Chapitre 12

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-  Bouge pas, je vais te faire mal sinon!

- Mais c'est bizarre, t'es sûre de toi là! Je vais mourir empoisonné?

- Je ne sais pas, de toute façon tu n'as pas le choix. Soit tu te laisses faire, soit tu deviens un zombie et tu nous manges Hélène et moi! Je m'explique tout en imitant un mort-vivant en tirant la langue.

- Ok, euh mais avant, rappel moi tout depuis le début, je crois que je commence à perdre la tête. Demande Kai réticent.

- Justement! La transformation commence. Je te raconterai après. Bouge pas.

Je me concentre et ne lui laisse pas le temps de répondre, j'enfonce l'énorme seringue dans son bras. Le produit grisâtre se déverse lentement à l'intérieur de sa peau. Lorsqu'il n'en reste plus une goutte, je l'enlève doucement.

- Comment te sens- tu maintenant? Je demande.

- Encore plus mal...je crois...je crois que je vais aller dormir un peu...

Il titube maladroitement vers la tente, tout en s'agrippant aux arbres, marcher lui est compliqué.

- Ouais... je réponds, peu convaincue des effets du produit.

Je le laisse tranquille et me dirige vers Hélène. Celle-ci est assise en tailleur contre le tronc d'un vieux sapin, elle scrute les horizons tout en taillant un bout de bois qui ressemble à un carreau. Je n'y prête pas plus attention.

- Alors? Me demande-t-elle, les yeux pleins d'espoir.

- Je viens juste de lui injecter, je pense qu'il faut attendre un peu. On verra demain.

- Prost t'a dit combien de temps peuvent durer les effets?

- Oui, entre une semaine et 1 mois maximum.

- C'est peu.

- Je sais.

Je souffre d'épuisement, je m'assieds à côté de mon amie et allume la radio.

Elle grésille, la dernière pluie ne la pas rater malgré mon possible pour la protéger. Je baisse le son au maximum, juste de quoi entendre. Il faut que l'on soit prudent, la forêt grouille de sang-froids et nous ne sommes que trois idiots perdus dans l'immensité de la nature.

Il ne fait pas encore nuit, je m'autorise alors quelques secondes de repos. Je ferme doucement les yeux. Je me sens mal, et mon sentiment s'accroît lorsque les images des jours précédents assaillent mes paupières.

Cornley, affalé dans une flaque de sang, le sien, il suffoque. Sa fille à ses côtés. Brooke me regarde comme un monstre. Ses mains sont posées sur la blessure de son père, elles sont envahies de liquide rouge.

Son regard me fait l'effet d'un poignard. Mais la tueuse ce n'est pas elle, c'est moi. C'est moi qui ai tiré sur lui. Ils me regardent tous comme une dégénérée, je veux m'évaporer sur place ou m'excuser même si je n'en penserai pas un mot, la seule chose que j'arrive à faire c'est m'enfuir.

Il faut que l'on parte, tout de suite.

Je laisse Kai et Hélène prendre nos affaires pendant que je cours vers le laboratoire. Je suis perdue, tout est flou et mes mains tremblent, j'ai du mal à ouvrir les tiroirs mais je revois les convulsions atroces de Kai. C'est un déclic qui s'opère en moi. Je sors des boîtes et j'attrape le nécessaire : une trousse de secours et des médicaments pour mon ami. Je me relève et j'entend des pas, je sursaute et attrape mon revolver. C'est Prost.

Il me dit de me calmer, de respirer doucement. Il ne m'en veut pas, pourtant j'ai tiré sur son frère et il va peut être mourir par ma faute. C'est sa seule famille. Putain, je ne comprends rien. Cet homme est étrangement gentil. Les événements sont si floues, je n'ai que des bribes de souvenirs. Suis-je en train de perdre la tête, moi aussi? Possible.

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