7 - Le marché

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Guillerette, Rébecca sort de la salle de bain et s'installe à son bureau en allumant l'ordinateur. Le jeune homme la suit comme il le peut, glissant sur les fesses à cause de ses pieds et poings liés, et se retrouve soudain dans une position encore moins charmante, le derrière en l'air à cause de la marche qu'il a raté. Il grommèle, vexé, tente de se redresser, mais avant d'y parvenir, il se retrouver nez à nez avec deux gros yeux marrons qui le toisent sans aménité.

Calou s'est approché sans bruit de l'inconnu, les oreilles en arrière et la queue battant l'air. La patte de l'animal vient tapoter plusieurs fois sur le nez du voleur, comme pour tâter le terrain et voir la réaction de cet être à l'odeur inconnue.

Flavio n'ose plus bouger, le derrière toujours en l'air, ni pousser la bête, de peur de se faire attaquer, et se contorsionne pour voir l'écran d'ordinateur s'allumer.

Sur le bureau, une fenêtre s'ouvre et affiche un dossier unique, Rébecca clique dessus après avoir jeté un regard railleur vers son prisonnier en mauvaise posture. Mais elle se retrouve coincée devant une autre fenêtre qui lui demande un mot de passe. Un logo s'affiche au-dessus de l'emplacement de saisie : un oiseau vert sur un fond doré. elle a tout de suite l'impression de l'avoir déjà vu quelque part, mais n'arrive pas à se souvenir.

― Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle, en se retournant vers son prisonnier.

Ayant réussi à s'assoir, un œil toujours sur le chat qui reste à côté de lui, le jeune homme a perdu de sa superbe et marmonne :

― C'est... mon rêve...

Un court silence suit ses paroles. Il fixe le logo, les sourcils froncés, les lèvres pincées, tandis que Rébecca éteint son écran et s'approche de nouveau de lui.

― Bien. J'ai un marché à vous proposer, commence-t-elle en ayant également retrouvé son sérieux.

Le voleur lève un sourcil interrogateur et elle continue :

― Moi aussi, j'ai un rêve. Vous allez m'aider à le réaliser, et je vous rendrai ensuite votre clé.

― Quoi ? Mais enfin...

― C'est tout simple, le coupe-t-elle. Ce soir, il y aura les lumières dans le ciel, et je veux aller les voir de près.

― Sérieusement ? C'est tout ?

Flavio la regarde, ahuri, se demandant s'il a bien entendu, alors qu'elle lui répond tout simplement :

― C'est tout. Vous savez où c'est ?

― Les feux d'artifices ? Evidemment ! Mais... je ne peux pas m'y rendre.

― Et pourquoi pas ?

― Parce que... il y a des personnes, là-bas, qui ne m'aiment pas trop...

― Vous ne reverrez jamais cette clé, alors, annonce-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Flavio réfléchit à toute vitesse. Il ne sait pas trop quoi penser de cette fille et de sa demande bizarre. Est-ce que c'est un piège ? Il a mal à la tête et devine qu'elle a dû le taper assez violemment quelques minutes plus tôt. Elle est peut-être plus dangereuse qu'il n'y paraît. En tout cas, s'il s'agit d'un piège, elle joue bien la comédie. Sur ce point, il pourrait bien avoir un adversaire à sa taille. Ses grands yeux verts candides brillent en parlant des feux d'artifices, sa moue pleine d'espoir a l'air vraiment sincère.

― Okay, princesse. Ton marché me semble...hum... correct.

Complètement débile, oui ! Mais ce regard... elle est peut-être folle.

En effet, la jeune fille ne peut retenir sa joie, elle saute d'excitation sur place, puis se précipite vers un placard en chantonnant gaiement :

― De chaussures, des chaussures... il me faut des chaussures...

Flavio cherche du regard la clé USB, mais elle n'est plus sur l'ordinateur. Zut ! Il n'est pas assez concentré : cette fille étrange l'empêche d'être efficace dans le plan qu'il a prévu. Car un plan, il en a un. Evidemment qu'il va récupérer la clé avant de sortir de cette maison. Les feux d'artifices, il n'en a rien à faire, et encore moins de cette fille, aussi mignonne soit-elle, car elle ne résistera pas longtemps à sa force de persuasion ou à sa force tout court s'il le faut.

Elle va bien finir par le détacher, et là...

Là, rien du tout.

Elle se tient à quelques centimètres de lui et l'attend. Devant ce regard si pur, si confiant, Flavio bugge lamentablement malgré ses pieds et ses mains libres.

Mais secoue-toi, mon vieux !

Rien à faire. Il est incapable de faire du mal à cet être qui semble l'hypnotiser. Rien ne serait plus simple pour en venir à bout, pourtant. Il rage intérieurement, c'est la première fois que ça lui arrive.

Mais il sait pourquoi. Et il n'a pas la force de lutter contre ça. Contre ce regard qui ressemble tellement à celui de...

Non ! N'y pense pas !

Le jeune homme secoue la tête pour faire partir les images de son esprit. Ce n'est vraiment pas le moment. Il pousse un long soupir. De toute façon, il n'a pas vu où la fille a caché le clé USB, et il n'a pas envie de fouiller la maison pendant une éternité. Ils vont aller aux feux d'artifices, revenir, il récupèrera son bien, et tout sera fini.

― On y va ? trépigne Rébecca, impatiente.

― Ouais. T'as la clé pour sortir ?

― ...

― La clé ? répète-t-il sans comprendre pourquoi elle le regarde comme ça sans répondre. Elle n'est pas sur la porte, ajoute-t-il.

― Je ne l'ai pas.

― Ah. T'es punie, et tu veux faire le mur et la fête ce soir, en fait, c'est ça ?

― Je veux juste aller voir les lumières, répond-elle d'une petite voix. Après je reviens, et je ne ressors plus, elle ne saura rien.

― Comment ça, tu ne ressors plus ? Tu as bien le droit de prendre l'air de temps en temps, non ? Et c'est qui « elle » ?

― C'est ma mère. C'est la première fois que je sors.

De nouveau, ses yeux se mettent à briller d'excitation. Mais Flavio ne comprend pas et demande encore :

― La première fois depuis combien de temps ?

― Depuis... tout le temps. On y a ?

Sur ces mots, elle pénètre dans la salle de bain et lève les yeux au plafond, cherchant une solution pour atteindre la trappe encore ouverte.

Le jeune homme réprime un frisson, il n'a toujours pas bougé. Il n'en croit pas ses oreilles. Elle ne serait donc jamais sortie de cette maison, depuis sa naissance ? Il la regarde trainer avec difficulté la petite commode jusque sous le trou du grenier, puis finit par venir l'aider. Il aura bien le temps de lui poser quelques questions pendant la route.

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Coucou !! 

J'espère que la suite vous plaît ? 

Qu'est-ce que vous pensez de ces deux-là ? 

On se retrouve très bientôt pour la suite !! 

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