Rébecca n'a toujours pas bougé, les pieds cloués au sol, incapable de faire le moindre mouvement. L'arme que lui a fourni Flavio pend lamentablement au bout de ses bras tremblants. Elle comprend vaguement que son guide est en mauvaise posture, mais la peur inhibe ses sens : elle voit flou et les mots de l'Ogre lui parviennent comme étouffés par une barrière de coton.
« Nuque brisée » « Tête écrasée » ...
Lorsque son cerveau en comprend enfin le sens, son cœur fait un bond dans sa poitrine. L'adrénaline parcourt brusquement ses veines, lui donnant un regain d'énergie soudain et, sans réfléchir, elle s'élance sur l'énorme individu qui lui tourne le dos.
La lame du couteau s'enfonce sans résistance dans la couche de graisse qui se trouve à sa hauteur, elle remarque à peine Calou qui a sauté en même temps qu'elle en attaquant la deuxième fesse.
L'Ogre pousse un hurlement de douleur en faisant un bond magistral, sa tête vient cogner violemment le plafond dans un fracas de planches cassées – à moins que ce soit son crâne ? Sa grosse main lâche Flavio qui atterrit sur le planché ; il a juste le temps de s'écarter en une roulade pour ne pas se faire écraser par le corps monstrueux qui s'écrase au sol.
L'énorme couteau planté dans une fesse et les griffes du chat dans l'autre, la tête en sang, l'Ogre ne bouge plus. Après l'énorme fracas de la chute, un silence oppressant règne de nouveau dans le bar.
Rébecca a du mal à se rendre compte de ce qu'elle vient de faire. Est-ce qu'il est mort ? Juste assommé ? Sous le choc, ses mains sont encore crispées, comme si elles portaient toujours le poignard.
Alors qu'un mouvement commence à se faire parmi les personnes qui ont assisté à la scène, Flavio rejoint rapidement la jeune fille en scrutant autour de lui pour vérifier que d'autres ne vont pas leur sauter dessus.
― Il faut vraiment qu'on parte, souffle-t-il en la poussant vers la sortie. Maintenant !
Mais la jeune fille est en état de choc. Il n'arrive pas à la faire bouger assez rapidement. Ils sont rapidement encerclés par une quinzaine de gars à la mine patibulaire. La sortie est de nouveau inaccessible.
― J'crois bien qu'il a eu son compte, entend-on chuchoter près du corps inerte de l'Ogre.
Flavio grimace :
C'est pas vrai... Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça !
Il réfléchit à toute vitesse. Il s'agit de trouver une issue, ou bien l'action héroïque de Rébecca n'aura servi à rien ! Il sursaute lorsqu'un des hommes prend la parole. C'est un grand au visage osseux, un bandana sur sa tête chauve. Une cicatrice lui barre le visage couleur cendre qui tranche avec un vêtement noir et informe.
― Les gars ! grogne-t-il assez fort pour être entendu de tous. Qu'est-ce que vous croyez qu'on va faire de ces deux rigolos qui nous ont débarrassé de l'Ogre ?
Ils se mettent tous à chuchoter en même temps, leurs yeux brillants oscillent entre le corps au sol et les deux jeunes, leurs sourires plus ou moins édentés s'affichent peu à peu. Flavio fronce les sourcils, il n'est pas sûr de comprendre. Est-ce qu'il a bien entendu le mot « débarrassé » ?
― On leur paie un coup à boire ! lance enfin l'un d'eux.
― On fait la fête ! crie un autre.
Un brouhaha indescriptible remplit soudain la pièce. On lève les mains au plafond, on se tape dans le dos, certains se mettent à danser sans peur du ridicule. Et ça crie, ça rigole, les pintes commencent à arriver par dizaines comme par magie.
L'homme qui a parlé en premier s'avance et sert la main molle de Flavio qui a du mal à réaliser ce qui est en train de se passer :
― Ça fait des années que cette grosse brute règne sur l'quartier. Personne n'osait s'en prendre à lui, on vous doit une fière chandelle !
Puis il se tourne vers Rébecca qui commence à reprendre ses esprits :
― Mad'moiselle, vous êtes notre héroïne ! V'nez boire un coup, vous l'avez bien mérité.
Il les entraine en direction du comptoir et les fait assoir sur deux chaises libres.
― C'est ma tournée : qu'est-ce qu'il vous faut ?
Rébecca se tourne vers son voisin avec une moue un peu affolée : elle n'a jamais bu d'alcool...
― Une bière pour moi et de l'eau pour elle, répond Flavio en comprenant rapidement.
― Un grand verre d'eau pour la d'moiselle ! Pour s'remettre de ses émotions !
La jeune fille sourit timidement. Elle est encore un peu sonnée, son verre frais lui fait le plus grand bien. Flavio décompresse également, il ne s'attendait pas à ce que ça se termine aussi bien.
Mais le soulagement est malheureusement de courte durée : une sirène retentit à l'extérieur, toutes les têtes se tournent vers la porte et les rires se taisent.
― V'là les flic ! lance un buveur.
― Nan, c'est l'ambulance, rectifie un autre.
― Mais y'a les flics avec, j'les vois par la fenêtre.
Flavio se lève d'un bond. Pas question de trainer dans les parages.
― Il y a une autre sortie ? demande-t-il à l'homme sans âge qui leur a payé à boire.
― Par ici...
Il leur montre une porte dérobée derrière le comptoir et leur lance, avant qu'ils ne disparaissent :
― Si un jour vous avez b'soin, demandez le Boiteux. Je suis le proprio d'ce bahut. On a une dette envers vous.
Flavio hoche la tête en faisant passer Rébecca devant lui. Il ferme la porte au moment où l'autre s'ouvre sur la police.
🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺🍺
Voila nos deux héros hors de danger...
Mais pour combien de temps ? 😅
Vous avez aimé ce chapitre ?
Dans le chapitre suivant : arrivée d'un autre personnage qu'on n'a pas encore rencontré... A votre avis, de qui il s'agit ? 🧐
(je vous mets un petit indice... 🐎)
A très bientôt !! 😁❤️❤️❤️
VOUS LISEZ
Une tour et des réponses
Teen FictionRébecca a un rêve : aller voir de plus près ces lumières de toutes les couleurs qui éclairent le ciel, tous les ans à la même date, celle de son anniversaire. Mais elle ne peut pas s'y rendre. C'est trop dangereux. Elle sait que son don, unique, h...