Chapitre 25

10 1 1
                                    



Ersen

— J'ai seulement pensé à moi. Je voulais être le meilleur et je voulais cette bourse. Je n'ai pas besoin de cet argent et après ce que tu as traversé, je pense que c'est toi qui devrais l'avoir. Je lui lance un regard sincère.

— Non, je ne peux pas accepter dit-elle en me remettant l'enveloppe. Sa main reste tendue vers moi.

— Zeyna, tu n'as pas le choix. Je vois qu'elle hoche négativement de la tête et ça me dérange.

— Ersen, je ne veux pas de ta pitié.

— Tu veux savoir ce que je pense réellement lorsque je te vois ? Ce que je pense c'est que tu es la femme la plus forte que je connaisse.

Mon cœur bat encore plus fort. Je lui ai dit la vérité. Ses yeux s'écarquillent. Elle a du mal à croire que j'ai prononcé ses mots. Elle rapproche l'enveloppe vers elle me faisant signe qu'elle accepte l'argent.

— C'est tellement difficile de te détester. Je n'ai pas envie d'être un idiot à tes yeux poursuivis-je.

— Et je n'ai jamais voulu être un défi pour toi, répond-t-elle.

Elle semble observer mon cou avec une attention particulière.

— Ton collier ? me demande-t-elle en levant ses yeux vers les miens.

— Je ne suis plus athée dis-je avec une voix détendue. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle accorde de l'importance à ce détail.

— Tu... je veux dire tu es devenu chrétien ? Elle me lance un regard interrogateur.

— Non, j'ai passé des mois à me renseigner sur ta religion. Un sourire effleure mes lèvres lorsque je regarde son expression d'étonnement.

Tu es devenu musulman ? demande-t-elle avec une expression remplie de curiosité.

Je sors un coran de ma sacoche et me mets à lire quelques phrases. Mon regard revient vers elle. Une expression amusée s'affiche sur son visage.

— Ne me dit pas que tu as appris à lire l'arabe seulement pour me séduire dit-elle en arquant un sourcil.

— Peut-être mais ça m'intéresse d'apprendre d'autre langue. Dis-je en remettant le livre dans ma sacoche.

— Tu sais parler d'autre langue ? me demande-t-elle par simple curiosité.

— Appart l'anglais, l'arabe , le turc et le grec malheureusement non lui dis-je en lui lançant un sourire satisfait.

— Le turc et le grec ?! dit-elle d'une voix concernée.

— Ma mère vient de Grèce et mon père est turc répondis-je.

— C'est... dit-elle en réfléchissant.

— Étrange ? tentai-je.

— Ces deux cultures sont très différentes, elle répond sans quitter mon regard.

— Je dois partir rejoindre Mason dis-je en voyant l'heure qu'affiche ma montre.

— Merci pour l'argent et aussi pour ce que tu m'as dit dit-elle au moment où je m'apprête à la contourner.

Mon regard reste collé au sien. Une lueur étrange apparait dans ses yeux. En dirais qu'elle me remercie en silence.

— J'ai simplement dit la vérité. Je souris légèrement et descend les escaliers sans me retourner. La dernière fois qu'elle a voulu me remercier, je n'ai pas voulu l'entendre. Aujourd'hui lorsque je vois qu'elle m'a remercié, je suis convaincue que j'ai fait ce qu'il fallait.

Je sors de l'université et voit Mason et Cassandra en train de se disputer. Maintenant que Ryan est en prison, c'était évident qu'elle allait revenir vers lui.

— Tu fais pitié lui rétorque Mason alors que je m'avance vers eux.

— Fou lui la paix. Tu ne le mérites pas et je pèse mes mots répondis-je sans attendre sa réaction.

— Je suis désolé continue-t-elle.

Mason pousse un soupir d'exaspération avant de m'inviter à le suivre pour marcher. Il ignore les cris de Cassandra qui l'appelle alors qu'on marche côte à côte. Je le salue et part au travail. Je reviens chez moi fatigué par la journée mais ça ne m'empêche pas de penser à elle. En regardant son visage, j'ai vu qu'elle avait l'air plus épanouie. Je suis content pour elle. La haine que je ressentais n'existe plus.

Quand je les ai revues après tous ces mois, j'ai ressenti quelque chose d'inexplicable. Ses yeux ont fait battre mon cœur. Le brun de ses pupilles avait l'air plus clair, j'ai été bouleversé par elle. Pour la première fois, je me suis surpris à vouloir passer du temps avec elle pour la connaître même si je sais que c'est impossible. La femme qui a pris sa place au musée n'était pas à sa hauteur. Elle ne souriait même pas aux visiteurs comme si elle détestait ce qu'elle faisait.

Zeyna est unique. Malgré tout ce que je lui ai dit, elle ne s'est jamais laissé faire et je l'admire pour ça. Si j'avais su ce qu'il se passait entre elle et Ryan, je l'aurais poussé à le divorcer. Elle a raison, je suis stupide parce que j'ai voulu qu'on soit en compétition.

On aurait dû s'entraider au lieu de se défier. Je la détestais mais je suis quand même resté tard le soir pour veiller sur elle lorsqu'elle s'est endormie au musée. J'ai observé ses lèvres alors qu'elle buvait tranquillement son café. Si elle me bouleverse autant c'est sûrement parce que j'ai des sentiments pour elle.

—————————————————————————

Âmes tourmentéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant