Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]

Chapitre 42

Devon

— Ce n'est pas possible, mais qu'est-ce qu'elle fout ? s'agace Alana.

Si habituellement je me marre de voir ce bout de femme hors d'elle, je dois avouer que je suis tout aussi tendu de ne pas voir Elena arriver. Je me demande bien ce qui peut lui demander autant de temps. Alors que je vais pour aller la chercher elle fait son apparition vêtue d'un simili cuir qui moule ses jambes fuselées, d'un top noir qui met en valeur sa poitrine et d'une veste en jean. Un sourire naît sur mes lèvres avant de soudain disparaitre à la vue de ses yeux rougis. Par réflexe, je m'avance pour aller à sa rencontre.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Ses yeux se plantent dans les miens, dénués d'expression. Le silence se fait pendant quelques secondes et je commence à imaginer les pires scénarios possible.

S'est-elle blessée ? Qui a-t-elle rencontré ? Lui a-t-on fait du mal ?

— Rien.

— Ne me dis pas « rien », je vois bien que tu as pleuré.

— C'est rien je te dis, j'ai des allergies.

Sa voix est plus sèche, mettant fin à notre échange, tout en me dépassant. Si sa justification ne me convint pas, je décide de ne pas insister. Les femmes ont ce côté complexe que je ne comprends pas toujours.

OK clairement je ne les ai jamais comprises, mais je promets de faire des efforts pour la suite.

Je rejoins Kent et Alana et nous enfourchons nos bécanes. Alana parait minuscule, les bras enroulés autour de la stature imposante de Kent. Elena quant à elle se fait quelque peu hésitante au moment de monter derrière moi. D'une main rassurante je la guide pour enfourcher ma moto. Je n'ai pas particulièrement l'habitude de prendre une nana à l'arrière. Bouffer des kilomètres de bitumes est pour moi une manière de retrouver une certaine liberté, alors, autant se faire ce plaisir en solitaire. Enfin... J'ai comme l'impression que sentir ce petit corps chaud derrière moi pourrait me faire changer d'avis. Ses bras s'enroulent autour de mon ventre. Je la sens tendue à l'arrière, l'une de mes mains se pose sur les siennes les enveloppant. Cette nana me fait ressentir des choses auxquelles je ne suis pas certain d'être prêt. Elle devient mon talon d'Achille et autant dire qu'à ma place avoir une telle faiblesse peut s'avérer mortel. Peut-être que la proposition de Jack n'est pas si mauvaise. L'idée de l'éloigner, de la protéger, non seulement de nous, mais surtout de moi, commence à prendre racine dans mon esprit. Je n'ai pas le choix de toute manière, je ne peux que gagner du temps et aviser par la suite. Le poids de cette pensée me serre la poitrine. Est-ce vraiment la meilleure solution ? Loin du chaos du club, loin de cette vie que je mène... loin de moi.

Ces idées sombres deviennent oppressantes, et je me force à me concentrer sur la route. Le rugissement de la moto résonne dans mes oreilles, un bruit familier qui devrait m'apaiser, mais qui aujourd'hui ne fait qu'amplifier le tourment dans mon esprit. J'accélère, la puissance de la moto répondant immédiatement sous mes mains.

Elena se contracte légèrement contre moi, ses bras se resserrant autour de ma taille. Chaque virage, chaque accélération me fait ressentir sa présence encore plus intensément. J'aime cette sensation, la sentir se raccrocher à moi, sa proximité. Sa tête repose contre le haut de mon dos, et je crois même entendre son rire. J'aperçois, dans le rétroviseur, Kent et Alana sur leur moto, à bonne distance.

Je tente de me concentrer sur notre destination : le fleuriste. Une sortie des plus ordinaires. Juste le temps de quelques heures se semblant de normalité m'aidera peut-être à y voir plus clair.