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« Coucou toi » pensa intérieurement Alex en regardant la brune le fixer avec un mélange d’étonnement, de gêne et de peur.

C’est avec euphorie que, plus tôt dans la journée, il avait appris que Monsieur Cheng était disposé à les recevoir, son père et lui, le soir même et à son domicile. Pourtant, rien ne l’assurait qu’il verrait la jolie brune.
Peut-être qu’ils seraient reçus dehors, ou dans son bureau : rien ne certifiait qu’il la verrait.

« Dans tous les cas, j’irai faire un petit tour dans sa chambre » avait-il pensé en s’installant à l’arrière de la Cadillac.

Via se retourna brusquement, lui donnant ainsi le dos. Ce geste soudain ne laissa pas indifférent les personnes attablées autour d’elle, à son grand désarroi.

— Ça va chérie ? Lui demanda sa mère, les sourcils froncés.

— Euh…  Dit-elle en fixant les convives qui la regardaient à leur tour. Oui…oui je… ça va. Je vais monter me repoudrer le nez, dit-elle en se levant.

— Tu es sûre que ça va ? Dit la mère de Lili.

— Vous inquiétez pas. J’ai…juste un coup de chaud, dit-elle en leur offrant un sourire crispé.

Ni une ni deux, elle marcha en direction des grands escaliers menant à l’étage. Son objectif à présent était de trouver Lili… Même si elle ne savait pas trop en quoi elle pourrait arranger la situation.

« Le truc de Lili c’est de créer les problèmes, pas de les régler » pensa-t-elle.

Continuant son chemin dans le large corridor, le téléphone collé contre l’oreille, elle tenta, sans succès, de joindre sa cousine. Après 3 appels laissés sans réponse, Via grogna fortement, se demandant bien où Lili avait pu aller. Et puis, comme une illumination au milieu de la nuit, elle entendit un bruit.
Subtil, presque inaudible — elle pensa carrément avoir rêvé — le son provenait de la salle de bain principale.
Marchant à pas de loup jusqu’à la porte en question et plaquant son oreille contre cette dernière, elle put mieux distinguer, les yeux écarquillés, les gémissements et halètements d’une femme.
Pas de grand doute sur son identité car seule Lili avait l’audace de s’envoyer en l’air et ce, sans état d’âme, chez autrui.

— Lili, sors de cette pièce ! Dit-elle en tapant contre la porte.

Un « merde » fusa à l’intérieure de ladite pièce et des bruits — ceux que font les tissus lorsqu’ils sont froissés — se firent entendre.
Presque aussitôt, un homme, la quarantaine, sortit de la salle de bain en réajustant son pantalon. Il offrit un sourire contrit à Via — ce à quoi elle répondit par un regard dégoûté — et disparut dans le dédale qu’était le corridor. Quelques instants après, une Lili complètement débraillée et en sueur, ouvrit la porte de la salle de bain en lançant un regard noir à Via.

— C’est quoi ton problème ces temps-ci ? Je peux plus baiser en paix ? Vivi, tu sais que je t’adore mais là tu…

— Il est en bas, dit-elle en interrompant sa cousine.

— Qui est en bas ? Dit Lili en grimaçant.

— Le gars du club. Le mec de la dernière fois.

— Ma chérie, tu peux être plus claire ? Tu m’as pas interrompu pour dire des trucs incompréhensibles, si ?

— Le gars avec qui j’ai… Passé la nuit, murmura-t-elle.

— T’es sérieuse ? Dit Lili avant d’éclater de rire.

— Lili, chut ! Et puis y a rien de drôle !

— Bien sûr que c’est drôle ! Pouffa-t-elle. Regarde toi meuf. T’es toute gênée. Mais pourquoi t’es gênée d’abord ?

𝐁𝐮𝐫𝐧𝐢𝐧𝐠 𝐃𝐞𝐬𝐢𝐫𝐞 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant