Chapitre 4

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Elena

Soudain des coups de feu. J'entends de l'agitation au-dessus de ma tête. Je suis donc dans un genre de sous-sol, j'aurais dû m'en douter. L'humidité et l'obscurité étaient les premiers indices. Le monstre se relève précipitamment, se rhabillant à la hâte. Tant bien que mal, j'essaie de retrouver ma respiration. Le manque d'oxygène si court soit il a affecté mes sens et mon champ de vision. Mes poumons me brûlent. Mon corps tout entier n'est que souffrance.

— Putain ! C'est quoi ce bordel ? Ne t'inquiète pas ma jolie, tu ne perds rien pour attendre, c'était les préliminaires.

Il sort en trombe de la cellule en veillant à fermer la porte à clé derrière lui. Je me rends compte que pendant tout ce temps, si j'avais réussi à me dégager, j'aurais pu atteindre cette porte restée ouverte. C'était ma chance pour tenter de partir, de trouver une issue de secours. J'aurais dû lui résister plus fortement. L'air se bloque de nouveau dans ma poitrine lorsque des bribes des instants qui viennent de se dérouler me reviennent. Il a essayé de... il a failli me...

Violer.

La bille me remonte, les larmes me brûlent les yeux. Ma détresse est encore palpable. Je me sens salie, fragile. Chaque parcelle de peau qu'il a touchée me brûle. Des cris me parviennent, interrompant mes sombres pensées. J'entends comme des chocs contre les murs.

Ou bien est-ce le sol ?

Les tirs retentissent en rafales, chaque détonation résonne avec une intensité assourdissante. Je finis par me ressaisir et me rhabiller prestement. Je suis partagée entre le fait d'appeler à l'aide et me faire encore plus discrète. Quelles sont les chances que ça soit la police ? Est-ce que c'est comme dans les films où ils somment « Police ! Personne ne bouge ! ». Je n'ai rien entendu de tel, des bribes d'insultes et de cris, mais rien qui puisse me pousser à me manifester.

Prenant mon courage à deux mains, je m'approche de la porte, tends l'oreille et retiens mon souffle. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, mais une chose est certaine, ça ne doit pas être beau à voir.

Des pas se font entendre plus distinctement malgré le remue-ménage qui se déroule à l'étage, provoquant une montée d'appréhension en moi. Péniblement, je m'éloigne du mieux que je peux et le plus possible de la porte, me positionnant à l'extrémité de la pièce. J'ai mal aux genoux et à la cheville droite. La récente chute n'a pas été douce. Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment, mais à mesure que l'adrénaline redescend, la douleur devient de plus en plus intense, lancinante. Mon cœur bat la chamade, chaque pas qui se rapproche amplifie ma peur.

D'un coup, les tirs cessent. Mon corps se tend, en alerte. J'ai l'impression que le temps s'allonge, chaque seconde s'étire de manière interminable. J'en viens presque à regretter le bruit à l'étage supérieur.

J'attends. Le silence de nouveau emplit l'espace rendant l'atmosphère suffocante. Si j'avais pu me fondre contre le mur sur lequel je suis appuyée, je l'aurais fait volontiers. J'entends du mouvement en approche. Des bruits de chaussures contre le sol, comme si un groupe de personnes se dirigeait vers moi. Je parviens à entendre des chuchotements étouffés, mais je suis incapable de comprendre ce qu'il se dit.

— Regarde là-dedans, y'a peut-être du matos qu'on peut récupérer. T'as vu la taille de c'te porte. Quoique ce soit, ça doit avoir de la valeur, ordonne une voix grave.

Quelque chose ou quelqu'un percute la porte à plusieurs reprises. Chaque impact me coupe la respiration. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu m'amuser que l'on me qualifie de « chose de valeur ». Mon cœur bat au rythme des secousses. Cette dernière finit par céder après un coup de feu dans la serrure. Je plaque ma main contre ma bouche pour estomper ma surprise et mon hystérie. Pas un son ne sort de ma gorge, je suis tellement paniquée que mon instinct me dicte de me recroqueviller et de baisser ma tête appuyant fortement mes paupières contre mes genoux, comme si je pouvais par miracle disparaître, là, maintenant, alors que j'en ai été incapable ces derniers jours, ou encore quelques minutes avant. Une vive douleur se rappelle à moi lors du contact de ma tête contre l'os de mes genoux, mais je n'en tiens pas compte et resserre ma prise autour de mes jambes. Je veux que ça s'arrête, j'ai l'impression que mon palpitant va lâcher d'un instant à l'autre. Mon corps se balance d'avant en arrière, j'entre dans une crise de panique sévère, mais silencieuse. J'aurai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps, de crier que l'on ne me touche pas, qu'on me laisse partir, rentrer chez moi. Mes espoirs se sont éteints dès que j'ai entendu qu'ils cherchaient du « matos ». Ce ne sont définitivement pas des policiers venus à ma rescousse.

Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant