8 - Premiers pas en forêt

48 13 31
                                    

Une chaise sur la commode suffit à atteindre le plafond, le reste est assez simple avec l'aide de Flavio qui n'est pas à sa première escalade scabreuse. Il monte les draps que Rébecca lui tend, l'aide à grimper, puis se dirige vers la fenêtre.

Alors que le voleur a disparu de sa vue, la jeune fille vérifie les nœuds qui relient les draps entre eux, ainsi que le dernier qui accroche le tout à l'intérieur du grenier. Il ne faudrait pas qu'elle fasse un vol plané !

Elle sort à son tour et s'accroupit sur le bord de la fenêtre. Perchée sur le toit de la maison, le drap dans les mains, elle se fige soudain.

Est-elle vraiment en train de faire ça ? Une fugue grâce à une corde de draps ? Son regard se perd un instant dans les frondaisons verdoyantes qu'elle dépasse presque, du haut de sa maison. Il ne s'agit pas d'un de ses romans d'action, mais bien de la réalité... Est-elle en train de faire une bêtise monumentale ?

― Et alors, ma jolie ? Tu descends ?

La voix de Flavio la sort de sa torpeur. Il l'attend déjà en bas, après une petite séance d'escalade de routine. Il se demande s'il va devoir aller la chercher. Son pied tape le sol d'impatience.

Pour se donner du courage, Rébecca se remémore rapidement toutes les fois où elle a espéré et imaginé ce moment. Ça fait des années qu'elle tente de convaincre sa mère, sans résultat, et une occasion en or se présente enfin : un guide pour la mener jusqu'aux lumières. Non, elle ne doit pas hésiter !

Elle prend une grande inspiration et commence la descente.

Lorsqu'elle pose ses pieds au sol, elle a bien mal aux bras, mais son cœur se gonfle de joie. L'herbe, les arbres, les fleurs, elle se met à courir dans tous les sens pour toucher à tout, sentir les odeurs, et va même jusqu'à se rouler dans les pâquerettes en poussant des petits cris d'excitation.

Flavio la regarde avec de grands yeux ahuris, se demandant encore une fois si cette fille est vraiment normale. On dirait une gamine de trois ans découvrant pour la première fois la nature... Il n'arrive toujours pas à savoir si elle joue la comédie ou si elle est sincère. Son comportement est tellement étrange, qu'il a l'impression qu'elle en fait trop.

Et puis soudain, Rébecca se fige dans son élan, en plein milieu des fleurs. Le visage de sa mère revient dans ses pensées : que va-t-elle penser ? Comment ose-t-elle lui désobéir, derrière son dos, alors qu'elle s'occupe d'elle avec amour depuis toutes ses années ? Sa poitrine se sert, elle a du mal à respirer.

Je suis une fille horrible, ingrate, désobéissante...

Non ! Elle comprendra ! Ou alors elle n'en saura rien !

Mais serai-je capable de lui cacher la vérité ? de lui mentir ? Non... impossible.

Le front contre ses genoux, la tête entre les mains, Rébecca sursaute en sentant une boule de poiles lui soulever le coude.

― Calou ? T'es sorti aussi ? murmure-t-elle en relevant la tête.

― Merwouin, lui répond le chat en se frottant contre elle.

La jeune fille le caresse et se calme. La présence de son fidèle ami lui donne, encore une fois, le courage nécessaire pour aller plus loin. Elle se relève d'un bond, laissant de côté sa mère, elle aura bien le temps de s'occuper de ça plus tard. Son rêve l'attend !

Flavio l'attend aussi, les bras croisés, une moue d'ennui et d'exaspération affiché sur le visage.

― On a beaucoup de route à faire ? demande la jeune fille en le rejoignant, de nouveau souriante.

Une tour et des réponsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant