaume, je commençai le même procédé, me concentrant, les yeux rivés sur chaque dessin qui la composait.
Je persistai. Je cherchai désespérément la moindre trace de sa présence. Et les minutes s'écoulèrent, chaque seconde alourdissant un peu plus l'atmosphère de la pièce. Où était-il ? Un point douloureux se créait doucement vers l'arrière de mon crâne. Mais arrêter ? Non, il en était hors de question. Alors, à nouveau, je m'acharnai et la goutte de sang qui s'écrasa sur le parchemin ne m'arrêta pas non plus. Grimaçant alors que la douleur se faisait plus importante, je dégageai brusquement la carte d'Ioxarath pour prendre celle des Quatre Royaumes.
Je ne pouvais pas arrêter. S'il n'était pas à Dúnraith, s'il n'était pas à Ioxarath, il serait forcément ailleurs. Il ne pouvait pas avoir disparu de la surface du monde ! La colère grimpait dans mon esprit alors que ma concentration vacillait malgré moi. Les gouttes perlaient un peu plus encore qu'avant, nappant le papier sans que je n'y fasse attention. J'allais le trouver. Non, je devais le trouver.
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Les Quatre Royaumes
ParanormalLorsque Quhuang, le Prince Héritier du Royaume des Démons se réveille, c'est tout un équilibre qui devient précaire, encore plus lorsque Lysanthir, Prince des Fées est à l'origine de cette libération. L'équilibre devra alors être retrouvé... Et vite...