Chapitre 47

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Elena

Lorsque je quitte le petit appartement d'Alana, je me sens mieux, apaisée. Alana a été aussi choquée que moi de la mort soudaine de Waren, nous avons essuyé nos larmes ensemble. Bien entendu, je ne lui ai pas parlé de son père et de son rôle dans la disparition de mon ami. Certaines choses n'ont pas besoin d'être dévoilées. Peut-être ai-je eu peur qu'elle ne croie pas. Je ne supporterais pas qu'on m'accuse de mentir, ou pire, de me dédouaner de la mort du prospect. Malgré ses paroles réconfortantes, je n'en démords pas, je suis responsable de ce qu'il s'est passé. Mon métier, c'est sauver des vies. J'ai failli à ma mission. Un point c'est tout.

Mécaniquement, je me déshabille et entre sous la douche. Comme si l'eau chaude, qui ruisselle sur ma peau pouvait me laver de cette culpabilité qui ne me lâche pas. Dès que mes paupières se ferment, je revois le corps de Waren, inerte sur la table et tout ce sang qui s'écoule de sa plaie. Frénétiquement, je frotte ma peau, dans l'espoir de nettoyer ce sang que j'ai sur les mains. J'ouvre les yeux pour attraper le pommeau et me rincer. Je manque de tomber à la renverse lorsque le liquide entre en contact avec mon corps. Du sang. Partout. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et je retiens de justesse le cri de terreur qui menace de s'échapper.

J'hallucine. Ce n'est pas la réalité. Ce n'est pas possible que du sang sorte du pommeau de douche.

Je sais que c'est impossible, que c'est dans ma tête. Pourtant, le liquide rouge continue de couler, et mon souffle se raccourcit, impossible à calmer. Les paupières de nouveau fermées, je tente de calmer ma respiration, de contrôler mon souffle erratique.

1,2,3. Tout va bien. Ce n'est qu'une hallucination.

Ma main serre tellement le mitigeur que mes articulations me font mal. J'ai besoin de me raccrocher à la réalité. Je ne peux pas perdre pied de la sorte.

1,2,3. Tout va bien.

J'ouvre les yeux, lentement, le souffle court. L'eau est limpide, plus aucune trace de ce liquide visqueux à l'odeur âcre. À la va-vite, je termine de me rincer, et sors de la douche, m'enveloppant dans une large serviette de bain. Je deviens folle. Complètement folle. Je ne cherche pas à analyser plus que de raison ce qu'il vient de se passer. Je le sais. Un stress post-traumatique. J'en ai vu suffisamment pour reconnaitre les signes.

Mais ça va aller. Ça va aller.

Je retourne dans la chambre, avec ce mantra en boucle dans ma tête et manque de lâcher ma serviette sous le coup de la surprise lorsque j'aperçois Devon assis sur mon lit.

— Tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je t'ai cherché partout.

— Parce que maintenant tu t'inquiètes pour moi ?

— Ele... je me suis toujours inquiété pour toi.

— Tu mens.

— Je... je suis désolé. Je n'aurais jamais dû te dire que c'était de ta faute pour Waren, je...

— Stop. Tu avais raison. C'est ma faute. Je n'ai pas réussi à lui sauver la vie. J'aurais dû...

— Non. Arrête. Waren s'est sacrifié pour moi. Il m'a sauvé la vie, alors que j'étais censé couvrir ses arrières. Bordel, toujours à en faire qu'à sa tête. J'ai pris part à la mission pour m'assurer que tout se déroule bien et regarde où ça nous a menés.

Il se passe une main sur son visage, blême. La culpabilité le ronge tout autant que moi. Je m'avance vers lui, monte en califourchon sur ses genoux et l'étreins. J'ai besoin de le sentir contre moi, de l'épauler comme il a pu le faire pour moi auparavant. J'ai besoin d'apaiser ses tourments comme pour panser les miens. Sa bouche finit par trouver la mienne, où il dépose un chaste baiser avant de m'entrainer avec lui sur le lit. Nous nous serrons l'un contre l'autre, et nous restons là en silence. Je me sens en sécurité dans ses bras, à ma place. C'est peut-être ça le secret du bonheur. Vivre l'instant présent, oublier reste.

Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant