Chapitre 6

13 4 0
                                    

J'engloutis une cuisse de poulet, provenant certes d'une conserve, mais je ne vais en aucun cas faire la difficile à propos de nourriture.

Je ne sais pas quand j'en ai avalé une pour la dernière fois , mais ça doit faire plus d'un an. C'est délicieux. Je contemple la pile de nos réserves de nourriture, elle s'est agrandie pour notre plus grand plaisir. Un ou deux jours après la mission, nous avons fait l'inventaire de nos trouvailles. Nous avons de quoi tenir un long moment, sur tous les points ; médicaux et alimentaires. Dans les denrées alimentaires je compte aussi les graines, des légumes et fleurs, nous devons attendre que l'hiver passe pour les planter mais c'est une superbe avancée. Il y a aussi des munitions, des nouvelles armes ainsi que des objets divertissants comme la radio que j'ai trouvé. On l'écoute rarement et a un volume bas mais c'est toujours ça de gagné, un silence en moins.

Pendant cette excursion , Brooke a également trouvé un jeu de petits chevaux qui trainait dans un tiroir. Nous passons désormais notre temps libre à y jouer. Nous avons tous l'air d'aller mieux, grâce à un semblant de vie normal. On ne s'imagine pas à quel point ce genre de petits objets peut faire toute la différence.

Je me presse, fini mon morceau de poulet à contre cœur et cours dehors ; c'est à mon tour de gérer la garde.

J'inspecte les environs tout l'après-midi. Je fais le tour du cercle inlassablement, je tire sur un sang-froid et je tue un oiseau en vol. Je m'arrête devant la stèle de temps en temps, et j'y dépose une jolie perce neige, Sam les aimait beaucoup.

Plus loin dans la journée, alors que le soleil commence à se cacher, j'entend un cri au loin. Il me tire de mes pensées. Ma vision est réduite, à cause du feu qu'a allumé Jim, il fait tellement froid aujourd'hui.

Impossible que ce soit quelqu'un du camp ; personne n'est allé dans la forêt aujourd'hui. Le cri recommence, cette fois il est plus aigu.

Je continue ma garde en suivant précisément le cercle, les sens en alertes.

Je me tiens droite, le doigt sur la gâchette. Les sang-froids ne parlent pas, ils en sont incapables : au mieux ils poussent des grognements étranges -qui ne ressemblent absolument pas à ce hurlement là-. Le terrible bruit recommence, mais ce ne sont plus des cris, quelqu'un parle.

-AU SECOURS! AIDEZ-MOI!

La provenance de la voix est derrière moi.

Je me retourne, mon cœur bat de plus en plus vite. J'entends des pas.

Ils sont plusieurs et ils courent. Mark et Kai arrivent à mon niveau, eux aussi ont entendu l'appel à l'aide. Quelques mois que l'on a pas croisé âme qui vive et voilà que celle-ci semble être en détresse.

- Qu'est-ce qu'il se passe? me demande mon ami.

- Regarde! m'écrié je alors que je distingue enfin la source de ce raffut.

Je la pointe du doigt.

Un homme avec une petite fille dans les bras et un chien arrivent en courant vers nous. Ils sont poursuivis par un groupe de sang-froid, affamés.

Je soupire, ils reviennent tous dans ce coin de la forêt. On en voit partout autour de nous ces dernières semaines mais ils ne viennent plus au camp en abondance.

Voilà la raison, ils avaient de la chair fraîche à traquer autre part. Je pointe mon revolver en direction des monstres mais je patiente pour ne pas risquer de blesser les humains.

Kai sort son arbalète, Prost ne semble pas comprendre ce qu'il se passe.

Je lui chuchote : "si vous ne partez pas maintenant vous risquez de vous faire dévorer, appelez les autres, on va avoir besoin de renfort."

SacrificeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant