Chapitre 5

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Personne ne s'est finalement réveillé hier, du moins à ce que je sache.

C'est complètement inconscient d'avoir laissé notre camp sans surveillance. Nous avons eu une chance phénoménale de ne pas nous faire piller ou dévorer.

Ce matin nous nous sommes tous levés tôt.

Je ne sais pas pour les autres mais je me sens mieux.

Mes courbatures ont nettement diminué, je n'ai plus aucune envie de vomir. Seule ma plaie continue de me faire souffrir, je suppose que c'est normal. Jim est toujours très malade, nous devons assurer ses gardes pendant un moment.

La bonne nouvelle est que Prost est là, il va surement pouvoir nous aider. En parlant de lui, il nous semble perdu ce qui est compréhensible.

Passer de la citadelle à notre campement aussi pauvre qu'un bidonville, ce n'est pas simple, plutôt complètement radicale. Je me remémore les premières semaines que j'ai passées dans la forêt.

J'ai eu l'aubaine de ne pas être seule, j'avais ma copine, mon frère et c'est aussi là que j'ai connu Kai.

Au début c'était très dur, nous ne savions pas nous servir d'armes -et ce que j'appelle "arme" était un petit couteau que j'avais emporté avec moi lorsque les gardes étaient venu nous chercher- ainsi que très peu de vivres.

Nous nous battions contre les sang-froids avec des bâtons et mon ridicule couteau. Notre nourriture n'était composée que de racine, nous trouvons rarement de quoi faire un vrai repas. Et comme nous étions encore assez en forme à ce moment-là pour éviter de faire dévorer, on dormait dans les arbres en hauteur. C'était un calvaire.

Mais bien au-delà de cet inconfort, nous étions très jeunes, trop jeunes pour vivre dans un environnement aussi hostile, nous n'étions que des enfants.

Quand nous sommes enfin tombés sur Brooke, elle nous a conduit à son père et là ce fut le début de tout. La vie dans ce camp nous paraissait si belle comparé à ce que nous avions subi quelques mois auparavant.

Cornley m'a demandé d'accueillir notre nouvel arrivant.

Je dois parler avec Prost, lui expliquer nos habitudes et lui montrer chaque recoin du campement. Je me dirige alors vers sa tente que l'on avait installée préalablement, avant de partir pour la mission. Il est là dans un coin, légèrement recroquevillé, ses cernes ont déjà doublé de volume et creusent son visage mate.

- Mark, venez je vais vous faire visiter.

- Je ne suis pas sûr qu'il y est grand chose à visiter, mais si vous y tenez tant. Me répond-t-il peu commode.

Il sort de son antre et se poste à mes côtés, nous commençons la marche vers le laboratoire. Je ne lui montre pas l'intérieur du barnum à part nos tentes et une pile de nourriture, il n'y a rien à visiter.

- Bon, voici le laboratoire, Cornley vous en a sûrement déjà parlé. Il ne laisse personne y entrer, je suppose que vous serez l'exception à la règle. Vous le visiterez en sa compagnie, plus tard.

Je lui désigne la petite cabane en bois au toit de tuile, il n'a pas l'air de m'écouter. Je continue quand même la visite. C'est agréable de parler avec quelqu'un de nouveau, j'aime profondément les gens du camp, mais vivre non-stop avec eux est parfois éreintant.

- Tout au fond, là-bas vous trouverez une rivière, elle est très propre. On l'utilise pour se laver. Dis-je, tout en montrant du doigt un point d'eau caché par les arbres gigantesque.

Il tourne enfin sa tête dans ma direction, les yeux écarquillés.

- Comment ça? Tu rigoles j'espère.

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