Chapitre 8

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Lena

Je quitte la salle de réunion plus frustrée encore que quand j'y suis entrée deux heures plus tôt. Ma volonté de rendre certains des traitements conçus par L-Corp gratuits s'est opposée une nouvelle fois à celle du conseil d'administration qui souhaite assurer une marge de bénéfice. Mais je ne suis pas dupe. Derrière toutes ces tracasseries, je reconnais la patte de ma "mère". Heureusement, j'ai finalement pu transiger et les médicaments seront vendus à prix coûtant, sans que l'entreprise fasse de bénéfice dessus. Mais en contrepartie, la liste des pays qui bénéficieront de ces tarifs a été revue à la baisse malgré mes protestations.

J'avance d'un pas vif vers les ascenseurs, fusillant du regard toutes les personnes qui croisent mon chemin. Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je m'y engouffre et appuie rageusement sur le bouton de mon étage. Mais au moment où les portes sont sur le point de se refermer, une main s'interpose, provoquant la réouverture. Je m'apprête à passer mes nerfs sur l'intrus avant de découvrir Sam qui me toise. Elle me rejoint dans la cabine et reste silencieuse jusqu'à la fermeture des portes. Tout dans son attitude traduisait sa fureur : ses bras croisés sur sa poitrine, ses lèvres pincées et par-dessus tout, le regard flamboyant qu'elle m'adresse. Je ne l'ai jamais vue aussi énervée.

Je la vois tendre le bras et appuyer sur le bouton qui stoppe l'ascenseur.

– À quoi tu joues Sam ?

– Il faut qu'on parle et comme ça au moins je suis sûre que tu ne t'enfuiras pas comme tu le fais depuis ce matin.

– Je vois pas de quoi tu parles. J'ai eu des réunions toute la matinée et tu le sais.

– Te fous pas de moi Lena. T'es peut-être la plus intelligente de nous deux, mais je suis la plus maligne.

–Tu es consciente que dans quelques secondes la sécurité va appeler pour savoir ce qui se passe ?

– Ou pas...

Je vois la lueur malicieuse dans son regard. Cette même lueur que j'ai vue tant de fois et qui précède souvent les idées les plus farfelues de ma meilleure amie.

– Ne me dis pas que tu leur as graissé la patte ?

– Alors je ne te le dis pas.

– Sam ! Tu...

– Non. Tu vas m'écouter Lena. Ce que tu as fait ce matin, c'est... J'ai même pas les mots ! T'es ma meilleure amie et je t'aime. Tu souffres, je le sais et je suis la première à compatir. Mais ne le fais pas payer à Adam ! Le pauvre était totalement tétanisé devant l'école. Heureusement que mademoiselle Danvers était là pour s'occuper de lui.

Je l'écoute en tentant de rester stoïque, mais ces mots sont plus tranchants que des couteaux et rapidement, ma carapace se fendille. Elle a raison et c'est pour ça que ça me fait si mal. Je sens les larmes qui menacent de s'échapper de mes yeux.

Sam s'approche et m'entoure de ses bras.

– Là... Pleure, ça te soulagera...

– Comment je vais faire Sam ? À chaque fois que je le regarde...

Je ne parviens pas à finir ma phrase, emportée par un sanglot. Pour toute réponse, elle resserre son étreinte.

Nous restons là un long moment. Moi versant des larmes sur le chemisier de Sam et celle-ci me caressant le dos en guise de réconfort.

Une fois que je suis calmée, Sam s'écarte doucement.

– Tu te souviens de comment c'était avant...?

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant