Chapitre 10

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Elena

Voilà maintenant quelques heures que je suis dans cette nouvelle chambre. J'ai demandé au grand gaillard si elle était occupée par quelqu'un mais je n'ai pas eu de réponse. Kent s'est contenté de rester sur sa chaise qui ressemble à s'y méprendre à un rocking chair qu'on voit dans les films anciens. Je me sens observée, le moindre de mes gestes est épié, analysé. Je ne sais pas comment me comporter. D'autant que j'ai vu qu'il était armé. Si c'était pour me dissuader de tenter quoique soit je pense que ce n'était pas utile de déposer de manière si visible son flingue sur sa cuisse qui tressaute à intervalles réguliers. Je ne veux pas qu'un de mes mouvements soit mal interprété. Si seulement ils pouvaient tous me foutre la paix une bonne fois pour toute et me laisser rentrer chez moi. Chez moi. Deux petits mots pour ce qui était tout pour moi il y a encore quelques jours, semaines. Je ne sais plus. Mes pensées sont interrompues quand le grand brun se relève et sort de la pièce.

Bon, qu'est ce que je suis censée faire maintenant ?

Je décide de me poser sur le lit, heureuse de constater qu'il est tout aussi confortable et moelleux que celui de l'autre chambre. Peut-être que quelques heures de repos me feraient du bien. Toutefois, je ne sais pas si je peux me laisser aller et m'endormir ici. J'ai peur de me réveiller et d'être à la merci d'un des hommes au rez-de chaussé.

Je perçois de la musique, je suis presque en mesure de sentir l'écho des basses sur le plancher. Des rires, des cris festifs, des sifflements me parviennent. Je donnerais cher pour savoir ce qu'il s'y passe.

Et puis merde !

Je me redresse et cours vers la porte de la chambre. Cette dernière s'ouvre alors que ma main se pose sur la poignée ronde métallique. J'ai à peine le temps de faire un bond en arrière pour éviter de me la prendre de plein fouet.

Je relève la tête vivement, prête à me prendre les foudres de la personne qui entre. Au lieu de ça, je rencontre les deux billes interloquées du géant. Ses yeux clairs et la douceur de son regard contrastent avec son visage et son physique marqué de cicatrices. Je pense qu'il est aussi surpris que moi. Ses sourcils se froncent, un petit plis se forme juste au-dessus de l'arête de son nez. Il tient entre ses grandes mains une assiette avec un burger. Rien qu'à sentir l'odeur et le gras, j'en ai l'eau à la bouche. Je tente de retenir un regard implorant dans sa direction. Il me tend l'assiette répondant inconsciemment à ma supplique.

— Mange.

Un mot. Son ton, calme, m'interpelle. Mes pensées fusent.

Est-ce que c'est un piège ?

Affamée, je prends le risque et récupère l'assiette. Mon ventre gargouille, j'en ai des crampes d'estomac. La simple vision de ce met a réveillé mon appétit.

Je prend le temps de le détailler tant il semble tout droit sorti d'un rêve culinaire. Le bun est légèrement doré et brillant. J'aperçois une tranche de cheddar fondu qui dégouline légèrement sur les côtés de la galette de pomme de terre. Je suis attirée par l'odeur du bacon grillé qui dépasse légèrement du pain et qui surmonte un steak au fumet tout aussi alléchant laissant imaginer une cuisson parfaite.

Je ne peux m'empêcher de me lécher les lèvres rien qu'à l'idée de croquer dedans. Peut-être que je devrais me méfier, et ne pas y toucher. Mais j'en ai marre de rester sur mes gardes. Au pire, c'est une belle façon de mourir. Si ce doit être mon dernier repas, j'ai la nette impression que je vais prendre un pied intersidéral. Oui, j'en suis à ce stade.

Une fois installée sur un bout du lit, je prends une première bouchée. Un gémissement d'extase s'échappe de mes lèvres.

Putain que c'est bon.

Black Shadow : l'écho des secrets [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant