𝟐𝟒

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Installé sur la terrasse du manoir, un livre à la main, Kar-Shun était était silencieux.
Dire qu'il lisait réellement le livre en question serait mentir.
Depuis que Steven lui avait appris qu'Alex rodait sans cesse autour de sa fille, il n'avait pas l'esprit tranquille.
Les Medina étaient connus, dans cette ville, pour être des racailles avides d'argent et prêtes à sacrifier des familles entières pour se remplir les poches.
D'ailleurs, le vieil homme regrettait déjà d'avoir accepté un partenariat avec eux.

Via était sa princesse, la prunelle de ses yeux et sa raison de vivre.
Il l'avait toujours choyée, gâtée et surprotégée plus que ses autres enfants et bien qu'il savait que c'était injuste, il ne pouvait pas s'en empêcher.
Alors, savoir qu'un criminel tel qu'Alex avait osé s'approcher de sa fille le rendait malade et remettait en cause la protection qu'il accordait à cette dernière.
Peut-être que ce serait mieux de la faire suivre par plus d'hommes, avait-il pensé.
Mauvaise idée, lui avait répondu sa femme.
Leur fille en avait déjà marre d'être constamment suivie, surveillée et contrôlée alors qu'elle n'était plus une gamine : rajouter plus de gardes du corps déclencherait, à coup sûr, une guerre froide entre le père et sa fille.

Mais alors, comment procéder ?

Cette question avait tourné en boucle dans la tête de Kar-Shun durant les dernières 48 heures.

— Coucou Papa, chantonna Via, sortie de nulle part.

— Bonjour ma puce, sourit-il lorsqu'elle lui embrassa la joue.
Où étais-tu ? Je ne t'ai pas vu au petit déjeuner. 

— Dans la serre. Les roses avaient besoin d'être arrosées et ça faisait longtemps que je n'y étais pas allée.
Et toi ? Ça va ?

— Comme un vieillard de 64 ans peut aller : relativement bien.

— Oh arrête. Tu les fais même pas tes 64 ans, répondit la jeune femme en roulant des yeux.
Tu bosses pas aujourd'hui ?

— J'ai pris un congé : ordre du médecin. Selon le docteur Joseph, je travaille trop et je ne prends pas suffisamment soin de ma santé. Sottises.

— Je crois que personne n'a jamais eu autant raison que le docteur Joseph.
Tu travailles trop papa. Ménage toi un peu, ok ?
En plus, pour les trucs comme les voyages ou les événements en dehors de la ville, tu peux toujours te faire remplacer par Adrian.

— Adrian n'est pas du tout doué pour nouer des relations. Son truc, c'est les chiffres et je suis sûr que s'il pouvait, il passerait sa vie dans son bureau, une calculatrice à la main.

— Bryan alors ?

— Via, pouffa le vieil homme. Bryan, vraiment ? Et risquer qu'il s'enfuit en vidant les comptes de mon entreprise ? À ton avis, pourquoi il n'a jamais travaillé pour moi ?

— Parce que tu ne lui fais pas confiance.

— Voilà, dit-il en buvant une autre gorgée de thé.

— Ok. Alors, tu as le choix entre Sonia et Chris. Ils sont super compétents tous les deux et tu leur fait confiance, non ?

— Tu as raison. Mais Sonia est occupée ces temps-ci : préparer un mariage, ça prend du temps.
D'ailleurs, tu vas à son dîner de fiançailles demain soir ?

— Non. Elle m'a clairement fait comprendre que je n'étais pas la bienvenue. Mais c'est pas grave, Lili et moi on comptait faire une soirée pyjama de toute façon.

Dis plutôt que tu comptais t'envoyer en l'air avec un certain Alex.

— Comment ça tu n'y vas pas ? Ariane, on parle de ta sœur là.

𝐁𝐮𝐫𝐧𝐢𝐧𝐠 𝐃𝐞𝐬𝐢𝐫𝐞 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant