Chapitre 14

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Zeyna

Il l'a vraiment fait. J'ignore pourquoi il voulait boire dans ma tasse. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris ni pourquoi il a bu au même endroit où j'ai posé mes lèvres mais il n'a aucune raison de faire une chose pareille. Je déteste sa parce que ça me bouleverse mais je le déteste encore plus pour ne pas avoir renoncé à cette idée stupide. Il a voulu en profiter mais je suis sûr et certaine que si Ryan avait été avec moi, il ne l'aurait pas fait. Ryan lui aurait balancé des coups de poings parce qu'il ne sait pas répondre sans violence.

L'autre chose qui m'a bouleversé, c'est le fait qu'il a trouvé que mon thé est délicieux. Un homme qui n'est même pas mon mari, apprécie mon thé alors que celui qui est censé l'apprécier le trouve plutôt amer et sans goût. Ryan déteste mon thé alors j'ai arrêté de lui en faire. Ça ne fait rien parce que je sais que je prépare mon thé pour moi seul et c'est le plus important.

Est-ce que j'ai vraiment besoin que Ryan apprécie ce que je fais ?  Même si c'est mon mari, je ne lui rappelle pas tout ce qu'il fait de mal parce que je ne l'aime pas. Que vous ne ressentez rien pour quelqu'un, ce qu'il fait de sa vie n'a aucun intérêt à vos yeux.

J'ai envie de voir mon père heureux et épanoui. Plus tard, nous serons capables de subvenir à nos besoins sans l'aide de personne et à ce moment-là je vais pouvoir le divorcer et ainsi me séparer de lui sans avoir à le côtoyer. J'aperçois la silhouette de Ryan en train de discuter avec un autre garçon. Lorsqu'il me voit, il met fin à sa conversation et me rejoint.

—  Je veux aller prier à la mosquée lui dis-je en adoptant une voix calme.

—   Non il répond en prenant mon bras pour m'inviter à le suivre.

Je le laisse me traîner de force jusqu'à l'entrée de l'université. Sa main me fait mal et j'ai l'impression qu'il peut me casser le poignet à tout moment. Il peut le faire. J'ai subi. Un jour, peut-être qu'il changera avec la volonté de dieu.

—  Tu travailles avec lui ?!  Crache-t-il avec cette colère qui le définit parfaitement.

—  Je ne le vois même pas !   Lui dis-je en enlevant sa main qui entoure mon bras.

—  Il vient te parler ?! dit-il en me lançant ce regard noir qui me terrorise.

Sans attendre ma réponse, il me prend le bras et m'amène dans le coin d'une rue qui est isolée. Personne ne peut nous voir. Évidemment, il doit cacher aux gens le monstre qu'il est. Les nuages gris cachent le bleu du ciel et le silence désagréable attise mon angoisse.

—  Tu sais très bien ce qu'il se passe quand tu ne réponds pas dit-il d'une voix plus base. Mon corps réagit à la peur et les larmes refont surface.

—   Il ne m'a jamais adressé la parole dis-je en étant obligé de mentir. Ma voix est loin de le rassurer. Mes lèvres tremblent en voyant son expression indéchiffrable.

—  J'espère bien, aucun homme ne doit t'approcher dit-il avant de défaire petit à petit mon voile. Il le laisse tomber sur mes épaules et touche mes cheveux. Je ferme les yeux et tente de contrôler mes larmes.

Il descend sa main en suivant ma chevelure jusqu'à ce qu'il s'arrête à ma hanche. Ma main se place sur la sienne. Je ne veux pas sentir son toucher à travers le tissu de ma robe. Je n'arrive plus à supporter le fait qu'il me touche mais le problème c'est que c'est son droit.

Âmes tourmentéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant