17 - Robin des bois

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Rassasiés, Rébecca et Flavio se retrouvent de nouveau dans une des nombreuses rues pavées et décorées de la ville en fête. Ils ont l'après-midi devant eux, ils flânent sous le soleil chaud de juillet.

Leurs pas sont attirés par une musique gaie qui résonne au loin.

Soudain, Rébecca se fige devant une vitrine. La main posée sur la grande vitre de la bijouterie, elle contemple un petit objet qui produit comme une résonnance particulière et étonnante dans son cœur. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle se sent attirée par la petite œuvre d'orfèvre qui semble raviver en elle des souvenirs profondément enfouis. Elle n'arrive pas vraiment à se rappeler. Mais elle ne veut qu'une chose à cet instant : le regarder d'encore plus près, le toucher...

Flavio s'approche à son tour, intrigué, et regarde par-dessus l'épaule de la jeune fille.

Il se fige à son tour, mais pas pour les mêmes raisons.

C'est un pendentif. Au bout d'une fine chaine argentée, un petit oiseau semble sur le point de s'envoler. C'est un colibri réalisé avec talent, fait de délicates plaques d'argent et d'émail coloré d'un vert émeraude qui brille au soleil. Pour couronner le tout, le joli bijou est mis en valeur dans un écrin de velours doré.

Une petite plaque informative à côté explique : « le colibri symbolise la joie, la liberté, la persévérance, la créativité, l'amour et la guérison. Il encourage à vivre l'instant présent, à être ouvert au changement, et à poursuivre ses rêves avec optimisme. »

Rébecca n'en croit toujours pas ses yeux. Ce pendentif est vraiment fait pour elle !

Flavio, lui, ne sait qu'en penser. Pourquoi justement cet oiseau, avec ces couleurs ? Est-ce que Rébecca aurait un lien avec... ? Serait-ce possible que son don... ?

Abasourdi par les suppositions qui se forment dans son esprit, le jeune homme se gratte la gorge et s'apprête à dire quelque chose, mais il sent soudain un objet froid se coller à son poignet et quelqu'un le tirer brusquement en arrière.

Il lâche une exclamation de surprise lorsqu'il voit un bracelet de menottes se refermer sur lui et l'autre sur la barrière juste à côté, le rendant prisonnier.

― Alors Flavio ? Tu prépares ton prochain coup ?

Le voleur reste sans voix un instant, stupéfait, fixant le regard bleu qui le toise, goguenard. Le nouveau venu continue :

― Belle bijouterie, en effet. Tu comptais la cambrioler quand ?

Rébecca s'est également retournée, ses grands yeux étonnés oscillent entre les menottes et l'homme qui se tient devant eux. Les bras croisés sur un T-shirt blanc moulant son torse et ses bras musclés, ses courts cheveux clairs tirant sur le roux ondulent lorsqu'il fait un mouvement du menton en direction de la jeune fille :

― Jolie complice, tu me présentes ?

― Max ! Je t'interdis de...

― De quoi, Flavio ? De t'arrêter ? Depuis le temps que je te cours après, tu crois que je vais te laisser filer maintenant ?

― Tu n'as pas le droit ! fulmine encore le voleur en tirant inutilement sur les menottes verrouillées.

Le jeune Lieutenant ricane :

― Parce que toi, tu as le droit de cambrioler toute la ville, peut-être ?

― Tu sais très bien pourquoi et pour qui je le fais !

― Hélas ! Le pauvre Matteo va devoir t'attendre encore longtemps...

― Et à qui la faute ? crache Flavio, furieux.

― A toi, évidemment. Qui d'autre ?

Les deux hommes se tiennent à seulement quelques centimètres l'un de l'autre, dans un face à face tendu, silencieux, se fusillant du regard. Flavio est légèrement plus petit que le policier, et bien moins large d'épaules. Il est obligé de se hisser sur la pointe des pieds pour mettre ses yeux au même niveau que les siens.

― T'as bien changé ! lâche enfin Flavio avec amertume.

― Et toi, tu n'as pas changé du tout, et c'est tout le problème. Moi, j'ai grandi, j'ai appris un vrai métier, je gagne ma vie honnêtement !

― Tu rigolais bien, toi aussi, à une époque, en détroussant les touristes, continue le voleur comme s'il n'avait pas entendu la réponse de son vis-à-vis. On ne s'en prenait qu'à ceux qui claquaient leur fric comme rien et qui passaient devant les mendiants sans les regarder. Est-ce que tu te souviens de ça ?

Le visage du Lieutenant se détend quelques secondes. Il se souvient, évidemment. Après leur fugue de l'orphelinat, ils ont fait la paire, avec Flavio, pendant plusieurs années.

Malmenés par la vie, les deux orphelins, frères de cœur s'étaient promis de faire régner la justice ensemble en grandissant. Mais, peu à peu, ils s'étaient rendu compte que leur vision de la vie était diamétralement opposée ; ils s'étaient disputés et séparés.

Le blond reprend son air sérieux :

― Et tu penses encore que c'est le meilleur moyen pour que la justice règne dans la ville ? Voler ce qui ne t'appartient pas en faisant tes acrobaties ?

― Et pourquoi pas ? Est-ce que c'est toi, Lieutenant de police, avec ta belle petite carte colorée et ton flingue, qui a fait tomber l'homme qui voulait fermer la seule école du bas quartier pour y construire une maison close à la place ? C'est mon intervention qui l'en a empêché : il n'avait plus les fonds pour sa sale affaire ! Et tu sais très bien que l'argent n'est pas resté longtemps dans ma poche !

Maxime pince les lèvres sans répondre, alors que l'autre continue dans sa lancée :

― Est-ce que c'est ton équipe de gros bras qui a démasqué ce pourri de ministre qui détournait des fonds censés revenir à l'association de l'Hôpital ? Sans mes acrobaties, comme tu dis, vous n'auriez rien vu ! Et je ne te parle pas de l'affaire tordue du Docteur Fernand, ou de celle du Gala de charité de l'année dernière, je sais que t'es au courant ! N'est-ce pas ?

Le silence crispé du policier est évocateur. Il a détourné le regard. Oui, il sait. Mais il ne peut pas l'accepter. Ce n'est pas une façon de régler les problèmes. Ils en ont déjà discuté, lors de leur séparation, trois ans plus tôt. Flavio ne peut pas continuer comme ça. C'est la loi.

Rébecca, de son côté, n'a rien raté de l'échange tendu. Elle s'est faite toute petite pour ne pas attirer leur attention et en entendre ainsi davantage. Elle est captivée par ce qu'elle apprend : non seulement elle assiste aux retrouvailles houleuses d'un policier et d'un voleur qui ont été amis d'enfance, mais en plus, son guide se révèle être un véritable Robin des bois moderne, dans un rôle de voleur justicier !

― Peu importe, Flav', reprend le Lieutenant. Cet argent ne t'appartient pas, tu ne peux pas le garder, souffle-t-il encore, moins virulent qu'à son arrivée.

― Parce que tu crois qu'il appartient davantage à ces pourritures corrompues ?

― Et le vol de ce matin ? demande Maxime pour changer de sujet. Elle n'a rien de corrompu, cette boîte. C'est même un laboratoire réputé pour ses recherches fructueuses dans le domaine de la santé. Qu'as-tu à dire à ce sujet ?


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Hop hop hop ! On s'arrête ici pour aujourd'hui ! 😇

Un chapitre assez dense en nouvelles informations... 😏

Qu'est-ce que vous en pensez ?

Vous avez senti la tension qu'il y a entre ces deux zozos ? 😬

Dans le prochain chapitre, attention, Rébecca en action ! 😁❤️✨

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