19 - Joutes médiévales

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Rébecca n'a jamais été aussi heureuse de sa vie.

De la musique et des fêtes, elle en a vus et entendus à travers son écran d'ordinateur, et imaginés grâce à des romans ; mais ce n'est vraiment pas pareil en vrai !

Tous ses sens et ses émotions sont sollicités comme jamais : la musique médiévale enchante ses oreilles, la décoration et les costumes des danseurs ravissent ses pupilles. Elle pousse des petits cris dans un mélange d'admiration et de crainte lorsqu'une pyramide d'acrobates se forme devant elle ; quand la flamme d'un cracheur de feu l'éblouit, ou lorsqu'une des quilles de jongleur s'envole loin au-dessus de la foule.

Les deux jeunes hommes marchent côte à côte quelques mètres derrière elle. Maxime observe son voisin en coin : ce dernier a des yeux brillants et un petit sourire discret qui plane sur ses lèvres en fixant la jeune fille.

― Dis donc, tu serais pas en train de tomber amoureux, toi ? ricane le policier.

Flavio sursaute comme s'il avait marché sur une vipère :

― Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? N'importe quoi ! J'l'ai rencontrée ce matin ! Et puis... c'est qu'une gamine !

Maxime lève les yeux au ciel. Comme argumentation, son ancien ami a déjà fait mieux...

― Je vois... Mais une gamine qui...

― Ça va, ça va ! râle le voleur en le voyant sortir ses doigts pour se mettre à compter, de la même façon que lui quelques instants plus tôt.

Maxime ricane alors que Flavio hausse les épaules en prenant ses distances. Ils ont beau ne pas s'être vus depuis trois ans, ils ont vécu tellement de choses ensemble, dans les rues de la ville, que Maxime n'a pas de mal à déchiffrer son voisin. Ses propres sentiments envers lui se mélangent d'ailleurs dans un cocktail assez étrange : il y a la colère et la déception, bien sûr, mais aussi l'admiration, et l'amitié qui est toujours là, même bien enfouie. C'est assez perturbant, et Maxime décide de ne pas trop y réfléchir. Pour le moment, il doit le surveiller.

D'ailleurs, est-ce qu'il ne serait pas en train d'essayer de s'éclipser discrètement ?

― Tu comptes allez où, comme ça ? l'arrête-t-il en attrapant sa manche.

― Ça ne te regarde pas !

― Evidemment, que ça me regarde ! Je te signale que tu es en liberté provisoire, pas question que tu disparaisses.

Flavio soupire et jette un œil en direction de Rébecca qui vient de tomber sur le stand d'un artisan médiéval. Elle est absorbée par ce qu'elle voit, écoutant attentivement les explications de l'homme qui fabrique des objets en bois avec des outils moyenâgeux. Il voudrait en profiter pour...

― Tu veux pas la surveiller, elle, pendant que je fais un aller-retour, plutôt ? J'en ai pas pour longtemps, je reviens.

― Dans tes rêves, Flavio. Je ne te fais pas confiance.

Le voleur pousse de nouveau un gros soupire, mais il n'a pas le choix.

Lorsqu'ils reviennent, quelques minutes plus tard, Rébecca est toujours à contempler les différents stands. Elle n'a même pas remarqué leur absence. Flavio, sert le petit objet caché dans sa poche, alors que Maxime ne le lâche pas d'une semelle, avec un sourire en coin qui l'horripile. Le voleur espère qu'il tiendra sa langue, ou il la lui fera avaler sans douceur ! Pour le moment, il fait tout pour l'ignorer et rejoint Rébecca qui est toujours aux anges.

Ils ont pénétré maintenant dans les anciennes douves comblées de la forteresse de la ville. Le soleil commence à descendre à l'horizon, éclairant d'une lueur orangée le château, ses tours et ses créneaux, ainsi que les tentes médiévales montées pour l'occasion.

Un peu plus loin, des joutes ont été mises en place, avec des concours d'adresse. La jeune fille s'extasie bientôt devant les deux jeunes hommes qui ne peuvent pas s'empêcher de se mettre en compétition l'un contre l'autre.

Flavio est plus rapide et plus souple pour l'épreuve qui consiste à toucher l'un des pieds de son adversaire avec un bâton de la longueur d'une lance en se protégeant d'un bouclier. C'est au tour de Maxime de l'emporter contre son concurrent pour le tir à la carabine, ainsi que pour le tir au lance-pierres, épreuve que Rébecca a essayée sans trop de succès, mais en s'amusant comme une folle.

Flavio l'emporte haut la main pour l'escalade du poteau de bois, mais se fait doubler par Max quand il s'agit de lancer des sacs remplis de sable le plus loin possible.

La compétition entre les deux jeunes hommes est très sérieuse et tendue au début, mais, peu à peu, Rébecca se réjouit de les voir se dérider. Les yeux noirs et les moues supérieures laissent progressivement place à des sourires en coin et des yeux pétillants.

Un petit attroupement de personnes les acclament depuis un bon moment maintenant, les uns pour le blond costaud, les autres pour le brun agile. L'ambiance s'est détendue, tout le monde en profite.

C'est en roulant l'un sur l'autre, lors du dernier stand de lutte gauloise, se retrouvant les jambes et les bras emmêlés, que les deux rivaux finissent par éclater franchement de rire.

Dans un silence un peu gêné, le policier et le voleur rejoignent une Rébecca satisfaite de la tournure des événements entre ces deux-là.

Assis sur un banc de bois, un peu plus loin, le trio s'installe pour savourer un repas chaud bien mérité, cuit sur un feu de bois du camp médiéval. Maxime ne peut pas s'empêcher de taquiner son voisin :

― Alors, Flav', pas trop déçu de ta défaite ?

― Comment ça, ma défaite ? C'est toi qui as perdu, vieux ! s'offusque son voisin.

― Ah non, pas d'accord ! J'ai un point d'avance avec les tirs.

― La carabine et le lance-pierres ne comptent que pour un seul stand ! rétorque encore Flavio.

― Dans ce cas, j'ai gagné grâce à la lutte...

Puis plus bas, pour que Rébecca n'entende pas :

― Peut-être que ta copine préfère les costauds, plutôt que les acrobates de ton genre ? Qu'est-ce que t'en sais ? Elle m'applaudissait tout autant que toi...

Voyant Flavio se raidir à l'attaque, Maxime rit sous cape, et enchaine, plus fort :

― Tu ne faisais pas le poids : la lutte, c'est pas pour les gringalets. J'ai remporté haut-la-main cette épreuve.

― Dans tes rêves, ouais ! C'est moi qui...

Une main vient s'interposer entre les deux jeunes hommes en interrompant Flavio. Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, s'étant rapprochés dans leur dispute. Ils se redressent chacun à leur place et se tournent vers la jeune fille qui est intervenue.

― Vous êtes exæquo, assure Rébecca d'une voix douce, pour apaiser la tension qui était de nouveau montée.

Son regard vert brillant d'admiration et de douceur passe de l'un à l''autre, ils finissent par soupirer et se calmer. Satisfaite, Rébecca se rassoit et son regard se perd derrière les deux jeunes hommes qui se lancent encore des œillades meurtrières.

Mais, brusquement, la jeune fille se raidit, ses yeux se rétrécissent sous ses sourcils froncés, elle se lève à moitié de sa place. Surpris par ce changement de comportement, les deux garçons se retournent pour voir ce qui la met dans cet état.


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Ouiiiii, je sais... vous avez très envie de me fouetter en ce moment-même... 😬

Parce que vous ne saurez qu'à la prochaine publication ce qu'elle a vu. 😇

Niark niark niark ! (oui, j'aime vous faire ça, désolée pas désolée !) 😏

En attendant, qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? 

Une rivalité en mode battle entre Flavio et Maxime, il fallait s'y attendre, non ? Je ne pouvais pas passer à côté, n'est-ce pas ? 😅😇

A très vite pour la suite ! 😊❤️

Une tour et des réponsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant