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Alessia : Tu as cinq minutes, pas une de plus.

...

Elle refuse de s'asseoir et reste face à moi les bras croisés, se voulant impénétrable. Ça intimiderait des inconnus dénués de force. Mais elle ne me fera pas écourter mes explications d'un simple regard.

Ce que j'ai à lui dire ne va pas lui plaire, j'en ai conscience. Il serait plus sage d'y reporter à plus tard, elle est bien trop tendue pour m'entendre. Mais je n'aime pas faire ce qui est sage.

Moi : Tu te rappelles de la soirée de la dernière fois ?

Alessia : Celle où ton père a fait tué un homme et où tu m'as utilisée pour passer inaperçu ? Très bien, pourquoi ?

Moi : Ça n'a pas suffit. On risque gros si on ne redore pas très vite notre image auprès d'eux.

Alessia : Je n'ai aucune envie de faire partie de vos affaires directes. Je ne le faisais pas pour mon oncle, ce n'est pas avec toi que je commencerai.

Moi : Ce n'est pas ce que je te demande. D'ailleurs je ne te demande rien, je te donne simplement l'information.

Alessia : Alors accélère, je n'ai pas toute la journée.

Son exaspération visible me fait sourire. Je n'ai jamais rencontré une femme si impatiente, encore moins dans ce milieu. Les femmes de mafieux ont plutôt tendance à adopter une patience légendaire au vu du nombre d'absences qu'ont traditionnellement leurs maris.

Moi : Oussama demande à ce qu'une soirée soit organisée dans deux jours, ici. C'est l'occasion de montrer que nous n'avons rien à nous reprocher et de prouver que notre mariage se porte à la perfection. Il se pourrait que le peu qu'ils connaissent de nous les fasse douter, et tu sais comme moi que s'ils devinent que quelque chose n'est pas clair, ça pourrait très mal finir.

Elle fronce les sourcils, sceptique face à ma déclaration.

Alessia : Ce n'est certainement pas comme ça que tu te donneras une bonne image, bien au contraire. Si tu décides de soudainement te comporter comme tu ne l'as jamais fait, tu ne récolteras que de la méfiance.

Moi : Nous avons toujours fonctionné de cette façon. J'apprécie que tu souhaites nous aider, mais ce n'est pas nécessaire. Les hommes comme eux n'ont pas tendance à être très malins lorsqu'il s'agit de comportements humains.

Alessia : Mais tu estimes être au dessus de ça évidemment. Toi tu parviens à lire comme dans un livre ouvert en chaque personne qui croise ta route.

Cette ironie ne m'agace même plus, cela est plaisant. J'avais vraiment besoin de me remémorer mon objectif. Maintenant, je la vois me lancer des piques qui ne me frôlent pas le moins du monde.

Alessia : Et bien je serai là. Mais ne t'avise pas de t'approcher un peu trop de moi ou je n'aurais aucun mal à détruire chacun de vos espoirs, c'est clair ?

Moi : Ce n'était pas prévu de toute façon.

Alessia : Parfait, tu peux partir maintenant ? J'ai eu ma dose de Khalid pour aujourd'hui, si tu restes trop longtemps je risque d'y devenir intolérante.

Moi : Malheureusement pour toi, j'ai encore une dernière chose à te demander.

La pire.

Alessia : Il ne te reste que deux minutes.

Je respire, hésitant sur la façon dont je dois y aborder pour ne pas la braquer directement.

Moi : Le chef de l'un des réseaux les plus importants d'Amérique latine sera là, accompagné de sa femme. Il ne se déplace que très rarement mais Oussama a su le convaincre de quitter le Brésil. Nôtre alliance avec eux est très importante, c'est pourquoi il lui a promis le meilleur des accueils, ici-même. Il souhaite s'assurer qu'il puisse me faire confiance comme à Oussama le jour où je prendrais sa relève. Ils dormiront à la propriété une fois la soirée terminée.

Cruel PrincesaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant