2 - Le voleur

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Un sourire de satisfaction étire les lèvres de Flavio, alors qu'il avance avec souplesse dans les gros tuyaux d'aération du bâtiment. Sa progression est rapide. C'est presque trop facile.

Le jeune homme s'arrête et jette un dernier coup d'œil sur une petite carte avant de la remettre dans sa poche : il est au bon endroit.

Il ouvre la trappe sous ses pieds en faisant le moins de bruit possible et attend quelques secondes. Un regard circulaire lui confirme qu'il n'y a personne. C'est trop tôt, les employés ne sont pas encore arrivés.

Après avoir entendu le « Go ! » de son acolyte, dans une oreillette dissimulée par ses cheveux bruns lui tombant sur la nuque, Flavio n'a plus qu'à descendre dans la pièce qui se trouve sous lui.

Le système informatique vient d'être piraté, les alarmes coupées, et les caméras bloquées. Il a seulement quelques petites minutes devant lui avant que tout ne se remettre en marche, pour ne pas attirer l'attention de la sécurité.

Toujours sans bruit, il glisse le long de la corde qu'il vient de fixer au plafond pour atterrir avec souplesse sur le carrelage blanc de la pièce vide. Flavio a l'habitude, les acrobaties de ce genre sont un jeu d'enfant pour lui. Tout en s'approchant de l'ordinateur le plus proche, il remercie silencieusement les deux frères qui, bien qu'incapables de venir sur le terrain, bien planqués dans leur fourgon dans la rue voisine, ont fourni un boulot indispensable pour l'opération qu'ils ont baptisé « Oiseau Vert ».

L'étape suivante n'est pas plus compliquée : allumer un ordinateur, entrer le mot de passe trouvé par le second frère, géni de l'informatique également, puis chercher le bon dossier.

― Encore deux minutes, prévient la voix dans l'oreillette de Flavio.

― Laisses-en moi une de plus pour le téléchargement, murmure le jeune homme en cliquant sur le bouton vert qui débute le transfert de données.

Un coup d'œil machinal en direction de la porte fermée le fait sursauter. A travers le hublot en verre de la porte, il voit une dame à la carrure volumineuse s'avancer dans la direction de la pièce où il se trouve. Elle a un fichu sur la tête, un uniforme caractéristique, et pousse lentement un charriot plus gros qu'elle.

Tendu, le regard passant plusieurs fois de l'écran d'ordinateur à la porte, il chuchote encore à l'intention de son camarade :

― Pourquoi la femme de ménage arrive à cette heure-ci ?

― Hein ? Nom de... ! Elle est en avance, la grosse !

Ça fait des mois qu'ils préparent leur coup, ils ont tout calculé. Même l'heure du passage de la femme de ménage a été vu et revu. Et justement, aujourd'hui, il faut qu'elle fasse du zèle !

Le téléchargement est à 98%... 99%...

La poignée bouge, la femme y insère la clé.

Téléchargement terminé à 100% avec succès.

Flavio ne traine pas, il récupère rapidement la clé USB contenant son trésor, éteint l'ordinateur pour que son passage reste inaperçu, et accroche d'un geste précis et connaisseur sa ceinture à la corde qui le remonte automatiquement à la pression d'un bouton.

Trop lentement à son goût.

Son cœur cogne fort dans sa poitrine, la sueur coule le long de sa colonne vertébrale. Ça serait trop bête d'être pris maintenant...

Heureusement, la femme au fichu a dû se tromper de clé, il entend un juron à travers la porte et ne peut s'empêcher de sourire. Il y est. A la force de ses bras, il se propulse puissamment dans le conduit qui est juste assez large pour contenir son corps svelte et agile.

La porte s'ouvre enfin, mais il a déjà remis la plaque sous ses pieds. Même si elle levait les yeux, la femme de ménage ne verrait rien, car il n'y avait plus rien à voir. Flavio a disparu et se faufile vers la sortie, son minuscule butin bien caché dans la poche de son pantalon.

Il jubile. Sa prise est énorme. Il va enfin pouvoir profiter d'une vie rêvée, après l'avoir vendu au plus offrant.

― T'as dix secondes pour te tirer de là, souffle la voix dans l'oreillette. Ça commence à bouger là-dedans, il faut qu'on remette les caméras en route. Bouge tes fesses !

Flavio sait que ça va être juste. Mais il ne perd pas son calme. Maintenant que le plus dure est fait, il est confiant.

Il jette un coup d'œil sur sa carte, puis à travers une nouvelle grille, avant de l'ouvrir comme la première et d'y descendre de la même façon.

Du petit sac presque plat qu'il a sur le dos, il sort un badge et une blouse volés quelques jours plus tôt dans les affaires d'un employé distrait, puis range à la place le baudrier et la corde. Affublé de la blouse caractéristique de l'usine, le voilà méconnaissable parmi le grand nombre d'employés.

― Système de sécurité remis en état, le prévient son acolyte.

― Ça marche. Je vous rejoins au point prévu.

Flavio ouvre la porte du vestiaire encore vide à cette heure matinale et se retrouve dans un long couloir blanc. Quelques employés commencent à arriver. Il les salue avec un sourire décontracté, allant jusqu'à faire glousser un groupe de jeunes femmes en leur faisant un clin d'œil charmeur.

Il n'a plus que quelques centaines de mètres à franchir pour passer la porte principale à l'aide du badge. Mais soudain, une alarme stridente retentit dans les couloirs, le faisant sursauter.

― Qu'est-ce qu'il se passe ? chuchote Flavio à l'intention du génie d'informatique dans son fourgon.

― J'en sais rien ! Ils se sont sûrement rendu compte de quelque chose. Magne-toi !

― J'peux pas...

Le jeune voleur est obligé de suivre le mouvement des employés qui se rassemblent dans la cour intérieure de l'usine. Ils ne sont pas encore assez nombreux pour qu'il se noie dans la masse.

Mon gars, il va falloir que tu te surpasses cette fois...


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Hellooo ! Est-ce que l'entrée en matière du deuxième personnage vous plaît ?

La situation est un peu compliquée pour lui, la suite est pour bientôt ! 😁

Une tour et des réponsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant