Chapitre 4

432 41 6
                                    


Lena

– Merci Max. À ce soir, lancé-je à mon chauffeur en sortant de la voiture.

Il se contente de hocher la tête, comme si être appelé à l'aube pour venir me chercher dans un hôtel quelconque pour me conduire au travail était la norme. Je grimace en réalisant que ça n'est pas si loin de la vérité. Le nombre de nuits que j'ai passé hors de chez moi la semaine dernière en témoigne.

Je consulte une nouvelle fois ma montre, espérant que l'heure que j'ai vue affichée quelques instants plus tôt était une erreur. Évidemment, ça n'est pas le cas. Sept heures quarante-cinq, je ne suis jamais arrivé si tard à L-Corp. Et tout ça pour quoi ? Mon énervement suite à mon entrevue avec ma mère n'a absolument pas diminué.

Je sors de l'ascenseur d'un pas décidé et m'arrête devant le bureau de ma secrétaire pour la saluer. Elle me tend un épais dossier ainsi que mon emploi du temps du jour auquel je n'accorde aucun regard. Je surprends par contre le sien sur ma tenue ainsi que l'air désapprobateur qu'elle affiche durant une seconde avant de retrouver le visage impassible auquel je suis habituée. C'est l'une des nombreuses qualités de Jess en plus de sa mémoire et de sa capacité de travail : rien ne peut la surprendre. On lui aurait annoncé que le président des États-Unis souhaitait me voir, elle aurait simplement demandé s'il avait rendez-vous.

– Quel est le programme du jour Jess ?

Elle énumère alors les divers rendez-vous et réunions qui égrèneront ma journée. Je lâche un soupir de lassitude. Je suis sur le point de prendre congé quand elle ajoute :

– Mademoiselle Arias vous attend dans votre bureau.

– Quelle surprise ! lâché-je avec ironie.

Évidemment que Sam était dans mon bureau. Elle attend un compte-rendu détaillé. Elle va être déçue. Quoi que, pas autant que je l'ai été.

Je remercie Jess et pénètre dans mon bureau où ma meilleure amie patiente, tranquillement assise sur l'un des canapés, un sachet de donuts posé sur la table basse.

– Alors ? C'est à cette heure qu'on arrive ? J'espère au moins que ça valait le coup ?

Sam, toujours directe... Parfois, comme en ce moment, ça me rend folle, mais c'est aussi l'une des choses que j'apprécie le plus chez elle.

Je m'affale sans grâce sur le canapé et saisis un donut que je prends le temps de savourer avant de répondre.

– Tu pourrais pas être plus loin de la vérité.

– À ce point ?

– Il a passé plus de temps à se déshabiller qu'à s'occuper de moi...

– Non ? Tu blagues ?

Mais devant ma mine défaite, elle comprend que ça n'est pas le cas.

– Donc pas de petite étincelle ?

– Pas vraiment non. Lui, c'était plutôt le genre pétard mouillé...

Nous rions toutes les deux, mais je vois bien la lueur de déception dans son regard. Elle a toujours l'espoir que l'une de mes rencontres déclenche quelque chose chez moi. Que ça ressuscite mon coeur. Malheureusement, je crois que ses espoirs sont vains. Mon cœur est mort il y a deux ans et rien ne changera ça...

– Allez raconte-moi tout. Tu es allé où cette fois ?

– Au Continental. Je suis arrivée vers dix-neuf heures et il était au bar. Il a mis moins de quinze minutes à m'aborder. J'aurais dû me méfier quand il m'a proposé de monter après seulement vingt minutes de discussions.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant