Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]

Chapitre 16 p2

Elena

Fin prête, je me regarde brièvement devant le miroir de ma chambre.

Je pouvais bien parler des brebis, pour le coup j'ai clairement l'air de ressembler à l'une d'elle, le maquillage en moins. Circonspecte, je regrette presque de ne pas m'être intégralement épilée avant d'enfiler ma tenue. Le bas est tellement court qu'un seul poil qui dépasse se verrait comme le nez au milieu de la figure...

Je hais Alana.

Je n'ai plus le temps pour un toilettage de dernière minute. J'enfile prestement les hauts talons avec lesquels je m'entraîne depuis plusieurs jours.

Non sans zigzaguer dans le couloir menant au rez-de-chaussé, je tente discrètement de décoller le short de la raie de mes fesses et de le faire redescendre un tant soit peu sur le haut de mes cuisses.

Après ce qui m'a paru être le parcours du combattant j'atteins la partie du bar et me place sur le côté afin de laisser passer la foule de fêtards déjà bien éméchés. La musique pulse dans mes oreilles. Il y a autant de motards que de jeunes qui bougent au rythme des basses. Peu importe l'heure, je me rends compte qu'il y a toujours de monde. Je m'approche du comptoir. Je sens que mon service va être long, mes pieds me font déjà mal à force de piétiner. Lors des entraînements je pouvais faire de grands pas. Tout d'un coup, je ne me sens pas du tout de taille à honorer ma part du marché. Je n'ai qu'une envie rejoindre ma chambre et finir la soirée emmitouflée dans la couette moelleuse.

— C'est pas trop tôt ! T'as cru que c'était à la carte les horaires ? me lance une Alana qui semble en forme pour me piquer toute la soirée.

— Il est 21h tout pile.

— Quand c'est l'heure c'est plus l'heure. Ramène-toi.

J'ai envie de l'étriper.

Je prends sur moi et garde un sourire de façade.

Elle me tend un plateau et commence à me donner diverses instructions pour aller servir les boissons commandées par nos très nombreux clients.

— Pour la 6 t'as deux coca, pour la 1 une bouteille de vin rouge, pour la 14 trois bières blondes, pour la 15 du limon...

— Attends, attends ! Tu vas trop vite !

— Tu crois que je vais venir te tenir la main ? Magne-toi ! Allez ! fait-elle me faisant signe de déguerpir.

Est-ce possible de détester une personne à un tel point ? Déjà que je ne suis pas à l'aise avec ma tenue, j'ai l'impression qu'à tout moment le croc-top peut craquer sous la pression de ma poitrine. Je n'ai pas été spécialement gâtée par la nature, mais je dois dire que ce petit haut met mes seins bien en vue. D'autant que je n'ai pas pu enfiler de soutien gorge tant je suis serrée.

    Difficilement, je récupère le plateau chargé et commence à m'immiscer parmi les fêtards. Je manque de faire tomber l'intégralité des commandes un nombre incalculable de fois. Les autres serveuses me regardent avec dédain, surtout une blonde peroxydée. Je les croise, tentant un sourire, mais rien en retour. Elles instaurent un climat glacial qui me met encore plus mal à l'aise. On repassera pour l'esprit d'équipe ou le girl power. Heureusement que j'ai une mémoire photographique sinon je pense que je n'aurai pas réussi à me repérer avec la masse de personnes présentes et la faible luminosité. J'enchaine les commandes, sous l'œil avisé d'Alana qui ne cesse d'augmenter le nombre de boissons à servir. Si je voulais jouer les parano je dirais qu'elle attend qu'une chose c'est que je me plante. La tête haute, je maintiens son regard et repars de plus belle au travers des clients imbibés d'alcool.