Chapitre 20 p2

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Elena 


— C'est une bonne chose ?

— Je ne sais pas.

La tristesse l'envahit, un profond regret transparaît sur son visage et renforce ses traits tirés. Il n'a pas dû dormir depuis longtemps. Je peux discerner des cernes noirs sous ses yeux.

— Elle vit ici aussi ? tenté-je

J'ai le sentiment que s'il a abordé le sujet c'est qu'il en a besoin d'en parler. Je ne sais pas ce qui me pousse à toujours vouloir faire un pas vers lui, mais c'est comme une évidence. Sa soudaine sensibilité me touche.

— Non.

— Tu la vois toujours ?

— Non.

Avant que je ne puisse poser une énième question, il ajoute :

— Elle est morte. Violée puis assassinée.

Mon cœur s'arrête, choqué par cette révélation. Il se passe une main sur le visage, se rendant certainement compte de la violence des informations qu'il vient de me donner.

— Je n'ai pas pu être là pour elle. Elle était solaire, comme toi. Naïve, douce, pipelette. Je donnerai n'importe quoi pour l'entendre de nouveau.

— Je suis désolée, Kent.

Ma main se pose sur son biceps. Pour une fois, j'arrive à ne pas le pousser dans ses retranchements. Je ressens toute la douleur qui l'habite.

— Tu n'as rien à faire ici, dans ce monde. Mais tu sembles irrémédiablement attirée par les ennuis, à moins que ça ne soit eux qui te collent à la peau.

— Je ne demande qu'à partir.

— Tu sais que ce n'est pas possible. Devon...

— Quoi Devon ? le coupé-je

— Il ne le permettra pas.

— Mais je jure que je ne dirai rien !

— Tu ne comprends pas. Ce n'est pas juste une histoire de garder ta langue. Dehors, tu es encore plus exposée. C'est trop tard.

— Mais...

— Stop, me coupe-t-il

Son ton est sans appel. La discussion est close. Pendant quelques secondes, j'ai eu l'espoir de le rallier à ma cause. Le silence se fait dans la pièce, je n'ose plus le regarder. La déception m'envahit. J'ai l'impression que dès que je fais un pas en avant, c'est trois en arrière l'instant d'après.

Alors qu'il amorce un mouvement de recul, je le retiens par le bras. Ses yeux se posent sur ma main avant de revenir vers mon visage.

— Dis... tu penses que tu pourrais m'apprendre à me défendre ?

Il me regarde d'un air interloqué, surpris par ma soudaine demande.

— Je... je ne veux plus me sentir faible. Je ne te demande pas de faire de moi un ninja, j'ai bien conscience de mes limites physiques. Je veux juste être en mesure de me défendre si d'aventure...

— OK, m'interrompt-il

— Oh... euh. Super !

Je n'imaginais pas que ça serait si simple de le convaincre.

— On commence quand ?

— Maintenant.

Il mange les quelques centimètres qui nous séparent d'un grand pas et enserre ma gorge avec sa main, la force de l'impact me plaquant contre le mur le plus proche.

Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant