Chapitre 3 : Germania l'Ancienne, Janvier 3039

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Ce fut avec la désagréable sensation de mes poumons en feu que je me réveillais dans un lit de camp à même le sol. Dans un sursaut, je me redressais et une violente quinte de toux m'assaillit. Chaque respiration me faisait atrocement souffrir. L'intérieur de ma poitrine était à vif. Déboussolée comme je l'étais, je pris plusieurs secondes avant de comprendre où je me trouvais. C'était une vaste pièce dont les murs avaient perdu de leur blancheur, des lits étaient disposés de part et d'autres, séparés par des draps troués et un long couloir. Les néons du plafond n'étaient plus de première jeunesse ce qui expliqua l'éclairage vacillant auquel mes yeux peinèrent à s'habituer.

— Buvez, mademoiselle. Cela apaisera votre toux et vous aidera à retrouver vos esprits, m'aida une jeune femme avec de splendides yeux en amandes.

Elle était vêtue d'un vieux tablier grisonnant tâché de sang et de cendres, sous lequel une vieille robe noire en lambeau l'habillait. De longues mèches noires s'échappaient de son chignon fatigué, mais elle ne sembla pas se soucier de son apparence.

— Mer... merci... peinais-je à parler tant ma gorge était sèche.

Sans réfléchir davantage, je me saisis du verre d'eau qu'elle me tendait, avant d'en vider son contenu d'une traite. Quelle ne fut pas mon erreur.

La sensation d'un liquide froid coulant dans ma gorge douloureuse, n'aboutit qu'à une seconde quinte de toux qui me plia en deux.

Chaque inspiration me flagellait de l'intérieur, tout mon corps était endolori et une brûlure naquit dans mon bas ventre en lien avec mes toux répétés.

— Doucement, doucement... Tout va bien... m'apaisa-t-elle un court instant en m'étreignant.

Je sentis une douce odeur orangée me parvenir. Elle était légèrement amère, synonyme d'un parfum frelaté, mais elle contrastait suffisamment avec l'horreur de ce que nous venions de vivre pour que je ne la trouve réconfortante.

Soudainement, notre étreinte se rompit. Des cris entremêlés avec des pleurs et des gémissements firent leur entrée dans cet hôpital de fortune. Sur un brancard, un gamin était allongé dans un piteux état. Sans attendre, la douce infirmière se mit à courir à ses côtés pour lui venir en aide.

Seigneur.

L'attaque.

Annie ?! Justus ?! Où êtes-vous ?!

J'ignorais ce qui me blessa le plus, mes poumons ou le brusque retour à la réalité qui venait de me happer. Nous étions perdus au milieu de gens qui souhaitaient notre mort, séparés les uns des autres et potentiellement blessés, ou pire.

La situation ne pouvait pas être plus précaire.

Tremblant de tout mon être, j'essayais de me hisser hors de mon lit mais mon propre corps me trahit, je m'affaissais sous mon poids. Voyant le sol se rapprocher dangereusement, mais ne pouvant rien y faire, je me préparais lâchement à l'impact imminent en fermant les yeux.

J'attendis quelques secondes, avant de les rouvrir. À ma plus grande surprise, je n'étais pas à même le sol mais dans les bras d'un parfait étranger. Celui-ci grimaçait, un bandage dissimulait une grande partie du bras avec lequel il venait de me réceptionner.

— Ça... ça va ? articula-t-il en me redressant péniblement.

Cette soudaine proximité avec un homme inconnu aurait suffi à me faire monter le rouge aux joues mais fi des circonstances actuelles, cela me passa au-dessus.

— Oui... et toi ? lui demandais-je en retour en désignant son épais bandage.

— On prend l'habitude ici, ce n'est pas la première descente qu'ils font... se contenta-t-il d'hausser les épaules, résigné à son sort.

Résistante en 3039 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant