26 - Evasion

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Le fourgon de police démarre. Flavio ne sait pas pourquoi ils sont restés si longtemps sur place, les voilà enfin en route vers le commissariat. Il est toujours aussi nerveux et ne cesse de passer sa main libre dans ses cheveux. Il ne ressemble plus à rien, mais il s'en fiche.

Il a tout essayé ici. Les menottes tiennent bien, il a mal au poignet tellement il a essayé de s'en défaire.

Est-ce qu'il aura une petite chance de s'enfuir entre le véhicule et la cellule qui l'attend ? Il en doute. Ça fait des années qu'il est recherché, ils ne vont sûrement pas le laisser filer si facilement.

Un instant, il a bien cru que Max allait faire quelque chose. Mais il s'est trompé. Il s'est trompé sur toute la ligne. Voilà où le mène cette vie de voleur : en prison ! Et pour combien d'années ?

Il a trahi la promesse faite à son frère. Il a trahi celle faite à Rébecca. Il se croyait fort, mais il n'est qu'un minable qui a tout raté. Maxime a raison depuis le début. S'il avait trouvé un vrai boulot, il n'en serait pas là aujourd'hui.

En même temps, il n'aurait jamais rencontré Rébecca.

Il se calme un peu en repensant à la jeune fille. Plus il y réfléchit, plus il est sûr de son identité. Il aurait dû être plus clair auprès de Maxime, mais il avait encore des doutes, jusqu'à ce qu'il repense, encore et encore, à ce qu'elle a pu réaliser dans le labyrinthe de glaces.

Il y a trop de points communs avec ce qui est en train de se tramer dans ce fichu laboratoire secret. Des expériences sur des êtres humains pour leur donner des capacités hors norme. Des expériences faisant fi de toute éthique, faisant souffrir des animaux, des enfants...

Même la mission qu'il s'était donnée, d'arrêter ce trafic, tombe à l'eau.

Il en est là de ses réflexions amères, quand soudain, le fourgon pile net en plein milieu de la route, le faisant basculer à l'autre bout de son banc, les pieds par-dessus la tête. Laurent, qui s'était endormi, lâche un juron en même temps que lui. Si même les flics ne savent plus conduire !

Se redressant, Flavio jette un œil en direction du conducteur et de son passager. Il y a une petite vitre, mais le son est totalement étouffé par la paroi épaisse.

Il n'entend donc rien, mais il voit que ça s'affole : la cabine se remplit d'une fumée épaisse, obligeant les policiers à sortir. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils ont fait un accident ?

Sur les nerfs, le jeune homme sursaute quand la porte arrière du fourgon s'ouvre à la volée. Ce n'est pas un policier, mais un homme avec une cagoule noire. Sans un mot, il saute à l'intérieur et insère la clé dans les menottes de Flavio, lui rendant ainsi sa liberté.

Sonné, le voleur met quelques secondes à réagir. Puis, se rendant enfin compte qu'il a tout intérêt à ne pas moisir ici, saute sur le bitume de la route. Il a le temps d'entendre la voix de son sauveur qui s'adresse à Laurent :

― Toi, ta tête m'revient pas. Tu restes là.

A quoi l'autre proteste comme un bœuf, sans résultat. L'homme en noir saute derrière Flavio et le pousse :

― La voiture noire, là, montre-t-il du doigt. Fonce, t'as pas trois heures !

Flavio voudrait le remercier d'abord, il a bien cru reconnaître une voix, mais n'est pas sûr :

― Attends, t'es qui ?

― Tu m'as pas r'connu, gamin ? ricane son sauveur. J'avais pourtant promis : on est quitte, maint'nant. Allez, ciao !

― Le Boiteux ?

― Pas d'nom, imbécile ! Qu'est-ce t'attends ? Que les aut' flics s'ramènent ? Moi j'me taille !

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