Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]

Chapitre 27

Devon

Est-ce que je suis d'une humeur de chien depuis quatre jours ? Absolument. J'ai délibérément évité Elena. Elle a bien essayé de venir me parler, mais à chacune de ses tentatives, j'ai fui, comme un lâche. Je ne supporte plus de la voir se rapprocher des autres gars. Sa bonne humeur contagieuse me ronge de l'intérieur, et je déteste l'influence qu'elle a sur moi. Je hais éprouver ces émotions, ces sentiments qui s'intensifient et détruisent tout sur leur passage. La jalousie, la colère, l'impuissance. Je ne pensais pas un jour être ébranlé de la sorte par une femme. J'ai toujours considéré ça comme une faiblesse. Est-ce parce que je n'ai jamais connu une vraie relation affective dans mon enfance ? Certains parleront carences affectives. Peut-être que oui, peut-être que non. Grandma a assumé tous les rôles parentaux, là où ma mère m'a lâchement abandonné, préférant se perdre dans une overdose pour oublier son quotidien et le nombre impressionnant de connards qui lui passaient dessus. Plus jeune, je m'en suis longtemps voulu, portant le poids de sa mort sur mes épaules. Puis j'ai grandi, comprenant qu'on porte le fardeau de nos décisions. Certaines personnes résistent, là où d'autres abandonnent et prennent la solution de facilité : le suicide.

Avec les années, et du plomb dans la cervelle, je me suis endurcie, faisant des choix que j'assume pleinement désormais. J'arbore fièrement le badge 1 % sur mon cuir, symbole de mon appartenance à une élite de hors-la-loi. Nous avons nos propres règles, notre propre code moral et une dévotion sans faille pour le club auquel nous appartenons.

J'ai pris le poste de vice-président des Black Shadow après l'éviction de Snake qui complotait avec nos ennemis, les Gardians Angels pour étendre le marché des drogues dures et introduire leurs merdes dans nos rues. Considéré comme une violation de notre règlement, il a été dépatché : la pire des sanctions pour un biker. Son tatouage brûlé, tout comme sa veste, il a perdu le droit de porter nos couleurs. Je ne l'ai pas revu depuis trois ans. Les drogues sont un sujet sensible, nous limitons notre activité aux substances que l'on peut considérer comme moins destructrices (marijuana, stéroïdes, anabolisants, etc.). Certains pourraient nous accuser d'hypocrisie, affirmant que nous profitons de la misère et de la pauvreté dans les rues pour écouler nos produits. Je comprends ce point de vue, mais j'aime à penser que nous le faisons de la manière la plus honnête possible, si tant est que cela soit concevable dans ce milieu. Évidemment, on dénombre des règlements de comptes, et bien sûr que certains petits dealers se font descendre par nos concurrents. Je ne vais pas prétendre le contraire. Cependant, nous mettons un point d'honneur à débarrasser nos rues et notre territoire des substances les plus destructrices, comme l'héroïne et la méthamphétamine.

Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en discuter plus en détails avec Jack. Il semble que ces drogues commencent à se répandre du côté de Homewood, malgré notre intervention et la destruction d'une partie de leur stock. Nous ne pouvons pas l'ignorer plus longtemps. Notre objectif est de maintenir un certain contrôle, d'éviter que ce genre de poison ne s'installe sur notre territoire. Nous ne sommes peut-être pas des saints, mais il y a des limites que nous nous efforçons de ne pas franchir.

Le marché de la drogue n'a jamais été suffisant pour les prétentions de Jake. Il a une vision du club et de son influence qui dépasse les frontières. Pour le moment, il arrive à tenir tout le monde par les couilles, et garder à distance les curieux. Mais pour combien de temps encore ? Cette question me revient souvent en tête. À chaque livraison, que ça concerne, du trafic d'armes, ou de la contrebande de marchandises, la menace de finir en prison ou pire, de tomber sous les balles, plane au-dessus de nos têtes. Depuis l'arrivée de Bones, il y a cinq ans, un petit marché des objets électroniques nous permet de toucher rubis sur l'ongle. En plus d'être un hacker hors pair, il arrive à dévier l'attention des flics d'une main de maître avec des leurres toujours plus inventifs les uns que les autres.