Chapitre 6

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Devon

Il ne nous a pas fallu longtemps avant de reprendre la route. J'ouvre le chemin, les gars me suivent de près. J'ai appelé des renforts, histoire de pas se faire avoir comme des lapins de deux semaines. Ça a presque été trop simple de soutirer des infos à ce connard de Sutton. Il me chauffait depuis quelques mois et devenait de moins en moins réglo dans ses échanges avec le club.

On pourra dire qu'il méritait son sort, une mauviette pareil qui capitule si rapidement ça me dégoute.

Finalement, on ne sait quasiment rien sur les nouveaux venus côté Est, si ce n'est qu'ils empiètent sur nos plates bandes. Le Boss veut qu'on intervienne, l'impact de leur arrivée se fait déjà ressentir sur le business et puis... Antonio lui en devra une. Le vieux ne perd pas le nord. Jamais. C'est ce qui a fait de lui l'homme si respecté dans le milieu. Jack est droit dans ses bottes. Je le respecte pour cette facette de sa personnalité. Nos activités ont beau ne pas être réglo, les flics nous laissent assez de marge pour qu'on puisse gérer nos affaires comme bon nous semble. Ils sont conscients que sans le club et ce qu'il représente, il y aurait bien plus de grabuge dans les rues. C'est du gagnant-gagnant : on fait leur sale boulot et en échange ils ne s'immiscent pas dans nos business. Il arrive même que le chef de police prenne contact avec le Prez' pour lui demander d'intervenir dans certains quartiers. Bien sûr, rien n'est gratuit, mais c'est dire l'influence que l'on a acquise ces dernières années.

— Dev', il manque encore quelques gars qui ne devraient plus tarder.

— Préviens-moi quand tout le monde sera prêt.

D'un signe de tête, Bones acquiesce. À l'inverse de Kent, il n'a rien du gros nounours, sa silhouette sèche est entièrement tatouée. Il conserve un aspect humain avec l'absence totale d'encre sur son visage. En revanche, si les muscles ne sont pas son point fort, c'est une tête. Il gère tout ce qui touche de près ou de loin à l'informatique, les technologies, le numérique. Tout ce codage doit lui monter à la tête à force. Il ne participe que rarement aux missions de terrain mais je sais qu'il en a besoin pour faire un break sur ses machines. Ce gars se vante quand même d'avoir tatoué sa bite ! Moi vivant, aucune aiguille ne s'approchera de la mienne.

Je me retourne face au bâtiment industriel. Il ne paie pas de mine vu de l'extérieur. Grâce aux compétences de Bones on a pu pirater les caméras installées à l'intérieur. Quelle bande d'amateurs. Ils ne sont même pas foutu d'avoir un système de sécurité digne de ce nom. Les compétences du geek sont une aubaine pour nous depuis qu'il nous a rejoint il y a de ça 3 ans. Peut-être que ce lieu n'est que temporaire et que leur installation est prévue ailleurs. Quoiqu'il en soit, cette nuit on met un terme à leur trafic.

A leurs existences.

Une nouvelle cigarette au coin des lèvres, j'inhale la fumée qui vient brûler délicieusement ma gorge. Je n'ai pas le temps d'en profiter plus, les derniers arrivés se garent non loin du groupe que nous formons. Les rues sont désertes à cette heure avancée de la nuit. Le petit peuple ne se doute pas qu'on va agir dans l'ombre.

Enfin tous là, entouré des gars, je sens l'adrénaline couler dans mes veines et imprégner chacune de mes cellules. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. Je prends de grandes inspirations afin de ralentir mon rythme cardiaque. On a beau tous vivre dans la violence et savoir que chaque mission peut nous être fatale, il faudrait être totalement cinglé pour se jeter dans une mêlée en étant serein. L'appréhension se lit sur quelques visages autour de moi. C'est mon rôle de les rassurer et de "mener la danse". Je suis remonté comme une pendule pour faire en sorte que chacun de mes hommes ressortent en vie. Avec les infos récoltées par mon génie de l'informatique, on sait qu'ils sont une petite dizaine, principalement en train de pioncer sans se douter un seul instant de ce qui les attend.

Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant