Chapitre 23

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Ersen

Ça m'a fait du bien de la voir renvoyée. Un immense soulagement m'envahit en sachant que désormais je serais le seul à remporter cette bourse. J'ai hâte au dernier cours. Je me suis reposé dans ma chambre avec un sourire aux lèvres.

J'ai passé la journée avec Liam et Mason pour fêter ça. Ils sont venus chez moi.

— À toi la bourse dit Mason en venant cogner sa canette de boisson gazeuse contre la mienne.

Le thé glacé n'a jamais eu meilleur goût qu'avant aujourd'hui. Ils ont passé la soirée à me dire comment je pourrais dépenser cette somme d'argent. Honnêtement, je veux remporter ce prix pour prouver aux autres que personne ne peut me dépasser dans mon programme.

J'ai tellement bien dormi. Le lendemain quand je me réveille, je pars travailler. Zeyna n'est pas là mais quelqu'un la remplace. Ça me fait du bien de ne plus la voir partout. Je veux l'oublier. Je vais faire comme si elle n'était jamais venue dans cette université. Ma journée se déroule à merveille. Je n'ai pas revu Zeyna dans l'immeuble.

Trois jours se sont passés depuis que je l'ai vu. J'ai l'impression qu'elle ne sort pas de chez elle. Elle ne vient même plus à son travail. Peu importe, ça m'est égal.

Il est neuf du matin quand je suis assis à l'auditorium. C'est le dernier jour. Mon nom est prononcé comme je l'ai prédit. Je salue Madame Anna et m'empare de l'enveloppe sous les applaudissements des étudiants. Je suis tellement heureux.

Je reviens chez moi et monte les escaliers de mon immeuble. Malheureusement, je la croise. Elle est en train de descendre les escaliers avec une valise à la main.

— Ne me dit pas que tu déménage, ça serait trop dommage dis-je avec sarcasme.

Je ne vois pas son visage parce que sa tête est baissée J'ai l'impression d'entendre des pleurs. Lorsqu'elle tente de me contourner je lui bloque le passage.

— Laisse-moi articule-t-elle d'une voix faible. Elle ne fait rien d'autre et reste là sans relever son visage comme si elle avait honte.

— Tu ne pleures pas parce que... Je n'ai pas le temps de continuer ma phrase. Elle relève doucement son visage. Ses yeux sont rouges. Le contour de son œil gauche est devenu mauve. Ses lèvres saignent et ses joues sont beaucoup trop roses. Sa main tremble. De nouvelles larmes coulent sur ses joues. Il s'est passé quelque chose.

— Zeyna. C'est tout ce que j'arrive à dire. Elle tente une autre fois de me contourner mais je lui bloque à nouveau le chemin.

— Arrête Ersen. Cette fois elle essaye de descendre plus rapidement mais je me place devant elle avant qu'elle aille plus loin.

— Qui t'a fait ça ? dis-je d'une voix calme.

— Personne, elle me répond d'une voix faible.

— Qui t'a touché ?! répétais-je en montant un escalier. Maintenant deux marches nous séparent.

— Mais laisse-moi tranquille ! dit-elle avec une voix trop émotive qui me prouve qu'elle ment.

— C'est Ryan c'est ça ? dis-je alors qu'elle serre la valise un peu plus fort.

Elle ne dit rien. Je la dévisage un instant avant de reprendre la parole.

— Si tu crois que je vais te laisser partir alors tu es tombée sur la mauvaise personne. Une lueur dans son regard montre son étonnement.

— Je te déteste Ersen ! Elle n'arrive pas à se contrôler. Ses yeux se remplissent de larmes.

— Raconte-moi ce qui s'est passé continuai-je en ayant l'intention de rester.

— Qu'est que ça peut te faire ? Tu me hais dit-elle en tournant son visage

— J'ai quand même envie de savoir pourquoi tu es dans cet état. Je la dévisage sans bouger.

— C'est ta faute. Cette bourse, c'était ma seule chance de lui échapper. Elle lève son visage et croise mon regard. Je peux voir la douleur qu'elle ressent.

— Alors j'ai raison. Ryan t'a frappé dis-je d'une voix froide. Je vois dans son regard que c'est la vérité.

— Aller tu peux m'humilier répond-t-elle. Son regard ne quitte pas le mien. Le silence qui s'installe est désagréable. J'ai envie de lui dire que tout ça est complètement ridicule.

— Zeyna, pourquoi tu l'as épousé ? Il te traite comme ça et tu restes avec lui ?! Je ne comprends pas. Ma respiration s'accélère. Je combats mon envie de franchir cette marche pour me retrouver face à elle. Malheureusement, je ne peux pas m'approcher d'elle ni la toucher.

— Je l'ai fait pour mon père mais laisse tomber tu ne vas pas comprendre. Elle tente de descendre mais je me place encore une fois devant elle.

— Il se passe quoi ? dit la voix de Ryan. Je ne veux pas me retourner. Il est derrière moi mais ça m'est égal. Tout ce qui m'importe en ce moment c'est elle. Je vois dans ses yeux qu'elle a besoin de moi.

Il monte et s'arrête à côté de moi en jetant un coup d'œil à Zeyna avant de diriger son attention sur mon visage.

— Tu fais quoi avec ma femme crache-il d'un air beaucoup trop concerné.

— Ta femme ?! Tu as le courage de l'appeler ainsi après de ce que tu lui fais subir ? Le regard noir que je lui lance ne le fait pas réagir.

— De quoi tu parles ? Dit-il en s'approchant de moi.

— Tu lèves la main sur elle. Je serre mes poings pour contrôler ma colère.

— Tu lui a tout raconter. Il tourne son visage vers elle. Elle a peur. Je vois sa main trembler.

— Peut-être que quand je l'ai vu comme ça c'était évident. Tu es le seul cinglé que je connaisse qui puisse faire un truc pareil.

Il me fusille du regard. Nos visages ne sont qu'à quelques centimètres.

— Fait attention à ce que tu dis. Je pourrais te faire la même chose. Le sourire qu'il affiche me met dans un autre état. Je me jette sur lui en prenant son visage comme cible.

Je lui balance un coup de poings. J'en reçois un de sa part avant de m'acharner sur lui sans lui laisser le temps de me toucher. Après trois coups je m'arrête et reprend mon souffle. Lorsque je me tourne vers Zeyna, ses yeux s'écarquillent. Elle contourne son mari et descend les escaliers à toute vitesse.

Peu importe où elle s'en va, le plus important c'est qu'elle soit en sécurité. Je touche mon nez. Il saigne. J'avais besoin de m'acharner sur lui pour pouvoir me calmer. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé. La voir dans cet état m'a mis hors de moi. Je n'arrive même pas à apprécier le prix que j'ai remporté.

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Âmes tourmentéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant