Chapitre 38

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Lena

Une semaine. Cela faisait maintenant une semaine depuis que cet article était sorti. La première conséquence, presque immédiate, a été la rupture de notre projet d'accord avec Medicare. Danny Trent s'est fait un plaisir de mettre fin aux négociations par voie de presse en s'offrant une interview exclusive dans CatCo Magazine. Il n'a pas suffi à James de publier les photos de Kara, il en a rajouté avec cet entretien. Et Trent avait été on ne peut plus clair sur la raison de son retrait : mon homosexualité.

Je n'ai pas réagi officiellement. Je ne le peux pas pour une raison simple et c'est peut-être ce qui m'inquiète le plus : Sam a disparu. Je suis sans nouvelle d'elle depuis déjà dix jours et son arrivée en Asie. Quand j'interroge les interlocuteurs qu'elle devait rencontrer, ils me soutiennent tous qu'ils ne l'ont jamais vu. Quant à Trent, il ne daigne même pas me répondre.

J'ai fini par engager une équipe de détectives sur place qui se sont lancés à sa recherche. Le responsable, John Holmes, vient de m'appeler, pour lui, tout ça ressemble à un coup monté. On a volontairement cherché à éloigner Sam de moi. Mais il n'est pas inquiet pour sa santé. Il pense qu'elle a simplement été mise dans l'incapacité de me contacter. Je n'ai rien dit à personne. Officiellement, la mission de Sam en Asie se prolonge. C'est le discours que j'ai tenu à Ruby, prétextant que sa mère se trouvait actuellement dans une zone où les téléphones captent mal pour expliquer son silence.

L'avantage de tout ça, c'est que j'avais peu de temps pour penser à Kara. Enfin non, disons que je m'interdis de penser à elle. Ça fait trop mal. Comment a-t-elle pu me faire ça ? Me trahir à ce point ? Et surtout, comment ai-je pu me laisser berner comme ça ? Les Luthor m'avaient pourtant prévenu dès que j'étais entrée dans la famille : il ne faut faire confiance à personne.

J'avais cru ses mots tendres, ses promesses d'un avenir commun. Tout ça n'était que mensonge. Je m'en veux d'avoir été aussi naïve.

Mais ce qui me fait le plus mal. Ce qui me met en rage, c'est qu'elle s'est servie d'Adam. Quand j'y repense, je suis à deux doigts de revenir sur ma décision de ne pas lui causer de tort.

Je secoue la tête. Non, je ne dois pas me lancer sur ce terrain plus que glissant. Penser à elle est tout sauf une bonne idée. J'avise l'heure en bas de l'écran de mon ordinateur : 23 h 36. Il est peut-être temps de rentrer.

Depuis ma rupture, mes journées ont repris leur rythme d'avant elle. Teresa ne me dit rien, je le lui ai interdit, mais son regard suffit. Quant à mon fils, il est perdu. Il ne comprend pas pourquoi Kara ne vient plus à la maison.

Quand j'étais revenue de la confrontation, totalement anéantie, mais heureusement anesthésiée par l'alcool que j'avais ingurgité en chemin, je l'avais trouvé avec sa nounou dans le salon en train de faire un puzzle. Il s'était précipité sur moi pour un câlin sans remarquer mon état, contrairement à Teresa qui m'avait adressé un regard interrogatif. Je m'étais contentée de hausser les épaules et j'avais reporté toute mon attention sur mon fils. Mais quand il m'avait demandé :" elle arrive quand Kara ?" J'avais craqué. Mes yeux s'étaient emplis de larmes et je m'étais enfuie vers ma salle de bain. J'étais restée là, prostrée pendant un long moment. Teresa était arrivée et, sans poser de question, m'avait aidé à me mettre au lit.

J'avais espéré qu'une bonne nuit de sommeil me ferait du bien, mais c'était pire au réveil. Surtout lorsqu'Adam, voyant ma tristesse, s'était précipité pour me ramener mon téléphone. Lorsque je lui avais demandé ce que je devais en faire, sa réponse avait failli déclencher un nouveau flot de larmes :" Appelle Kara. Tu es toujours heureuse quand elle est là. C'est normal, c'est ton amoureuse."

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant