Chapitre 15

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Nous prenons le même chemin que lors de la mission n°4. La différence est qu'ici on ne fait rien ne pille pas.

L'odeur des lieux est délicieuse. Un mélange de peinture fraîche, de neuf et de nourriture. De la vraie nourriture, appétissante. Les murs sont lisses et blanc, rien d'extravagants. Le couloir est long, désert. Je fais comme si je n'étais jamais venue. Je prends le temps de contempler longuement chaque détail, je n'avais jamais eu l'occasion de le faire avant. C'est aussi une excuse pour ne pas me confronter trop vite à la réalité. Je viens de tuer deux personnes.

J'ai toujours aimé inspecter les détails architecturaux des bâtiments. J'ai l'impression de redécouvrir chaque zone de la citadelle. Les missions ne nous le permettent pas. Devant nous se dressent quatre gardes armés à foison. Deux de chaque côté. Le plus costaud s'avance vers nous avec nonchalance, il me toise avec un regard glacial. Il me fait bien plus peur qu'un sang-froid. Il porte un gilet pare-balle contrairement au dernier que j'ai abattu, ses cheveux sont plaqués sur son crâne, il arbore une cicatrice profonde sur le tour de son cou. Comme si on avait essayé de l'égorger. Ses collègues restent de marbre lorsqu'il commence à me parler -aucun d'eux ne cille.

- Bonsoir, vous êtes bien Hanna? me demande-t-il.

- Euh, oui c'est ça. Je réponds, peut accommoder ma nouvelle identité.

- Qui sont les gens avec vous?

- Ma mère Marie Bopkins, je pointe Hélène du doigt, et mon petit frère...Kai Bopkins.

Je ne me prends pas la tête pour le prénom de mon ami.

- On nous a pourtant indiqué la venue de deux personnes?

- Changement de dernière minute.

Il secoue la tête, mécontent.

- Pourquoi êtes-vous en retard? Le pilote de l'hélico nous a signalé son arrivée il y a une trentaine de minute environ.

- Eh bien, des gens dans la forêt nous ont arrêtés en simulant des blessures. On n'a pas tout de suite compris que c'était des sauvages...Mais...

Parler ainsi des gens de ma condition me fend le cœur. Si je veux être crédible, il faut tout donner.

- Vous n'avez pas reçu les règles? Interdit de communiquer avec l'extérieur de la citadelle sauf, si c'est pour en joindre une autre, avec autorisation du gouvernement.

- Si bien sûr, mais je n'y ai pas pensé sur le coup, ils m'avaient l'air si triste...

- Faites attention à eux, ce sont des dégénérés.

Je réprime ma colère, je n'aime pas cette appellation pour mes semblables et moi. Nous ne sommes pas fous, pour la plupart en tout cas, seulement des gens exclus de la société et abandonnés dans une forêt remplie de zombies, tout ça contre notre grès. Nous avons subi une purge.

Voyant que je ne réponds pas, il renchérit.

- Le diner de ce soir est passé, dommage pour vous c'était le dîner d'ouverture. Vous trouverez des plats dans votre chambre. Voici un prospectus pour vos cours.

Un de ses collègues s'approche de nous et m'arrache la valise des mains. Ils l'ouvrent dans un mouvement précipité et fouille dedans. Kai avait raison, heureusement que je ne l'ai pas mis dedans.

Il souffle "rien à signaler" et repart se mettre en retrait, son fusil toujours en main.

- Maintenant suivez moi, je vais vous conduire dans votre appartement.

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