28 - Flavio à la rescousse

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Le policier et le voleur avancent à petites foulées dans la forêt, côte à côte. Flavio a l'impression que le chemin est bien plus long que la dernière fois. Le soleil est en train de se lever, mais c'est la nuit dans son cœur. Si jamais Rébecca a été emmenée ailleurs, il leur sera impossible de savoir où...

Il accélère le rythme de sa course en repérant enfin la falaise couverte de lierre. Le rideau végétal n'est plus très loin et vite franchi.

De l'autre côté, une légère brume matinale leur permet de traverser discrètement la distance jusqu'à la maison.

Avec soulagement, Flavio aperçoit la silhouette de Rébecca par la fenêtre et fait le tour pour atteindre la porte d'entrée.

― Attends, Flav'. Ne te précipite pas ! l'avertit Max, quelques pas derrière lui.

Mais le voleur ne l'entend plus. Il n'a qu'une idée en tête : dire à Rébecca combien il est désolé de l'avoir laissée seule après le feu d'artifice. Lui expliquer qui elle est...

La porte n'est pas fermée à clé, il l'ouvre à la volée et s'arrête devant le seuil. Pétrifié par ce qu'il voit, il se rend compte trop tard de sa folie.

Rébecca se tient devant lui, les mains attachées, les yeux rouges et le visage ravagé de larmes, la bouche ouverte de surprise devant son apparition inattendue. Il n'ose plus bouger : la femme juste à côté qui ressemble à la description faite par Laurent a une arme en main pointée sur la jeune fille. La prisonnière s'est figée également à la vue de Flavio. Leurs regards s'accrochent un instant, puis les yeux du jeune homme se tournent de nouveau vers Gaétane.

― Tiens, tiens, on a de la visite, lance-t-elle sur un ton dégagé. Décidemment, la police est bien décevante.

― La police ? murmure Rébecca sans quitter Flavio des yeux, surprise.

― Qu'est-ce que tu crois ? Que j'allais laisser ce parasite en liberté ? répond Gaétane en haussant les épaules et montrant le jeune homme d'un coup de menton. Mais puisque les flics sont des incapables, c'est encore à moi de m'occuper de tout jusqu'au bout.

Voyant l'arme se pointer vers Flavio, Rébecca s'affole :

― Ne lui fais pas de mal, je t'en supplie !

― Et pourquoi devrais-je t'écouter, dis-moi ?

Le revolver n'est qu'à quelques centimètres de la poitrine du voleur figé. Le doigt de Gaétane est sur la gâchette, prêt à tirer.

― Parce que... parce que si tu le laisses partir, je... te promets que je t'obéirai sans résistance !

Folle d'angoisse à l'idée de perdre son tout premier ami, celui qui lui a permis de réaliser son rêve, qui a tant donné, sur le plan matériel autant qu'affectif, Rébecca panique. Elle a vu la folie dans le regard de Gaétane plusieurs fois depuis leur retour, elle ne doute pas un instant que celle-ci est capable de commettre l'irréparable.

La femme lui lance rapidement un regard étonné, alors que le jeune homme proteste, affolé :

― Non, Ré ! Ne fais pas ça !

― Flavio, je suis désolée, murmure Rébecca. Tout est ma faute...

― Qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'y es pour rien !

― Je t'en prie... supplie-t-elle encore.

― Tout ça est bien trop mignon, coupe Gaétane, agacée. Mais si je le laisse partir, qui me dit qu'il ne nous suivra pas ?

Le regard de Flavio la fixe alors, froid, dur, dégoûté par cette femme manipulatrice sans cœur :

― De toute façon, me tuer ne servirait à rien, lance-t-il avec désinvolture. La police est au courant de ton activité clandestine au laboratoire.

― Bien essayé, jeune homme, ricane-t-elle, mais la clé est en ma possession. Ils n'ont pas pu la visionner.

― C'est là que tu te trompes, sorcière. Les données leur sont parvenues avant que tu récupères la clé.

Cette fois, Gaétane hésite, méfiante, sans toutefois baisser son arme. Elle a perdu de sa superbe, les traits de son visage sont soudain tirés, amers :

― Tu n'y comprends rien, articule-t-elle avec difficulté. Personne ne comprend ce que j'essaye de faire. C'est pour le progrès de la science !

― Au détriment de vies humaines et animales ? souffle encore Flavio, dont le regard se durcit davantage.

― Ce ne sont que des animaux, justement ! Et des enfants handicapés !

― ... qui n'ont rien demandé !

― Elle non plus, elle n'a rien demandé ! s'énerve Gaétane en montrant Rébecca de sa main libre. Et pourtant, grâce à cette technologie que je suis sur le point de recopier, c'est une arme puissante et utile, unique !

― Pour elle, c'était un accident, s'insurge encore Flavio. Pour toutes vos expériences ratées, qu'est-ce que c'est ?

Rébecca suit l'échange de plus en plus tendu sans dire un mot, estomaquée par ce qu'elle apprend. Alors c'était ça, le fameux plan de Gaétane ? Reproduire l'accident qui lui a donné sa super-vision sur d'autres, pour en faire une sorte d'armées ?

― J'arrive au bout de mes peines, après tant d'années de travail acharné, continue la femme d'affaire dont le regard fou et la main tremblante ne sont pas pour rassurer.

Le ton de sa voix augmente encore, tirant vers les aigus, de nouveau proche de l'hystérie :

― Sans ton stupide vol d'hier, ce n'était plus qu'une question de jours. Des sur-hommes, tu entends ? Des armes puissantes et uniques grâce à moi et à moi seule ! Tout le reste, ce sont des pertes collatérales inévitables à tout projet ambitieux !

Un silence glacé suit ses paroles. Rébecca et Flavio sont aussi pétrifiés l'un que l'autre.

Une silhouette sort à ce moment de derrière un arbre.

― Bien, je vous remercie pour ces aveux plus que limpides, et vous prie maintenant de poser cette arme tout de suite, madame Ponce.

Malgré la voix calme et posée de Maxime qui vient d'apparaître quelques mètres plus loin, le trio figé sursaute de concert. Le lieutenant tient un petit boitier dans sa main qui ressemble fortement à un enregistreur. Son regard froid, ainsi que son arme, sont braqués sur Gaétane.

― Non ! JAMAIS ! hurle alors la femme, soudain totalement hors d'elle, en pointant de nouveau son revolver sur la poitrine de Flavio.

Le coup part.

Rébecca hurle.

Comme dans un film au ralenti, la jeune fille voit les yeux de son ami s'écarquiller de surprise, sa bouche s'ouvrir dans un cri silencieux, puis son corps, projeté en arrière par l'impact, atterrir lourdement sur le sol, tel un pantin désarticulé.


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Aaaaaaaaaah ! 😱😱😱

La suite demaiiiiinnnn ! 😇😇😇

Une tour et des réponsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant