Chapitre 6

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Lena

– Lulu, je rentre. On partage la voiture ? me questionne Sam.

Je relève la tête du dossier que je suis en train d'étudier pour découvrir mon amie qui se tient dans l'encadrement de la porte, son manteau sur le dos.

– Pars sans moi. Je dois encore appeler Harvey concernant le dépôt de brevet pour l'Europe.

– T'es au courant qu'à Londres il est, elle consulte sa montre, six heures du matin ?

– Et tu connais Harvey aussi bien que moi. Il est probablement au boulot depuis au moins une heure.

Elle lève les yeux au ciel.

– Le pire, c'est que tu as sûrement raison. C'est la seule personne que je connaisse qui fait plus d'heures que toi, c'est dire...

Elle commence à partir avant de se retourner.

– Rentre pas trop tard quand même...

J'entends la fêlure dans sa voix et ça me serre le ventre. Je ne suis pas surprise de son inquiétude. Plus qu'une meilleure amie, Sam est un peu comme ma grande sœur.

– Promis. Je l'appelle vite fait et je rentre. Ça te va ?

– Je sais que j'obtiendrais rien de mieux de toute façon. Bonne soirée Lena.

– Toi aussi Sam. Embrasse Ruby pour moi.

Elle est sur le point d'ajouter quelque chose mais se retient. C'est inutile, je sais très bien ce qu'elle allait me dire. Nous échangeons un sourire un peu crispé pour ma part et une fois la porte refermée, je me replonge sur le dossier que j'étudiais, tentant d'ignorer la culpabilité que son silence a fait ressurgir. Il me reste encore vingt minutes à attendre avant d'appeler mon collaborateur et je compte bien les mettre à profit.

– Parfait Harvey, c'est du bon travail. Bonne journée.

Il est sur le point d'ajouter quelque chose, probablement une invitation quelconque à dîner, voire plus. Le fait de devoir traverser la moitié de la Terre ne l'arrêterait sûrement pas. Je m'épargne la pénible tâche de le repousser en raccrochant. Il est bel homme et je sais que je lui plais vraiment, il me l'a montré suffisamment de fois. Mais outre le fait que je ne mélange jamais travail et plaisir, je n'ai aucune envie de m'investir dans une relation quelle qu'elle soit.

Je repose le combiné et m'enfonce dans mon fauteuil avant de pousser un soupir de satisfaction. Grâce à ce deal, L-Corp est désormais assuré des droits d'exploitation de l'un de ses médicaments pour toute l'Europe. Les bénéfices, raisonnables, que nous en tirerons serviront à financer de nombreuses œuvres caritatives à travers le monde. Je sais déjà que ça fera grincer les dents du conseil d'administration et de ma mère, mais je m'en fiche. Rectification, concernant ma mère, cet état de fait me réjouit.

Pour une fois, mon père avait fait les choses bien avant de mourir.


Flashback

– Mademoiselle Luthor, comme vous le savez, les termes du testament de votre père sont clairs : en cas de condamnation de vous ou de votre frère, les droits liés aux parts qu'il détient reviennent à l'autre membre de la fratrie.

Six mois s'étaient écoulés depuis que Jack était entré dans mon laboratoire. La veille, Lex, après un procès aussi rapide qu'implacable, avait été condamné à 20 ans de prison. J'avais été convoqué par le conseil d'administration dès le lendemain afin d'entériner la passation des parts qu'il détenait, raison pour laquelle je me trouvais dans cette salle.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant