Ce matin je me lève de bonne heure, je reprends les cours demain, j'en profite donc pour sortir un peu. M'aérer l'esprit. Les jours précédents ont été magnifiques. Pas de cours. Pas de colère. J'ai regardé beaucoup de films en compagnie de Kai, j'ai révisé mes cours et j'ai discuté avec Hélène et Alexandra. C'est plus que ce que j'espérais.
Tout le monde dort encore dans l'appartement, le silence est roi. Je me prépare tranquillement avec les premiers vêtements que je trouve dans mon armoire et me faufile dehors. J'emprunte les escaliers, j'ai besoin de me défouler, l'ascenseur me ramollit. Depuis notre arrivée ici, je n'ai pas repris le sport, le tir, ni aucune autre de mes anciens hobbys. Je ne veux pas finir comme les gens de cette citadelle : déficient.
Après mes derniers craquages émotionnels, je ressens le besoin irrépressible de me reprendre en main. De redevenir une version différente de celle que j'étais avant. Je n'ai pas énormément de temps libre, le peux qu'il m'est accordé je le destine à Kai.
Pendant mes jours de repos pour noël, nous avons rit et pleuré, juste tous les deux. C'était un moment simple mais magique. Malgré tout, je l'ai vu se dégrader. Il toussait beaucoup ces soirs -là.
Il rigolait mais avec difficulté. Voir mon ami qui autrefois n'était qu'une explosion de couleur vive se transformer en une couleur sombre et sans acidité me donne la nausée.
Demain sera le grand jour. Le jour où je serai convoqué dans le bureau de la présidente, le jour où je vais pouvoir le soigner avec le vaccin. J'occulte toutes les choses négatives que comporte également ce jour fatidique et je ne me concentre que sur le meilleur. Je suis dans le déni complet.
Car je sais, je sais, je sais qu'on arrive progressivement à l'avènement tant redouté et fantasmé .
Il est étrange de voir que les choses sont si différentes. Quand j'étais enfant, avoir accès au bureau du président était impossible pour les citoyens lambda. C'était impensable, le chef de l'état était supérieur à nous hiérarchiquement. Aujourd'hui, la Citadelle française a perdu son éclat. Elle est petite, les gens s'entassent les uns sur les autres et le gouvernement est devenu moins aimé. N'importe qui à désormais accès au bureau de la présidente, de ministre ou autre sur rendez-vous. C'est d'une facilité déconcertante. Il faut dire que notre population a diminué de plus de la moitié alors ils font tous ce qui est en leur pouvoir pour faire sentir aux citoyens restants que tout leur est accessible.
Je me balade un peu en ville, il fait froid mais la neige s'est calmée.
Elle est en train de fondre. Je respire un bon coup et l'air frais remplit mes poumons. Je me sens plus détendu. Je continue mon chemin en traversant des petites ruelles et en contournant plusieurs immeubles pareils au mien. Je ne suis jamais passé par là, je suis juste le chemin que l'on m'a indiqué -une vieille dame aux lunettes excentriques à qui j'ai demandé la route-.
Je ne tombe que sur deux ou trois personnes, la plupart dorment encore. Je salue un vieil homme et son chien qui me regardent tous les deux bizarrement. Je continue un bon moment comme ça, rythmé par le vent.
J'essaye de m'imprégner des lieux, d'admirer les boutiques, comme une touriste normale mais je m'évertue à penser que rien ici n'est joli. Trop fade, trop faux, je ne m'y reconnais pas.
J'arrive à destination. Un bâtiment dans les ton grisâtre, avec écrit en grosse lettre "Centre de Tirs et Armurerie". Je m'attarde un moment sur la façade, il n'y a pourtant rien à voir. Je m'engouffre dans celui-ci, une étrange odeur d'alcool m'envahit les narines. Je salue les gens attelés au bar.
Qu'est-ce que fait un bar dans un centre de tir? C'est tellement irresponsable. Les murs sont tapissés de vieux motifs, peut-être est-ce un des rares bâtiments qui a pu échapper à l'invasion et la destruction qu'elle a causé.
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Sacrifice
Science FictionAshley est une exclue, Abandonnée et trahie, Jetée en pature au milieu d'une forêt, Comme des milliers d'autres. Elle lutte, Tous les jours, Se battant contre des morts-vivants, Plus survivante que vivante. La rapidité à laquelle un monde peut s'eff...